P R O L O G U E
J'ai besoin de sucre
«Mais on ne gratte jamais une blessure immédiatement, on attend qu'elle cicatrise.» Maxime Chattam
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«Je ne crois pas que nos vies soient aisées. Et je ne crois pas qu'elles soient courtes, ce sont des interludes.» Frank Ocean, dans sa chanson "We All Try".
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<< [...] La vie a plusieurs facettes.
Parfois un cadeau, parfois un fardeau ; elle est rythmée par les pleurs, les cris de joie, les doutes, les cauchemars, les éclats de rire, les déceptions, les disputes, les souffrances, les embûches, les ambitions, les rêves brisés, les échecs, les réussites... Un mélange détonnant dans un monde absolument en harmonie.
Chacun en a sa propre vision, en fonction de ses principes, de son éducation, de ses goûts, de ses croyances, de ses qualités... En fonction de qui il a été, de qui il est, de qui il voudrait être.
Certains tuent, créent des guerres pour posséder le pouvoir et imposer leur vision aux autres. D'autres décèdent en adhérant aux idées de tel ou tel camp. D'autres encore restent partagés...
Tous oeuvrent pour leurs convictions, à leur manière, et moi je survole tout cela.
Car au final personne n'a raison et tout le monde a tort.
Si ce monde est si diversifié, c'est pour que chacun puisse choisir, pour que chacun en ait une opinion qui lui ressemble.
La vie est indéfinissable et c'est dans cela que réside toute sa beauté.>>
- Extrait du "Journal d'un homme heureux"
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Tous deux regardaient le ciel au même moment, à minuit, se trouvant pourtant dans deux lieux différents.
Cette heure, cet instant éphémère et magique à contempler la pâle lumière de la lune, les rapprochait autant qu'il les éloignait ; sans qu'ils le sachent.
Dans l'obscurité et dans un silence reposant, ils oubliaient tout ce qui n'était pas la Voie Lactée et ses merveilles. Les problèmes de chacun disparaissaient et les barrières de la société s'effondraient dans le calme nocturne, ne laissant que deux personnes parmi tant d'autres, deux âmes apaisées par la quiétude de la nuit, admirant ces inaccessibles diamants vivants qu'étaient les étoiles.
Durant quelques secondes, plus rien ne comptait. Rien... Rien à part cet immense et magnifique univers qui s'étendait au loin.
Le temps s'arrêtait.
Puis, à 00h01, aux quatre coins de la ville, des rires fusèrent à nouveau en ce vendredi soir, des cigarettes s'allumèrent, des cris fusèrent, des regards s'échangèrent...
Brisant ainsi cette pause dans cette vie qui passait trop vite. Et leur retirant cette chaleur réconfortante qui les avait enveloppés, semblable à une agréable présence humaine, une invisible compagnie ; coupant court aux rêveries et les ramenant à la réalité.
Alors chacun retourna a sa routine quotidienne et ses occupations comme si rien n'était, dédaignant un peu la valeur du moment précédent et s'arrachant au sentiment de sécurité qui les avait envahis.
Comme s'ils voulaient se rappeler que ce ne serait pas éternel, que la vie continuait et qu'espérer ne servait à rien.
Ils désiraient la même chose mais, selon eux, cela n'avait aucune importance, comme tout le reste.
- Oh, putain, s'exclama l'un d'entre eux en sortant enfin de sa chambre, j'ai besoin de sucre.