Chapitre 42. Au bout du rouleau

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🎶Christopher 🎶

Mon regard se perd sur la contemplation de la ville tandis que l'avion amorce sa descente sur Milan. Quinze jours, que nous bourlinguons de ville en ville. Oslo, Helsinki, Dublin, Madrid... En deux semaines, nous avons parcouru l'Europe. J'en ai ma claque. Nous sommes épuisés, nous n'avons pas pu nous poser depuis notre départ d'Argentine. Les cernes sous mes yeux indiquent clairement mon manque de sommeil et un coup d'œil vers les mecs me suffit pour comprendre qu'ils sont dans le même état de fatigue que moi. Erick est mon reflet. À nous deux, nous cumulons un retard de sommeil impressionnant. Lui, comme moi, n'arrêtons pas de penser à ce que nous avons laissé derrière nous. Luna et Alyana. Les deux sources de nos bonheurs doivent à l'heure actuelle nous haïr et on ne peut pas leur en vouloir.

Une fois sortis de l'avion, nous nous dirigeons vers la douane et les portiques de sécurité. Après avoir passé toutes ces formalités, nous nous retrouvons à l'extérieur de l'aéroport. Comme toujours, je suis à la traîne. Des jours que j'essayent de trouver un moyen de contacter ma Luna, mais rien à faire. Pablo est constamment sur mon dos, il me suit comme un petit chien. Même pour aller aux toilettes, c'est le parcours du combattant.

— Vélez, tu te bouges ! crie Pablo juste devant mon nez.

— Ferme-la ! répliqué-je.

Pablo s'approche de moi prêt à régler le problème. Nous sommes en confrontation permanente depuis quinze jours. Il m'a cherché, et bien, maintenant, il m'a trouvé. Je me poste devant lui. Lâchant ma valise, je le regarde avec mépris. Putain, crois-moi mon pote, je vais te faire payer pour tout ça. Si ce n'était pas pour mon métier et les gars, j'aurais déjà tout lâché.

— Tu avances et tu te bouges ! m'ordonne-t-il.

— Je ne suis pas ton chien Pablo ! rétorqué-je, violemment, tu vas te calmer ou je t'en colle une.

— Tu crois que tu me fais peur avec ton air de star ? Sans moi, tu ne serais rien.

— Je suis déjà un meilleur homme que toi ! craché-je, avec haine. Et puis, réfléchi un peu... C'est plutôt toi, qui ne serais rien sans nous !

Il s'avance encore et je fais pareil m'apprêtant à aller au clash, mais la main de Zabdiel sur mon bras me retient.

— Pas ici Chris ! Ça pourrait dégénérer, me murmure-t-il.

— C'est ça Chris, écoute ton pote !

Un grognement m'échappe alors que je saisis la valise et contourne cet abruti. Je me fais un plaisir de le bousculer au passage. Mon bagage atterrit sans ménagement dans le coffre du mini bus quant à moi je file m'installer sur le siège du fond avant de foutre ma capuche sur ma tête et de remonter mes lunettes sur mon nez. Il faut que j'essaye de dormir.

Après avoir récupéré le pass de ma chambre, je pars sans dire un mot. Dans le couloir, Pablo vocifère, mais ça m'importe peu. Il peut hurler tant qu'il veut, je n'en ai rien à foutre. Qu'il aille se pendre ce con. J'entre dans la chambre deluxe de cet hôtel quatre étoiles. Bah, dis donc, quelle élégance. Ma valise finit dans un coin et mon sac termine sur le fauteuil dans l'angle près de la fenêtre. Mes mains tiennent ma tête et je bascule en arrière sur mon lit. Je suis au bout du rouleau et à deux doigts de craquer.

De la poche de mon pantalon, j'extirpe la photo qui me permet de tenir. Je scrute son visage et des larmes perlent aux coins de mes yeux. C'est tellement dur. Et savoir que par-dessus le marché, elle doit me détester, ça me bousille de l'intérieur. Je me redresse et attrape mon sac à dos, duquel je sors une des dix lettres que Luna m'a écrites, il y a des années de ça. Je me réinstalle sur le lit et déplie précautionneusement le bout de papier.


Volverte a Ver - T.1 {CNCO} // TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant