*Novembre*
2 novembre 1998
Les jours, les semaines... et les mois sont passés sans venir écrire. Je pourrais te dire que c'est le manque de temps, ou que ma vie est si ennuyeuse qu'il n'y avait rien d'intéressant à raconter. Mais non, c'est toute autre chose.
Journal, j'ai eu tout simplement la flemme.
Je suis un gros flemmard !
Papa le dit.
Mama le dit.
Raffaele le dit.
Et même ma grand-mère.En fait, il n'y a pas que la flemme : je suis aussi dégoûté.
Ou plutôt énervé ?
Les deux, peut-être.Qu'est-ce que j'ai ?
Je crois qu'Olivia me fait la gueule.
Pourquoi ?
Je n'en sais rien, car elle m'évite.Au début, elle annulait un samedi sur deux, avec toujours une bonne excuse. Un jour, elle partait en week-end avec ses parents, un autre c'est de la famille qui venait chez elle, ou alors elle était malade. Et, il y a deux semaines, Olivia m'a annoncé qu'elle arrêtait nos rendez-vous de danse. Elle n'a donné aucune raison : elle m'a lâché ça et est partie en me laissant comme un con au milieu du parc.
Et, depuis, quand nous sommes avec la bande, elle est distante. Même les copains m'ont demandé ce qui se passait.
Mais si je savais !
J'ai beau réfléchir et chercher, je ne comprends pas.La dernière semaine des grandes vacances, juste avant la rentrée, on s'était retrouvés chez moi. J'avais invité ma petite bande de potes, les filles, Umberto et sa sœur. Ils ont tout de suite tous sympathisé. Et ce que je redoutais n'a pas eu lieu. Emilia, toujours cramponnée au cul de mon frère, qui lui se morfond car Anna l'a quitté. Olivia ne s'est pas rapprochée d'Umberto et était plutôt comme d'habitude avec moi ; elle avait l'air même contente de me revoir. Les copains, eux, n'ont eu d'yeux que pour Monica : ils l'ont suivie partout, surtout Sandro. C'était drôle de voir mon pote jouer le chien en rut. J'espère que je n'ai pas la même tête que lui quand je suis près d'Olivia, limite la langue pendante et la bave au coin de la bouche, comme un dalleux du sexe.
Non, ce jour-là, je n'ai rien fait pour qu'Olivia ait cette réaction. Je n'ai même pas parlé de Céline et de notre French kiss devant les filles : j'ai attendu qu'on soit entre mecs. Umberto a même dit : « C'est dégoûtant la première fois, mais tellement excitant... comme le sexe ».
Et, au moment où on allait lui poser tout plein de questions, les nanas sont revenues.Avec les copains, on s'est sentis minables !
Le gars a le même âge que nous et il a déjà trempé sa saucisse.
Je l'envie. Il a trop de chance.
Mais, dès que j'ai eu l'occasion de me retrouver seul avec lui, un autre jour, je lui ai posé un million de questions.En fait, c'est tout récent : à peine un an. Il a eu plusieurs relations avec des filles de notre âge, et une plus âgée de 5 ans. Ouais, Umberto est sorti avec une meuf de 19 ans ! Et c'est avec elle qu'il a le plus appris.
Il a aussi compris pourquoi sa première fois a été un désastre.
Ils étaient vierges tous les deux, voulaient savoir ce que ça faisait, et donc il a sauté le pas avec une copine qui était aussi curieuse. Il m'a avoué qu'il s'était focalisé sur les sensations qu'il ressentait avec sa bite, et que ça avait été très vite, presque plus rapide qu'une branlette.Apparemment, c'était pas top, cette première. En tout cas, « pas mieux que de se tripoter tout seul », selon ses propres mots.
Mais ça fait peur !
Parce que, malgré le fait qu'il y est allé tout doucement et que la nana le voulait, elle a eu mal, et il y a eu du sang. Sa manière de me le raconter ressemblait à un vrai film d'horreur.
Finalement, je ne suis pas pressé.En fait, si !
Je veux voir et sentir par moi-même.
Et comme Umberto m'a expliqué que c'est normal la première fois pour les filles, il vaudrait mieux que ma première fois se passe avec une meuf qui a de l'expérience, comme avec celle de 19 ans.
À en croire ses dires, il a pris son pied malgré le stress de ne pas être à la hauteur. Elle lui a fait des trucs, et lui aussi... Journal, j'ai fait mine de savoir de quoi il me parlait, mais je suis allé voir dans un dictionnaire. Et, depuis, je ne pense qu'à ça.
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Le journal de Lorenzo
DragosteLorenzo Contarini est un homme d'affaire influent, héritier d'un groupe hôtelier. Mais avant d'être cet homme, il a été un petit garçon, un ado. Le jour de son anniversaire, pour ses treize ans, sa grand-mère lui offre un journal. Au début septique...