LA REINE D'EDERN

Chapitre 1: L'arrivée

C'était l'été et Emma déambulait dans les rues de Londres. Elle n'avait pas beaucoup d'amis et depuis la mort de sa mère, elle se sentait encore plus seule qu'elle ne l'était déjà. Pour combler le vide qu'elle éprouvait, elle avait pris l'habitude de faire une longue promenade chaque soir après son travail.

Elle marchait le long de la Tamise, non loin de la grande roue, et décida de s'arrêter pour regarder la rivière qu'elle trouvait si belle, les lumières de la ville se reflétant sur l'eau sombre. Pour Dieu sait quelle raison, ce soir-là lui semblait encore plus triste qu'à l'ordinaire, c'est pourquoi elle avait choisi pour flâner cet endroit plein de touristes venus faire un tour sur la roue. Elle pensait ainsi se sentir un peu moins seule, sauf qu'en réalité, c'était tout le contraire. Comme elle observait les gens s'amuser, rire et profiter pleinement de la vie, son sentiment de solitude n'en fut que renforcé. Elle décida alors de rentrer chez elle et rebroussa chemin pour se diriger vers la station de métro de Westminster. De là, elle prit un train vers Embankment, puis un autre en direction d'Hampstead, où elle habitait.

À sa sortie de la station de métro, elle traversa le passage piéton, tourna à gauche sur Heath Street et s'arrêta au Tesco pour y faire quelques courses. Ses achats terminés, elle prit une rue sur la droite de Heath Street puis tourna une dernière fois sur Holly Walk, la rue dans laquelle elle habitait. Elle marcha encore une bonne centaine de mètres avant d'arriver devant une petite barrière qu'elle poussa, pour ensuite traverser l'allée et ouvrir la porte d'entrée. Elle habitait une jolie maison, confortable, qu'elle avait héritée de sa mère après qu'elle soit décédée.

Dès qu'elle fut rentrée, elle alla prendre une douche et se mit en pyjama avant de s'étendre dans son fauteuil pour regarder un film en buvant une tasse de thé et en mangeant des brownies qu'elle venait d'acheter au magasin. Car tout le monde sait qu'il n'existe rien de plus réconfortant que du gâteau et une boisson chaude, n'est-ce pas ?

Environ une heure plus tard, la fatigue commença à se faire ressentir, alors elle décida d'éteindre la télévision et d'aller se coucher. Comme il faisait chaud dehors, elle avait ouvert la fenêtre pour laisser l'air frais de la nuit entrer dans sa chambre mais à peine venait-elle de s'installer confortablement qu'un chien commença à aboyer dans la rue. Elle soupira, prenant son oreiller qu'elle colla à ses oreilles en se retournant dans son lit. Mais les aboiements ne cessèrent pas et, énervée, elle se releva pour aller fermer la fenêtre afin de ne plus les entendre. Finalement, elle réussit à trouver le sommeil.

Cette nuit-là, elle fit un bien curieux rêve. Un inconnu l'emmenait loin de chez elle, la portant dans ses bras comme si elle dormait, et tous deux empruntèrent des chemins qu'elle n'avait jamais vus auparavant.

Lorsqu'elle se réveilla, elle crut être encore en train de rêver, ne reconnaissant pas la chambre dans laquelle elle se trouvait. Un peu comme quand on rêve que l'on rêve...

« Qu'est-ce que... ? » se dit-elle en regardant tout autour d'elle.

La chambre était plutôt petite, un banc était placé devant une cheminée sans feu, à droite se dressait une grande garde-robe, tandis qu'à gauche, sous la fenêtre, se trouvait un coffre recouvert d'étoffes luxueuses.

Emma se redressa et s'assit dans le lit à courtines, admirant la jolie chambre où elle était.

« Quel drôle de rêve, » pensa-t-elle.

Elle s'étira et sortit du lit pour s'habiller. Lorsqu'elle ouvrit la grande garde-robe, elle fut à peine surprise d'y trouver de nombreuses robes médiévales, toutes plus belles les unes que les autres. Elle n'avait que l'embarras du choix et en prit une au hasard. Après l'avoir enfilée et attaché les ceintures, elle fut émerveillée par la douceur du tissu et la beauté du vêtement. La robe était en soie bordeaux, une ceinture allant du dessous de la poitrine jusqu'aux hanches et l'autre, posée par-dessus la première, était croisée dans le dos et nouée par un double nœud plat avec un cordon qui pendait presque jusqu'au sol. Pour la première fois de sa vie, Emma se sentait bien, comme si elle venait enfin de retrouver ses racines.