Chapitre 2: Le dessin

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La pluie ne s'arrête toujours pas! Voilà trois jours qu'il pleut et qu'il vente, moi ça me va. Ce temps correspond exactement à ma météo intérieure mais en plus morose. Moi, le temps que j'ai dans mon corps serait plutôt orienté vers l'orage avec un peu de vent. Oui, vous pouvez aisément deviner que je suis énervée. Encore! Mais cette fois pour une bonne raison, voilà trois jour que je n'ai pas pu sortir, donc que je reste cloitrer dans une maison avec ma grand-mère plutôt bruyante, le chien ne cesse d'aboyer et dans une heure je dois être sur la place du village pour tenir ma promesse... Mais si, rappelez-vous la fête de la vache, au village, petite fête à laquelle je dois me rendre avec Jacob parce que sans cela je ne pourrais d'aucune manière que ce soit récupérer mon dessin. En parlant de ça vous vous demandez sûrement ce qu'il a de si important ce dessin. Pour être tout à fait honnête il est plus honteux qu'important. Sur cette feuille il y a une liste, de caractéristiques masculines, associées à la silhouette de l'homme potentiellement idéal. Et là vous vous dites "oh mon dieu, Amalia la râleuse de première, la fille presque garçon manquée qui rêve de garçons! Mais où va le monde?". Au premier abord cela peut effectivement paraître bête mais c'est loin de l'être. Quand je regarde les garçons de mon âge autour de moi, je ne vois que des boutonneux, rigolant de la même façon que les hyènes, prêts à sortir avec la première greluche venue tant que c'est pour se vider. Certes mais propos sont crus mais au moins près de la réalité.

Hier, le vélo bleu de Jacob s'est arrêté devant le portail de la maison, il nous a dit être venu voir ma grand-mère mais je sais qu'il n'en ai rien. Ce froussard venait s'assurer que demain je vienne avec lui à la fête du village. Je ne vais pas vous cacher j'ai plus d'une fois eu envie de le planter mais je n'en ai jamais eu la force, j'étais bien trop apeurée par l'idée que mon fameux dessin honteux pourrait être vu par tout les gens du village, que cela remonte aux oreilles de ma chère Marceline et donc à celles de mes parents! Alors quand la petite face de rat effrayé de Jacob s'est planté devant moi dans la cuisine pour me poser la question fatidique j'ai était obligé de donner une réponse positive. Bien évidemment, ma grand-mère n'en avais pas perdu une miette et a surgie de la cuisine avec un sourire jusqu'aux oreilles, criant à tout rompre que sa petite fille chérie allait avoir son premier rendez-vous galant. Du grand délire. Elle est tellement sûre d'elle qu'elle m'a donné des conseils beauté, comment je dois m'habiller, ce que je dois dire... Trop barbant. Après qu'elle soit passée par tout les conseils qu'elle ai trouvé, je m'étais levée sans un mot et j'étais montée dans ma chambre, m'endormant presque aussitôt couchée.

Me voilà donc en route pour mon châtiment, pour une durée de deux heures. Je me suis habillée très simplement. Un pantalon noir taille haute et un t-shirt fluide rouge à bordures blanches. Ma grand-mère m'avait proposé de me maquiller alors pour lui faire plaisir j'ai accepté mais juste le strict minimum. Un peu de mascara et un gloss léger. En arrivant devant la banderole d'entrée, je cherche des yeux un ado rouquin avec pourquoi pas un vélo bleu à ses côtés. Il est en effet là, il s'est pour une fois très bien habillé le petit. Une chemise à motif, un short rouge foncé et des petites lunettes marrons. Il me salue et je le rejoins, une bande de copains se tiennent à côté de lui. Ses yeux gris se posent sur moi comme si j'étais la septième merveille du monde, je suis gênée, une fois arrivé à sa hauteur je le tire par le bras, l'entraînant vers le panneau des activités.

- Bon allez, allons voir ce que ce village de fermiers en herbe nous propose, "concours de traite de vaches" pas top, "peinture sur sculpture de vaches" ringard...

-Amalia, je voulais te dire, merci d'être venu, vraiment je suis content qu'on puisse se voir rien que tout les deux.

Je le sens derrière moi, me prendre la main. Mon sang se fige dans mes veines et mes muscles se crispent. Il a perdu la tête ou quoi?

-Je sais que tu es venue juste pour ton dessin et ne t'inquiète pas je te le rendrai mais pour moi ce moment que l'on s'apprête à passer ensemble est bien plus que cela.

Je fais volte-face, confrontée à mes craintes depuis le début: Jacob est bel et bien amoureux de moi, même plus que ce à quoi je m'attendais, c'est pour le moins embarrassant. Je regarde autour de moi à la recherche d'une aide quelconque, quelque chose qui pourrait détourner son attention et nous faire changer de conversation. Le regard alerte et les yeux vif je regarde tout sans exception et soudain je tombe sur un stand de nourriture.

-J'a faim pas toi? Viens il y a un super stand de nourriture là-bas, on en reparlera plus tard si tu veux bien.

Sa bouche se ferme automatiquement et je pars sans lui laisser le temps de répliquer. J'avance à grand pas vers le stand rose bonbon devant lequel une masse de parents attendant les friandises commandées pour leur marmaille. Quand vient mon tour je commande un grand coca et Jacob une pomme d'amour (avec un sourire dans ma direction). Ca me donne envie de vomir. Lorsque la commande arrive, j'enfourne la paille dans ma bouche pour éviter d'avoir à parler avec Jacob. Plusieurs fois il nous fait nous arrêter pour jouer à des jeux tels que le tir à la carabine, le mesureur de force ou encore la pêche aux canards. Au bout du pré dans lequel la fête se déroule  j'aperçois une grande roue d'un blanc immaculé. Je la trouve tellement belle, elle donne l'impression de toucher le ciel et de côtoyer les dieux. Je demande à Jacob d'aller faire un tour, nous montons dans une cabine et l'engin démarre. Je suis tout excitée, c'est la première fois que je monte dans un manège de ce type. Lorsque nous nous arrêtons en haut, j'ai le souffle coupé par tant de beauté. Du vert à perte de vue, en fond on peut distinguer non sans peine un semblant de montagne. Les villageois en bas ressemblent à de minuscules fourmis autour d'un morceau de pain, c'est impressionnant comme point de vu. La roue finie son tour et nous repose sur la terre ferme. J'aime les airs c'est à n'en point douté mais quel bonheur de retrouver un environnement familier. Nous nous dirigeons vers la sortie de la fête, les deux heures de tortures sont finies, pour ma plus grande joie. À la hauteur de la banderole de bienvenue, un charmant jeune homme attire mon regard, j'ai l'impression de le connaître déjà. Il est grand (en tout cas plus grand que moi), les cheveux ébène, des yeux bleus verts et des lèvres rosées qui contrastent avec son teint blafard. Il porte un jean noir déchiré aux genoux, une chaîne à la poche, des baskets noirs, un t-shirt blanc et une chemise ouverte noire par dessus. Mes pensées s'évaporent et mon regard reste fixé sur ce jeune homme que je connais. Mon dessin dans la main, je comprend de suite le lien entre le déjà vu troublant et ce que j'ai dessiné sur cette feuille. Comment est-ce possible?

L'amour est un oiseau rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant