Une fois le repas terminé, son père nous congédie et mon hôte me guide jusqu'aux larges escaliers menant aux chambres. La sienne est somme toute particulièrement élégante. Un grand lit à baldaquin trône au milieu de la pièce, recouvert de draps et d'oreillers rouges rubis. La large fenêtre qui donne sur la cour du château ne possède pas de volets mais d'épaisses teintures grenat. Des livres sont dispersés partout dans la chambre, créant un joli désordre littéraire et une grande armoire, digne des contes de Narnia, s'encastre dans un coin. Mais c'est le miroir au dessus de la vieille cheminée condamnée qui capte mon attention parmi tous. Un miroir immense encadré de dorures très XVIII ème siècle. Du style clinquant comme on n'en fait plus. J'eu déjà l'occasion d'en voir des similaires en brocante mais aucun n'eut un tel cachet. Le cadre d'or, surmonté d'un élégant motif représentant un lapin et un pion d'échec- une tour- me rappelle le célèbre conte de Lewis Caroll. Je souris à cette référence évidente et anachronique. Sans être experte, ce miroir me semble être une reproduction améliorée de ce qu'il se faisait autrefois.
- Magnifique n'est ce pas ?
- Splendide. Où l'as tu eu ?
- Un héritage de famille.
Perplexe je me tourne vers elle.
- Dis moi Marie, qu'est ce que fait ton père dans la vie ?
- Il est ... C'est un homme d'affaire ! Il travaille dans l'import export.
Je prenais un air entendu. Evidemment, il fallait au moins ça pour acquérir toute ces belles choses.
- Veux tu voir mes esquisses ?
J'acquiesce, la flamme mesquine de la haine reprenant ses droits dans mes entrailles.
Orgueilleuse et souriante, Marie se dresse sur la pointe des pieds, sautille, et descend des papiers froissés du dessus de son armoire massive. Elle me les tend et je les examine d'un air soucieux, traquant les erreurs à mon tour. Mes pulsions vengeresses se retrouvent confrontées bien vite à la frustration.
Rien.
Pas un seul défaut dans son trait.
Marie oscille entre les portraits proches de photographies mais dont les décors floraux dénotent, apportant à l'ensemble une véritable originalité, et les esquisses de femmes nues, proches des esquisses de maitres que j'avais vu dans des livres à la bibliothèque. Me voilà officiellement jalouse...
J'essaie malgré tout de n'en rien laisser paraître et scrute fébrilement le trait fin. Ses personnages pourraient prendre vie sous mes yeux maintenant que cela ne me rendrait pas plus surprise.
C'est terriblement injuste de tout avoir.
- Ils sont ...intéressants...
- Intéressants ? Tu veux dire parfaits oui.
La garce. J'ai peur qu'elle ne devine mon trouble. Je feins alors mon sourire le plus hypocrite. Sourire que me rend Marie mais qui semble bien plus triomphant et sincère que le mien.
Je décide de changer rapidement de sujet.
- On peut mettre de la musique ?
Je tourne vivement la tête à la recherche d'une chaine hifi ou d'un ordinateur.
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Charly au pays des enfers
TerrorConnaissez-vous le conte d'Alice au pays des merveilles? Nul doute que la réponse soit positive. Mais saviez-vous que la légende est bien différente de la réalité? On raconte que le pays des merveilles n'est plus ce qu'il fut jadis. Aujourd'hui c'e...