Rouge comme ses lèvres

Un

 Mes yeux s'ouvrent lentement et je commence à discerner le plafond de ma chambre et ma petite lampe blanche. Je me frotte les yeux, baille, m'étire et regarde ma montre.

 Il est dimanche douze octobre, huit heures. Comme tous les dimanches, je vais rester chez moi, jouer aux jeux vidéos, regarder la télévision... Oui, moi, Anaïs Bouldevar, suis une grosse flemmarde, surtout le dimanche. Enfin passons.

Une amie m'a envoyé un message cette nuit. Je le vois au "il y a trois heures." J'y jette un coup d'œil, Rien d'important.

  Je n'ai pas très faim mais je vais quand même prendre un petit déjeuner. Tout les jours, c'est la même chose: Le soir je meurs de faim et le lendemain, plus aucune envie de manger! Mais je sais qu'un bol de chocolat me redonnera l'appétit.

  Enfin hier soir, je n'avais pas très faim... 

  Je m'habille et sors de ma chambre, direction la salle de bain. Le parquet grince et le silence de mon appartement me fait un peu peur, parfois. Je traverse le couloir et ses quelques meubles après avoir allumé la lumière. Bizarrement, celle ci ne marche pas très bien... Je devrais changer l'ampoule.

Je passe devant la chambre d'amis, une autre porte fermée qui donne sur un placard et quelques meubles avec des vases.

La lumière clignote un peu, ça commence à m'énerver !
Un bruit dans le mur me fait sursauter mais je me rappelle que des souris vivent ici aussi, malgré mes multiples tentatives pour les enlever.

Mon pied heurte quelque chose, c'est un bout de parquet qui s'est légèrement enlevé du sol! Je suis sûre que c'est par là que se faufilent les souris...

Sérieusement !  Vivement que j'achète une maison ! Cet endroit tombe en ruines!
Je passe devant un vieux tableau représentant un masque blanc et arrive à destination. Le tableau m'a toujours fait peur, mais c'est un cadeau de ma mère... A cause d'elle, je n'ose plus aller aux toilettes la nuit.

 Je baisse la poignée et entre dans la salle de bain, avant de pousser un cri de stupeur! Je reste figée devant ce que je vois sur le miroir..

<<Tu verras, ça finira jamais...>>

  Écrite au rouge à lèvre, cette phrase fait froid dans le dos. Mais... Qui? Comment ça a pu arriver là ? Je vis seule ! Je reste figée face à cette trace rouge qui dégouline légèrement.

  D'un coup je reprends mes esprits, mes jambes tremblent, j'ai envie de hurler. Je recule, me cogne contre un meuble, J'ai du mal à respirer et je finis par me réfugier dans ma chambre. C'est... C'est impossible! 

  Je réfléchis un instant, plaquée contre le mur à côté de la fenêtre. Peut être qu'on m'a fait une mauvaise blague? Peut être que je rêve? Je me pince. Non, je ne rêve pas, c'est bien réel. 

  Il faut que je me raisonne, après tout, ce n'est que du rouge à lèvres, c'est pas comme si c'était du sang.

 Rien que de penser à ce mot, une boule se forme dans mon ventre et j'étouffe presque. Non, non, c'était du rouge à lèvres. Juste un peu de rouge à lèvres...

<<Tu verras, ça finira jamais...>>

Qu'est ce qui ne finira jamais?

  Arrête de te poser des questions Anaïs! Un peu de courage!

  J'ouvre la porte de ma chambre avec fracas et entre dans le couloir. Tiens? Je ne me souviens pas d'avoir éteins la lumière... Après tout, je suis partie tellement vite... 

La porte de la salle de bain est encore ouverte et, tout à coup, je m'arrête, j'ai peur de voir quelqu'un. Le silence me glace le sang. J'aurais du mettre la radio ! J'ai l'impression d'entendre quelqu'un respirer mais ce n'est sans doute que mon propre souffle.