Chapitre 4: La cabane

10 1 0
                                    

Je suis seule, au beau milieu d'une prairie complètement verte, le soleil se réveil tout juste et moi, de mes jeunes yeux j'observe, émerveillée le paysage campagnard aux aurores. C'est un délicieux spectacle qui vaut plus que tout l'or du monde. Depuis ma petite enquête deux semaines sont passées.Mes parents m'ont rendu visite, ils sont venus tout un week-end. Evidemment, Jacob le curieux a passé une journée entière avec nous et n'a pas oublié de leur dire que nous avons fait de la grande roue ensemble à la fête du village... Je lui ai lancé des regards noirs remplis d'éclair ! A cause de lui mes vieux parents s'imaginent tout et n'importe quoi comme par exemple que je suis en couple avec lui. Du grand délire, eux ça les amuse mais moi bizarrement ça m'énerve plus qu'autre chose. Le jour où mes parents sont repartis chez nous, j'ai pris Jacob à part et je lui ai dit ses quatre vérités, il m'a sourit et m'a juste répondu "à demain".

Certains matins je m'interroge encore sur mon mystérieux adolescent mais je sais que je ne le reverrai jamais alors je tue le temps en faisant d'autres choses; je dessine, je contemple la beauté de la nature, je remplis peu à peu les pages de mon cahier pour la psy ( souvent j'écris des choses insignifiantes comme le temps qu'il fait ou la couleur de mes vêtements, voir même je dessine), ces petites activités m'occupe et au moins Marceline n'est pas dans mes pattes toute la journée et son chien non plus !

Les nuages assombrissent le ciel, le vent se lève et s'impose et quelques gouttes de pluie s'écrasent sur ma tête, je ne perds pas un instant et je me mets à courir le plus vite possible pour m'y mettre à l'abri. Tête baissée je fonce vers la forêt, là-bas je sais que je pourrais m'y réfugier, il y a une petite cabane près du lac, il n'y a jamais personne donc je me suis appropriée les lieux. Certes les lieux évoquent les meilleurs films d'horreur mais pour y être allée plusieurs fois je sais que rien ne m'arrivera dans ce coin-ci. Me voilà face à la mansarde, elle est beaucoup plus terrifiante une fois qu'on est face à elle mais qu'importe, je n'ai plus le choix, il pleut trop pour faire demi-tour et rentrer chez Marceline. La porte est lourde quand je la pousse, le vent s'engouffre dans la petite cabane et emporte la porte qui s'ouvre en grand. Tout est sombre à l'intérieur, ça sent le renfermé et l'humidité: je vais vomir. A pas feutrés j'avance et pénètre dans cette habitation de fortune, l'ameublement est très sommaire, on trouve deux fenêtres obstruées par la saleté, une table ronde accompagnée de trois chaises renversées par terre, un porte manteau cassé, un filet de pêche est étendu sur le mur du fond et un lit de camp est déplié sur le côté. Intriguée par la forme qui s'en détache mes yeux se plissent naturellement et mes pieds se dirigent vers le lit, tout mon corps tremble, j'ai peur, la forme que je voyais est celle d'un homme. Que dois-je faire? Et si jamais il s'agissait d'un serial killer ou pire un terroriste ! Non, je divague, il me faut reprendre mes esprits et être réaliste. J'attrape un bâton qui traîne par terre et touche l'homme endormi, il bouge et se retourne de sorte que son visage est maintenant face à moi. L'obscurité de la pièce m'empêche de voir correctement ses traits mais je devine qu'il est jeune, peut-être mon âge ou plus.

Je suis pétrifiée sur place et je n'ose plus respirer. L'homme se réveille et je ne sais pas quoi faire à part rester planter là devant lui bêtement. Intérieurement je prie pour ne pas être tombée sur un déséquilibré. Doucement il prend vie, bouge et fini par se lever. Il est plus grand que moi mais aussi plus maigre. Ses cheveux sont noirs comme la mort et sa peau blanche comme la lumière qui conduit au paradis. Autour de son frêle cou se balance une chaîne dotée d'une croix. Je le regarde et quelque chose m'interpelle, j'ai l'impression de déjà le connaître. Ces cheveux, cette attitude..Lorsque enfin il dirige son regard vers moi, je me sens englouti. Un tourbillon de sensations s'empare de moi et me fait perdre la notion du temps. La puissance de ce bleu me fascine, si bien que j'en oublierai presque de respirer. Il me sourit et engage la discussion.

- Qui es-tu ? On t'a jamais appris que c'est mal de déranger les gens dans leur sommeil et qu'il est très impoli de s'introduire chez eux?

Sa voix est si grave...Cependant elle est douce, envoûtante pas agressive. Je n'arrive toujours pas à me souvenir de son identité: ça m'énerve!

-Euh, excuse moi, il pleuvait comme pas possible dehors et d'ordinaire cette cabane est abandonnée. Je t'assure que si j'avais su je n'aurais pas choisi de venir ici.

Un lueur d'amusement s'alluma dans ses yeux étrangement calme, je ne savais pas si je pouvais rire ou m'inquiéter de cet calme troublant.

-Bah,pourtant le soleil brille dans le ciel, dit-il le regard tourné vers la porte d'entrée. Je sais que je suis beau mais quand même, de là à venir me réveiller façon princesse charmante y a des limites.

Non mais il se fiche de moi celui-là! Cela ce voit qu'il ne me connaît pas sinon jamais il aurait dit ça ! Et en plus il rigole, il perd rien pour attendre.

-Certes c'est de ma faute si tu es réveillé mais dans le noir on ne voit rien et je voulais m'assurer que je n'étais pas tombée sur un mort.

-Ah ah! T'es une petite marrante toi. Je m'appelle Thibault, je suis ici depuis hier, je me suis disputé avec ma tante et je suis parti.

- Moi c'est Amalia, je n'habite pas ici, ce sont mes parents qui m'ont obligé à passer les vacances chez ma grand-mère. Mais dis-moi,j'ai l'impression qu'on se connaît, pas toi?

Il me regarda intensément, quelques secondes qui me parurent des heures, son regard était doux, plein de tendresse et de bienveillance, mais étrangement, moi j'angoissais. Cette connexion qui je sens, nous unie, nous lie, est très forte. Semblable à la puissance d'un lion enfermé dans une cage. Qui est cet inconnu si familier au fond de moi? 

L'amour est un oiseau rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant