Chapitre 6

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* Juillet*

6 juillet 1998

Tu vois, Journal, c'est ça, les vacances.
Piscine, console, les copains, et surtout... les grasses mat' !

Je me couche à pas d'heure et me lève tard. Alors que mon frère, lui, doit se lever pour bosser !
Maintenant qu'il est majeur, papa veut qu'il travaille au moins un mois ou deux sur l'été.

Je revois la tête du paternel quand il lui a dit : « Raffaele, tu bosseras cet été avec moi ; tu as une préférence ? » ; et ce con a répondu « Le fauteuil de directeur ». Mon père est resté stoïque tellement il ne s'y attendait pas. Puis il a rigolé aux éclats avant de dire : « J'ai un poste tout trouvé pour toi ». Il avait un sourire un peu trop content de lui : j'ai tout de suite compris qu'il lui préparait un truc vachard !

Depuis une semaine, mon crétin de frangin porte l'uniforme de groom : sa tâche principale est de monter les bagages des clients.
Tu le verrais, Journal, dans son costume à la Spirou !
Maman le trouve mignon ; moi, je trouve qu'il a l'air d'un abruti.

En fait, même habillé normalement, c'en est un.

Alors je perds pas une occasion de me foutre de lui ! En fait, je prends n'importe quel prétexte pour aller voir papa à l'hôtel et pouvoir l'humilier un peu devant les autres clients en lui donnant des ordres comme si j'étais un client ! Je vois bien qu'il enrage, mais il peut rien dire devant les clients : papa le tuerait !

Vengeance minable, je sais.
Mais je ne le supporte plus ! J'en ai marre !
Il est toujours en train de me rabaisser, même devant mes potes.
Surtout devant eux, en fait.

Encore hier après-midi !

Depuis quinze jours, les copains viennent à la maison au moins deux à trois fois par semaine. Maman préfère : ça l'arrange. C'est elle-même qui le dit : c'est plus pratique pour me surveiller et m'avoir à l'œil.

C'est ma matonne, la matrone.

J'en ris jaune devant les potes, mais je lui dis pas en face. Ça lui ferait trop de peine.
Elle a peur pour moi, je sais bien.

Hier, donc, et l'autre con.
Nous avons passé une bonne partie de la journée dans l'eau. La piscine, c'est idéal avec cette chaleur.
Nous nous sommes éclatés : plongeons, baignade, bataille... Bien sûr, sous le regard vigilant de Mama. En plus, j'avais pour la première fois invité à la maison des filles : Emilia et Olivia.
Au début, c'était un peu bizarre. J'avais jamais mélangé les potes et mes copines. En plus, en maillots de bain... Tu vois, quoi ? On avait du mal à pas mater, quoi !
Enfin. Une fois dans l'eau, on s'est habitués et on s'est bien marré.

Ouais, des barres de rire !

Sauf que ce lourdaud de Raffaele est arrivé et il a plombé l'ambiance. Il était un peu sur les nerfs — sûrement à cause du départ de sa meuf qui est partie en vacances avec ses parents. Il venait de lui dire au revoir.

Anna ! La prochaine fois, emmène-le dans ta valise ! Là, ça aurait été de vraies vacances ! Pour moi, en tout cas !

Enfin bref. Dès qu'il nous a rejoints, tout a été prétexte pour me descendre et me charrier devant mes potes. Il m'a foutu la honte ! Non, pas à cause des gars : ils ont l'habitude ; mais devant les deux copines.

Le journal de LorenzoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant