Les voix qui me parviennent sont confuses, comme troublées par un brouillard auditif. Je ne comprends pas le sens que je suis supposée leur donner, mais je sais qu'elles en ont un. Je sais aussi qu'elles conversent à mon sujet. Ou plutôt, qu'elles s'époumonent à mon sujet. Finalement, les cris finissent par s'éteindre pour laisser la place à de nouvelles voix. Leur timbre est plus doux, mais plus inquiétant. Je suis effrayée à la pensée qu'elles puissent ne jamais en finir, mais elles aussi disparaissent.
Rien n'est éternel.
Cette pensée est liée à quelque chose, un évènement qui se refuse à jaillir des tréfonds d'une mémoire qui me paraît perdue à jamais. Pendant un fugace instant, il me semble que le souvenir est sur le point de revenir, remonter à la surface. Mais de nouvelles voix mettent fin à l'espoir qui m'a envahi le temps d'une respiration.
Respiration.
Cette idée est essentielle, j'en suis convaincue, mais là encore, les voix empêchent ma réflexion de durer. Des mots sans forme ni sens, des phrases sans queue ni tête s'enchaînent près de moi. Une sonorité m'est familière. Elle semble couler dans mes oreilles avec plus de fluidité que les autres. Elle fait parvenir à mon cerveau un mot que je ne comprends pas. Ou alors que je ne comprends plus. Un concept qui, je le sens au plus profond de mes entrailles, est d'une importance cruciale. Un concept que je n'arrive, malgré toutes mes tentatives, pas à saisir. Deux syllabes anodines mais capables de faire endurer à n'importe qui de terribles souffrances.
Coma.
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Le sang n'est rien
Short StoryBérénice n'aurait jamais remis en question l'éducation qu'elle avait reçue de l'homme qui l'avait sauvée. L'homme qui lui avait offert foyer et famille alors qu'elle avait à peine de quoi survivre. Mais Bérénice n'est plus. La femme étendue sur ce l...