Chapitre 5: Un mirage

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Côte à côte, nous marchons. Le soleil est revenu, une légère brise souffle dans les cheveux noirs de Thibault. Ses yeux brillent comme deux pierres précieuses. Il est très attirant pour un gars qui se la raconte. Depuis que je lui ai demandé si il me connaissait , il n'a pas décroché un mot et, quant à la sortie de la cabane j'ai voulu aller dans la direction opposée il m'a retenu par le bras. Voilà comment j'en suis arrivée à marcher à ses côtés dans la campagne environnante sous un beau soleil du mois de mai. Sa présence m'apaise, je me sens un peu plus sereine et en sécurité. Après tout on ne peut pas savoir ce qui peut arriver même dans un village aussi petit . Il est mystérieux. J'ai l'impression qu'il me cache quelque chose et j'aimerai bien savoir ce que c'est. Ce qui me turlupine le plus, je pense, c'est son silence face à ma question. Dois-je prendre ce refus de réponse pour un oui ? Un non ? Je ne sais plus quoi penser. Trop de questions poussent dans ma tête sans que je puisse y répondre. Quand je l'observe, je cherche son regard, en espérant trouver une aide, un signe, quelque chose quoi. Mais ses yeux sont encore plus vides que le corps d'un mort, alors je n'ai pas d'autre solution que de prendre mon mal en patience.

Nous arrivons à la hauteur du pont, là où Jacob avait réceptionné mon dessin lorsque le vent me l'avait emporté. Thibault s'arrête au milieu du pont, son attention totalement dirigée vers le paysage qui s'étend devant lui. La rivière qui continue son chemin, créant un sillon vers le soleil, une porte vers un nouveau monde. Je le rejoins à mon tour et prend plaisir à observer ce splendide horizon. Perdue dans mes pensées je ne sens pas Thibault me dévisager, c'est la chaleur de sa main sur la mienne qui m'extirpe de ma torpeur. Je tourne la tête lentement vers lui, un large sourire fend son visage, ses yeux pétillent de bonheur. Je sens qu'il a envie de me parler mais il n'ose pas. J'ai le sentiment qu'il sonde mon âme, c'est une sensation pour le moins étrange. Sans pudeur nous nous regardons dans le blanc des yeux, il n'a pas l'air gêné, moi si.

- Amalia, je sens en moi un lien qui m'unie à toi. Il est fort, très fort. Je n'arrive pas à savoir ce que cela signifie, mais j'ai la certitude qu'il s'agit qu'une connexion qui me relie à toi. Cela me trouble, dit-il un sourire en coin.

-Pour être tout à fait franche avec toi Thibault, je ressens la même chose que toi. Quelque chose comme un fil invisible m'uni à toi. C'est vrai que c'est très troublant.

Là pour le coup, j'étais vraiment troublée et pour ne rien arranger Thibault soutenait son regard envoûtant à mon égard alors par manque de courage, sûrement, je préférais briser cet instant d'intimité particulier à n'en point douter pour me re concentrer sur le paysage qui s'assombrissait face à nous. Mes pensées couraient vers le soleil qui glissait doucement dans les ténèbres pour laisser place à une nuit étoilée. J'essayais de déchiffrer cette énigme qui se tenait droite, face à moi, me défiant avec cet air de malice. Comment était-ce possible que lui aussi ressente ce lien entre nous? Cela n'avait aucun sens. Et il n'avait toujours pas répondu à ma question ! Thibault était-il un fantôme ou bien se faisait-il passer pour quelqu'un d'autre ? Avait des pouvoirs magiques qui permettaient de lire dans les pensées des jeunes oies blanches comme moi. Oh j'espérais que non, cela aurait été vraiment trop embarrassant . Cela voudrait qu'en ce moment même il suivrait de son côté ma conversation inaudible par une oreille humaine normale. Mais allez savoir, c'est sûrement possible après tout. Prise de panique je sors de ma torpeur, tourne la tête et... personne. Thibault a disparu. Dans le ciel la lune, était haute et la température avait chuté. Mes craintes s'affirmaient-elles ? Non. Impossible. Pourtant, les fantômes n'existent pas, tout le monde le sais.

Sur le chemin du retour, impossible de me sortir cette hypothèse de la tête. Cela me paraît trop invraisemblable pour pouvoir être réel. Quand était-il parti et pourquoi partir sans dire au revoir? Lui qui me parlait de politesse tout à l'heure. Il aurait mieux fait de garder ses conseils pour lui. Il à l'air d'en avoir plus besoin que moi. Cependant , son caractère d'homme froid et lointain ne me déplaît pas. A contrario, il m'attire. En y réfléchissant, il a le tempérament typique du beau gosse dans les films américains. Bon, son nom ne colle pas totalement avec le cliché mais regardez, il est mystérieux, cynique, et ses vêtements sont sombres se qui colle avec son caractère. Par contre, moi, je suis très loin de correspondre à l'image de la poupée américaine vêtue de beaux vêtements colorés, d'un teint de porcelaine, de cheveux d'or proches des rayons du soleil. Non. Je dirais que je suis une copie parfaite de la super copine de la poupée. L'amie qui privilégie l'intelligence à la beauté, qui donne les bons conseils en matière d'amour, alors que le seul amour qu'elle n'ait jamais connu, c'est le personnage principale de la série Netflix qu'elle regarde. Après tout, ce n'est pas si grave. Il en faut des personnes comme ça, non ? Et puis, pourquoi la belle fille de la série ne serait pas plus banale ? Pour enfin coller à la réalité ! C'est vrai quoi, pour une fois la fille commune pourrait être celle qui fait craquer le beau mec de l'école et la fille ultra canon ne serait seulement la bonne amie qui regarde Netflix. A cette pensée, je souris. J'imagine ce que cela pourrait donner. Croyez-moi, cela ne serait pas si terrible que ça.

La nuit est noire comme la mort. Heureusement pour moi, Marceline n'a pas fermée les volets ce qui me permet de me laisser guider jusqu'à la petite maisonnette. Dans ma chambre, je balaye l'espace du regard et reste là à fixer mon dessin trônant sur le bureau. Je m'en approche, l'observe attentivement. C'est toujours le même, rien n'à bougé, ou plutôt si. Mon croquis sourit. La couleur de ses yeux est plus douce. Quand je le regarde attentivement, une étrange impression née en moi, comme s'il me regardait. Un signe m'était adressé par son regard et non par des mots. Retrouverais-je un jour cet homme que j'ai dessiné et qui est apparu sous mes yeux à la fête? Je ne dois plus y penser. Alors pour tenter de faire abstraction de ce dessin, je pris la décision de le plier et de le mettre dans la poche de ma veste. Mais je dû me rendre à l'évidence. En me couchant je ne pus oublier ces yeux d'une douceur et d'un amour inégalé. 

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 30, 2018 ⏰

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L'amour est un oiseau rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant