Soirée

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La semaine était passée à une vitesse folle : Martin avait reprit ses marques dans l'établissement et Yann avait été là pour l'accompagner. Les rumeurs persistaient mais semblaient réduire petit à petit. Peut-être que les élèves avaient compris la gravité leurs actes ? Non Martin n'y croyait pas une seconde. Ils s'étaient simplement trouvé d'autres sujets de conversation : les rumeurs viennent aussi vite qu'elle ne s'en vont parfois. Tout simplement.

Le soleil était de sortie aujourd'hui. Et malgré le froid de l'automne, Yann se sentait bien. Il avait toujours préféré le froid à la chaleur. Il lui rappelait son enfance à Chambéry, les jeux dans la neige et les pistes de ski. 17h50. Ce même soleil qui avait rendu cette journée agréable s'était couché. Il ne restait plus que le froid et la noirceur de la nuit. Les deux hommes étaient rentrés chez eux après cette journée de cours et s'étaient mis à cuisiner en ce vendredi soir :

- Tu me rappelle pourquoi on doit faire ça ? dit Yann en rigolant.

- Parce que j'ai envie de crêpes point barre. Ça fait tellement longtemps que j'en ai pas mangé !

Le plus vieux était penché au dessus du robot pâtissier posé sur le comptoir de la cuisine. Il essayé bien malgré lui de casser des œufs sans perdre de coquille dans la préparation. Le malheureux n'avait jamais appris à cuisiner et avait encore moins eu l'envie de le faire en vieillissant.

- Non mais ta mère ta même pas appris à casser des œufs sérieusement ? Mais comment tu faisait quand t'étais tout seul ?

Martin était tordu de rire devant l'air effrayé qu'affichait son compagnon. Il tenait les œufs à bout de bras, comme si l'un d'eux allait lui exploser en pleine figure.

- Bah heu c'est à dire que j'ai jamais vraiment cherché a cuisiner aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours acheté des plats tout fait ou alors des sushi des trucs comme ça...

La coquille qu'il tenait en main s'était totalement désintégrer.

- Ohlala t'es vraiment pas doué, attend je vais te montrer, dis le plus jeune tout en rigolant de plus belle.

Martin vint se coller dans le dos du poivre et sel et guida ses mains, au plus grand plaisir du quarantenaire.

- Ok alors tu tape juste un ou deux petit coup et ensuite tu vois t'appuis avec tes pouces comme ça et...voila ca va tout seul tu vois !

Yann se retourna pour plonger son regard dans celui de Martin.

- Tu penses que tu pourras faire les autres comme un grand ou tu vas encore les désintégrer ? Parce que je te rappelle quand même qu'on en a que 6 et que sinon t'iras en racheter toi même mon vieux Yannou.

- Oh bah d'accord je vois que tu crois en mes talents de cuisinier, ça fait plaisir !

Les deux hommes se mirent à rire puis se prirent dans les bras l'un de l'autre. Ce simple geste avait le don de rassurer Yann comme Martin. Avoir l'autre dans ses bras. Toucher sa peau. Sentir son parfum. Passer sa main dans ses cheveux. C'est tout ce dont ils avaient besoin : savoir l'autre présent.
En un claquement de doigts Yann lacha son étreinte de Martin et attrapa une poignée de farine qu'il jetta au plus jeune.

- Ah ok tu le prends comme ça ? Tu veux vraiment une bataille de nourriture parce que je te préviens aux Etats unis y'en avais tous les jours dans mon collège !

Le quarantenaire lanca une nouvelle poignée de farine, dirigée cette fois ci vers les cheveux du professeur d'anglais.

- Ok je prends ça pour un oui !

Martin attrapa le premier aliment à sa portée et le lanca a son compagnon. Un oeuf vint s'éclater en plein milieu du sweat shirt du quarantenaire, bouche bée. La guerre était déclarée et derrière leurs sourires aucun des deux hommes ne voulaient lâcher avant l'autre. Ils se couraient après comme des enfants, l'un essayant d'attraper l'autre. Yann réussi finalement à bloquer Martin dans un coin de l'appartement et lui éclata un oeuf dans les cheveux. Les deux hommes éclatèrent de rire.

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