CHAPITRE MIS À JOUR.
Je regarde la montre en cuir rose poudré que j'ai autour du poignet et vois qu'il n'est que seize heures vingt-deux. J'ai encore le temps avant de finir mon service et pouvoir procrastiner à la maison. Je soupire, ennuyée et prie pour que je ne sais quelle force ou divinité m'accorde le don de pouvoir accélérer le temps. Je ne me souviens pas où je suis allée pêcher l'idée brillante de prendre un travail durant l'été au lieu d'aller à la plage avec mes amies. La météo est magnifique depuis des semaines et je serais la seule à me retrouver aussi blanche qu'un cachet d'aspirine en entrant à la fac. C'est du joli !
Il n'y a pas un rat dans ce café, excepté ce papi au fond, assis à une table qui est un habitué. Les minutes passent, combien, aucune idée, mais c'est affreusement long. Je suis debout avec un plateau vide dans les mains, à attendre comme une cruche qu'on me passe commande.
Un groupe de deux femmes entre et nous salue chaleureusement, le patron et moi. Encore des habituées. Elles s'asseyent à leur place sans difficulté - bien évidemment - puisque pratiquement toutes les tables sont libres. Mon chef s'attèle à leur préparer deux cappuccinos. Elles commandent toujours la même chose, ce qui est mortellement ennuyant, mais chacun ses goûts. À force de bosser ici, je ne peux plus encadrer le café. Ne m'en proposez pas où je risque de vous cracher à la figure !
J'avance vers le comptoir avec mon plateau et pose les deux tasses dessus lorsque j'entends le tintement de la clochette, la porte s'ouvre. Je ne me tourne pas pour voir de qui il s'agit, j'ai déjà une tâche à accomplir, autant ne pas foutre les pieds dans le plat. J'ai la fâcheuse tendance de renverser du café par-ci par-là.
J'attrape mon plateau des deux mains, m'assurant que les mugs ne se mettent pas à tanguer. Mon patron me jette un œil confiant avec un grand sourire et je le lui rends. Je fais volte-face et à ce moment-là catastrophe ! Il m'échappe des mains quand je heurte quelque chose - ou plutôt quelqu'un - ce dernier ne tarde pas à marmonner des jurons de sa voix grave et je devine un client mécontent. Oups !
Un fracas me tinte dans les oreilles, et c'est là, ma deuxième connerie de la journée. Je vous l'ai dit, je suis une pro du service ! Je me précipite à genoux pour ramasser les deux tasses brisées, sans même prêter attention à la personne dans laquelle je suis rentrée. Je me saisis du premier morceau et lève les yeux pour découvrir des prunelles marron très foncé qui me jettent un regard à la fois froid et curieux. Et merde ! Je sens que je vais prendre cher.
Je me relève avec le fragment de mug dans la main, virevolte furtivement en direction du comptoir pour attraper la pelle à balayette que le patron me tend. Je lui adresse une mine contrite. Espérant sans doute qu'en lui faisant mon plus beau sourire, il ne me retira pas ces deux tasses de mon maigre salaire. Quelqu'un derrière moi se racle la gorge et je sais d'ores et déjà que le client que j'ai percuté est toujours là, à attendre... des excuses.
— Ce n'est pas tous les jours qu'une fille se met à genoux devant moi sans que je ne lui aie demandé, dit-il, graveleux. C'est bien beau de ramasser la merde qui traîne, mais tu comptes faire quoi pour les taches que t'as laissées ? ajoute-t-il.
Des gloussements emplissent les lieux et je ne sais plus où me mettre. Il pourrait quand même être moins dur. Ce n'est que du café, ça va oh, ce n'est pas la mort ! Je n'ai pas le temps de m'excuser qu'il enchaîne.
— Oh ! T'es sourde ou conne ? Nettoie-moi ce chantier et excuse-toi ! braille-t-il.
Et voilà qu'il nous chie une pendule !
Mon patron affiche un air pincé et je jette enfin un œil vers le type qui a une mine contrariée. Il est grand, brun, de petites taches marquent son tee-shirt blanc. Il ne fallait pas porter de blanc ! Bon, ok, je sais que je suis en tort, mais quand même, de là à partir en vrille comme ça, il faut complètement être barré. Puisqu'il a quasiment mon âge, je prends la mouche, il se croit malin en m'insultant, je compte bien ne pas me laisser marcher dessus. Il y a d'autres façons de faire pour montrer son mécontentement, insulter les gens n'en fait pas partie. Je suis une serveuse, non une chienne !
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Pour mieux te détruire. © [ÉDITÉ ]
Romance/!\ roman qui contient des scènes explicites. SEULS LES 17 PREMIERS CHAPITRES SONT EN LIGNE. LE ROMAN EST PARU UNE PREMIERE FOIS EN MAISON D'EDITIONS, PUIS CELLE-CI A FERME. ET LE VOICI AUTO-EDITE SUR AMAZON EN EBOOK ET BROCHE. LE TOME 2 ET 3 SUIVRO...