Chapitre 8- Un vague souvenir

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*

Après un rêve des plus étrange je me réveille. Une idée persiste cependant. Il s'est passé quelque chose hier. Quelque chose de grave et effrayant. J'en suis certaine. Alors pourquoi n'en ai je qu'un souvenir confus ?

En rassemblant mes esprits, les paupières fermées, je tente de me remémorer la veille. Je me vois ainsi grimper l'échelle, le souvenir de la sensation glacée sous la paume de mes mains m'arrache un frisson déplaisant. Mais après ? Après que s'est il passé ? Qu'ai je vu ?

Ouvrant enfin les yeux je reconnais les murs de ma chambre. Sortant peu à peu de mon demi sommeil, le doute s'immisce lentement. Bien des questions se bousculent mais aucune ne trouve de réponse satisfaisante.

Hier soir je n'étais pas chez moi. Et il s'est passé quelque chose. Mais quoi ?

*

Le week end passé sans aucune nouvelle de Marie, je profite de la journée de cours pour me ruer sur elle. Assise à sa place habituelle, elle contemple le paysage qu'expose la fenêtre. Un fin rayon de soleil éclaire ses épais cils blonds, projetant une ombre délicate sur ses cernes noircies.

La tirant de sa rêverie, ma main frappe le bureau.

- Il faut qu'on parle.

Ses grands yeux à la pureté insolente me toisent de haut en bas, comme surprise que je lui adresse la parole. Le doute s'empare à nouveau de moi. Et si j'avais rêvé ? Ne serait ce pas plus génant de l'admettre ? Je réfute cette hypothèse. Je ne suis pas folle, j'ai été chez elle il y a quelques jours encore j'en mettrais ma main à couper. Je n'ai pas les preuves mais...


- De quoi veux tu parler ?

- De ce qu'il s'est passé chez toi.

- De quoi tu parles ? Tu n'es jamais venue chez moi.


Ma plus grande crainte se réalise: qu'elle puisse nier. Dans ce cas comment prouver ma bonne foi ? Bluffer ? Mentir n'a jamais été ma spécialité. Continuer à la cuisiner ? Peut être finira t elle par se trahir. Je choisis la seconde option. Me montrant d'avantage insistante, Marie s'exaspère.


- Ecoute je ne vois pas pourquoi j'aurais invité qui que ce soit dans cette classe et encore moins quelqu'un comme toi.


Mon cœur se brise. Il fallait qu'à l'instant où elle profère ces paroles, Hélène et sa bande débarquent dans la salle. Un silence pesant s'installe. J'entend quelques ricanements derrière moi. Le spectacle doit être effectivement délectable, Charly la moche qui se fait rembarrer par la coqueluche du lycée.

Je baisse la tête. Meurtrie et rouge de honte, je regagne ma place, les yeux rivés au plancher.


- Alors Charly ? On trouve pas d'amis ?


Les longues jambes d'Hélène moulées dans un jean, s'imposent à moi, aussi arrogantes et enviables que leur propriétaire. Je les déteste ces jambes. Je voudrais les lui ôter pour les exhiber fièrement à la vue de tous.

Jetant un coup d'oeil à Marie, celle ci est repartie à ses contemplations peuplées de mystère. La garce. L'humiliation je m'y suis habituée. Mais m'avoir fait miroiter une possible amitié pour finalement ça ? Quelle injustice.

Charly au pays des enfersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant