Prologue

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Le moins que l'on puisse dire, c'est que j'ai passé une journée étrange. Je serais incapable de la juger bonne ou mauvaise, ce serait plutôt ce genre de journée durant laquelle tout vous pousse à vous sentir étranger de votre propre vie. En passant le pas de la porte de mon appartement ce soir là, j'ai senti que quelque chose tapis dans l'ombre allait surgir. En fait il a resurgi. Roulé en boule en bas de ma penderie, un t-shirt bleu marine en coton, tout ce qu'il y a de plus basique, à la différence que celui-ci appartenait à mon ex. C'est fou comme l'assemblage de morceaux de fils peut vous faire vous replonger dans des événements que vous pensiez révolus. Les moments que nous avions passés lui et moi ont brutalement refait leur apparition et ont eu la puissance d'un électrochoc. Que s'était-il passé durant tout ce temps ? Mes pas presque robotiques me menèrent à la salle de bain et sous la chaleur de la douche, je repensais avec amusement à la jeune serveuse du cosy bear café qui avait frôlé le drame en menaçant de m'ébouillanter suite à une perte d'équilibre. Par chance, un autre serveur est arrivé à temps pour la rattraper. Je pense que ce brave jeune homme est mon ange gardien. C'est en tout cas ce que m'a dit mon amie Prya en riant après cette catastrophe manquée. Plutôt maladroite cette petite serveuse. Mon ex, lui, m'a appris à tenir face à des coups, il m'a aussi enseigné comment me relever, seule, sans béquille. C'est du moins ce qu'il me murmurait lorsque je n'en pouvais plus.

En me préparant pour aller dormir, j'observais une dernière fois l'objet de mes pensées. Mes yeux noisette passèrent tour à tour du t-shirt à mon portable, j'hésitais. Ce n'était pas une bonne idée. Ce fut pourtant après ces muettes paroles que je décidais de m'emparer de mon téléphone et de chercher le numéro maudit. Tout en me mordant la lèvre inférieure, j'écrivais nerveusement :

« Salut Nath, je viens de

retrouver un de tes anciens

t-shirt, tu devrais le récupérer.

Tiens-moi au courant. »

Sa réponse ne se fit pas attendre et je n'eu aucun mal à comprendre que je venais de faire une erreur. Je m'allongeais avec un soupir, non sans imaginer les gros yeux de Prya lorsque je lui apprendrais mon exploit. Puis fermant les yeux, je me laisser aller à la douceur d'une odeur dont j'ignorais la provenance. Une odeur de café et de chocolat, un parfum rassurant à peine perceptible qui suffit à m'ouvrir les portes du sommeil.

[Hyun]Château ambulantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant