Voir se produire le scénario que je m'étais malgré moi tant imaginé me clouait sur place.
Il y avait autant de chance de croiser à nouveaux son chemin que je me mette à aimer les galettes de millet ou que Godru s'initie à la couture. Mais aussi improbable que cela puisse paraître, elle était là.
Comme piqué au vif, je lâchais froidement sa main gelé. D'un bras crispé d'appréhension, je dégageais les commodes et autre meubles qui obstruaient encore l'entrée de la chambre.Je pris conscience que j'avais la bouche béante et la referma aussitôt. Elle n'avait pas changé. J'empêchais un sourire trop pressant de m'imprégner.
Comme dans mes souvenirs, elle était ma parfaite inverse. Mes longs cheveux noir et gras juraient avec les siens blancs comme la neige. Propriétaire d'un corps robuste et épais sculpté par la guerre, ma taille frôlait les deux mètres. Elle, fine et de petite de taille, dégageait une intense fragilité qu'il était dur de ne pas vouloir combler. Ses deux mains innocentes pouvaient tenir dans l'une de mes poignes.Je basculais la dernière commode et remarquais enfin l'effroi qui infestait ses yeux. Il me fallait comprendre que ce n'était pas par choix qu'elle se terrait ici. Lana m'avait laissé le souvenir d'une femme forte, mais cela n'empéchait pas la crainte de la faire trembler.
L'expression de Nathaniel était tout aussi ahurie que la mienne lorsqu'il comprit l'improbable.
- Merci messires.. Chuchota t-elle d'une voix faible, accompagnée de quelques claquements de dents.
Messires..? Un pincement m'effleura l'estomac.
Elle s'éclaircit la gorge, et reprit sur un ton qui se voulait plus pressant.
- Merci de vôtres aide, vous êtes bien aimables messieurs.Messieurs..? Cette fois ses mots me transpercer quelque part au niveau des tripes. Une boule d'épines se bloquait dans ma gorge, impossible à déloger. J'avais beau avoir libéré plus d'âme que je ne pourrais jamais compter, j'étais encore capable d'avoir la naïveté d'un enfant. Elle ne me reconnaissait pas. Ma désillusion était puéril, mais cela n'empêchait pas mon rythme cardiaque de s'emballer.
- J'imagine qu'on est tous pressé de sortir n'est ce pas? Initia t-elle plus pressante, dirigeant à moitié ses mains en direction de la sortie. Peut être du à mon silence malaisant.
Je ris jaune intérieurement. Je ne m'attendais pas à une accolade empressé, un baiser, ou que sais-je mais.. D'accord il s'était passé plusieurs mois depuis notre "rencontre" mais.. de la à cette froide indifférence. Je n'arrivais pas a me faire à l'idée qu'elle ne me reconnaissait pas et restait silencieux.
Peut être était-ce juste le choc. Me rassurais-je. Peut être ne connaissait-elle que trop bien ce qui arrivait aux femmes dans pareil situation. Le viol avait toujours été de pair avec le chaos. Je n'étais donc qu'à moitié surpris de la voir effleurer le manche de sa rapière face a mon mutisme.
D'autant plus que mes yeux se trouvaient dans l'incapacité de se détourner d'un papillon tatoué sur sa hanche découverte. Tout comme ses couloirs ce tatouage ne m'était pas inconnue et j'eus le droit à quelques flash-back croustillant. Un souvenir que de toute évidence, j'étais le seul à partagé.
Mes pensées devenaient instables. Je dissimulais au mieux une colère qu'elle ne semblait en aucun cas chercher à comprendre. Elle était simplement.. indifférente. Un bruit sourd plus intense que les autres en provenance de la chambre où était enfermé la femme mi-morte mi-vivante me rappela l'urgence.Ce fut Nathanael qui brisa le silence et se présenta d'une voix chaude et rassurante.
-Soldat Nathanael mademoiselle! Il n'y a plus rien à craindre ici pour l'instant rassurez-vous. En effet il est temps de sortir d'ici! annonça t'il d'un ton pressant en omettant consciemment de me présenter, par peur de blesser l'égo qu'il me connaissait.
VOUS LISEZ
Jusqu'à l'os
FantastiqueLa campagne Symerienne se termine sur une note sanglante. Nul chant de victoire ne perce les rangs. Autour d'un feux de camps, Mav, comme toujours assez silencieux, ne porte d'intérêt qu'aux paroles de Nathanael et n'écoute que d'une oreille les pal...