À vélo je me sens toujours plus libre. Le vent qui s'engouffre dans mes vêtements, mes yeux qui pleurent légèrement sous l'agressivité de l'air qui me fouette le visage...
Arrivée à l'adresse indiquée, je consulte mon portable. Pas d'appel de la maison. Tant mieux.
Je descend de ma bécane et marche à ses côtés pour arriver finalement devant un immense portail tout de fer forgé. Les volutes créent des circonvolutions élégantes d'argent, l'ensemble massif étant surplombé par une armée de flèches dressées haut dans le ciel.
Derrière, un chemin traverse la forêt et laisse entrapercevoir les pierres d'une vieille bâtisse éclairée artificiellement. On est bien loin des maisons du quartier toute plus modernes les unes que les autres.
J'appuie sur l'interrupteur et attend. L'angoisse me guette.Coupant court à mes élucubrations, une voix masculine répond, paniquée :
- Nous n'achetons rien !
- Bonsoir, je suis une camarade de classe de Marie ! Elle m'a invité à venir chez elle ce soir.
Un silence.
- Ah. Charly c'est cela ? Je vous ouvre.
Un clic et je peux enfin pousser le lourd portail. Enfourchant à nouveau mon vélo noir, je sillonne le petit chemin. Face à moi commence à se dresser les murs lézardés de la maison. Ou plutôt devrais je dire du château. Un de ces petit bâtiments rescapé des temps passés tout en pierre blanche, sans aucune tour mais dont l'imposante construction ne laisse nulle place au doute quant à la classe sociale de ses initiaux occupants.
Des lanternes sont accrochées à l'entrée juchée en haut de larges escaliers et des projecteurs sont disséminés tout autour de la bâtisse, mettant en valeur l'abondant lierre qui parcoure l'édifice. Je n'avais nullement connaissance d'un tel trésor caché à quelques kilomètres de chez moi.
Sur le perron, la porte de bois laqué s'ouvre et cède la place à un jeune homme de haute taille, aux cheveux en bataille. Habillé à l'ancienne mode -d'aucuns qualifieront sans doute d'hipster- l'inconnu me toise derrière ses petites lunettes rondes étincelantes. Sa redingote ocre prend des tons mordorés sous les lumières des projecteurs, s'assortissant à merveille avec ses cheveux blonds. Le frère de Marie ?
- Bonsoir, excusez moi de vous importuner à cette heure ci, je ne connaissais pas le coin.
- Ce n'est rien, on aime à s'excentrer par les temps qui court.
Il me gratifie d'un sourire poli.
- Je t'en prie, entre. Marie est dans la cuisine. Tu peux poser ton vélo dans l'entrée.
J'acquiesce, grimpe les marches et le suit, non sans avoir déposé mon encombrant bolide à l'endroit indiqué.
Là, j'hallucine.
Si l'extérieur est tout à fait impressionnant, ce n'est rien comparé à la richesse de la décoration d'intérieur. Pour sûr, ils ont du faire appel à un professionnel. J'ai déjà vu ce genre de choses se faire dans une émission télé. Je n'aurais jamais assez d'une vie pour acquérir tout ce luxe!
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Charly au pays des enfers
HorrorConnaissez-vous le conte d'Alice au pays des merveilles? Nul doute que la réponse soit positive. Mais saviez-vous que la légende est bien différente de la réalité? On raconte que le pays des merveilles n'est plus ce qu'il fut jadis. Aujourd'hui c'e...