*Août*
2 août 1997
Désolé, Journal.
Ma vie est si ennuyeuse que je n'ai rien à te dire.OK : je mens.
La vérité est que j'ai la sensation d'être ridicule à écrire sur tes pages, à te parler comme si tu existais et que tu allais me répondre.
Puis, je suis tombé par hasard sur celui de mon frère. Il en a coulé, de l'encre, le frangin ! Mais je n'ai pas eu le temps de lire quoi que ce soit : il me l'a arraché des mains en deux temps, trois mouvements.
Mais c'est pas grave. Je le comprends. Je n'aimerais pas qu'on vienne fouiller dans tes pages et j'ai décidé de te garder sur moi pour éviter que ça arrive.
Parce que, sans l'avouer aux autres, j'aime quand même bien écrire ce que je pense.
Alors, c'est sans aucune honte que je viens noircir tes feuilles en t'annonçant une bonne nouvelle.J'ai gagné !
Il y a deux mois maintenant, le cardiologue m'a autorisé la danse ! Je suis trop content ! Mais ma mère est chiante. Elle n'arrête pas de me couver, comme maintenant.
C'est barbant !
Justement, là, elle est en train de ramasser mon linge sale tout en me disant : « Ne t'essouffle pas trop, Lorenzo. Si tu vois que tu ne suis pas le rythme ou que tu te sens fatigué, on arrête. Lorenzo, tu m'écoutes ? »
Elle s'énerve parce que je suis occupé à t'écrire et je ne lui réponds rien...
J'adore la mettre en rogne ! Puis c'est une juste vengeance puisqu'elle est toujours sur mon dos !
Attention ! Elle joue sa curieuse et essaye de savoir ce que je t'écris !
Je lui ai répondu : « Tout ce qui me passe par la tête, comme le fait que tu es une super maman ! »
Elle s'est simplement approchée et m'a fait un petit bisou sur la joue. Beurk !Le pire, Journal ? C'est vrai.
Même si elle me tape sur le système, qu'elle est trop mère poule, j'ai une super maman. Non, je rectifie : j'ai des parents géniaux.Au décès de mon grand-père, il y a maintenant presque trois ans, mon père a repris la totalité de l'entreprise familiale.
Pour résumer, Journal, Nonno a fondé un hôtel il y a trente ans, puis un deuxième, et d'autres ont suivi dans toute l'Italie. Par son acharnement à toujours vouloir plus et son travail, il a réussi à se créer un nom dans l'hôtellerie, et le groupe hôtelier Contarini a vu le jour.
À la fin de ses études, mon père est venu le rejoindre en commençant en bas de l'échelle. Il est passé par tous les postes : mon grand-père y tenait absolument. Et, quand il a pris de la maturité et de l'expérience, Nonno lui a laissé petit à petit les rênes.
Alors, mon papa a développé le groupe en s'attaquant à l'Europe : il a apporté sa pierre à l'édifice, tout en étant présent à la maison et sans jamais rater une fête de famille ou un anniversaire.
Et, un jour, je voudrais lui ressembler. Être un homme d'affaires et un bon père.9 août 1997
Tu me verrais, Journal, tu me prendrais pour un fou.
Depuis deux heures, je saute de joie dans les quatre coins de ma chambre en criant mon bonheur. Je suis tellement heureux que l'on doit m'entendre jusqu'à l'autre bout de l'Italie.Pourquoi je me mets dans une telle excitation ?
Je m'envole pour la France !Au lieu de passer mes vacances au Palazzo familial où je serais mort d'ennui tellement on se fait chier, je pars avec ma grand-mère !
Chaque été, et depuis tout petit, Raffaele et moi avons toujours accompagné nos grands-parents dans le nord, et plus exactement dans l'Hérault, aux alentours de Béziers.

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Le journal de Lorenzo
RomanceLorenzo Contarini est un homme d'affaire influent, héritier d'un groupe hôtelier. Mais avant d'être cet homme, il a été un petit garçon, un ado. Le jour de son anniversaire, pour ses treize ans, sa grand-mère lui offre un journal. Au début septique...