Chapitre 2

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La prof de littérature parlait, mais je n'entendais rien. Je savais juste qu'on parlait de Candide. Mais sérieusement, je n'avais que faire d'un livre que j'avais lu deux fois et qui à la fin nous disait de cultiver notre jardin. Moi c'est mes méninges que je devais faire travailler. Tout le monde allais savoir qui j'étais, mais là maintenant c'étais impossible. Putain si ma mère apprenait ce qui venait de ce passer. Elle se moquerait bien de moi, avant de prendre ma défense. Mais je n'étais plus un petit garçon qui courait se réfugier dans les jupes de sa mère. J'étais grand, j'avais un cerveau, et j'allais m'occuper d'eux. Pour l'instant, j'allais laisser les congés passer. A la rentrée, tout allait changer. Comment procéder, là était la question.

- Mr Salvatore, je vois que mon cours est passionnant.

Je levais les yeux vers la prof qui se tenait juste devant moi. Je ne l'avais même pas vu avancé.

- Désolé Madame.

- Oui oui c'est ça. Pouvez-vous me dire ce qu'enseigne Pangloss ?

Je fronçais les sourcils.

- Pangloss ?

Elle aurait eu une autre personne que moi. Elle savait que j'avais toujours de bonne note à son cours, et en générale, elle évitait de me poser des questions sur le cours parce que je crois qu'au plus profond d'elle même elle savait que je connaissais la réponse. Et Pangloss ? même en dormant.

- Oui monsieur Salvatore, Pangloss. Ou vous allez me dire que dans vos rêveries vous avez oubliez de lire Candide, et que vous ne savez pas qui est Pangloss.

Toute la classe était encore focalisée sur moi. Et tout le monde s'attendais à ce que je me plante encore une fois. Elle enleva ses lunettes.

- Je vous écoute.

- Pangloss dis-je sans même bégayer, enseignait la métaphysico-théologo-cosmolo-nigologie. Il pensait que les choses ne peuvent être autrement : car, tout étant fait pour une fin, tout est nécessairement pour la meilleure fin.

Elle me regarda un instant, puis remit ses lunettes et s'éloigna. Je pensais qu'elle en avait fini.

- Et vous, pensez vous qu'il ait raison ?

J'avais lu ce livre et je savais que ni Pangloss ni Martin n'avait raison. J'avais fini par le comprendre la cinquième fois quand ma mère me faisait reprendre mon résumé.

- Non madame. Rien n'est parfait et à sa place dans ce monde. De la même manière que toute chose et toute personne a un rôle à jouer dans la société, mais finalement ça nous appartient à nous de décider. De plus, il y a des choses qui sont à des places qu'elles ne méritent pas. Cela dit, il nous faut cultiver notre jardin, si non nous tombons très vite dans le vice, l'ennuie, et le besoin, et certains même tombent dans la facilité.

- Très bien, vous au moins vous avez lu et aimé ce livre.

- Euh, non, pas vraiment, dis-je en marmonnant. C'est juste que, c'est la troisième fois que je lis ce livre, et que malgré moi il est bien dans ma tête.

- Comme vous voudrez, dit-elle en souriant.

Après ça, j'étais tranquille tout le cours. Elle ne m'adressa même plus un coup d'œil. A la fin du cours, David vint me voir à ma place. Il s'assit sur ma table.

- Hé mec, comment tu as lu Candide trois fois ? je te savais louche mais pas à ce point.

Je souris.

- en fait, ma mère nous oblige à lire des livres et à faire leur résumé. En échange, on a dix dollars par livre. Donc j'ai lu candide une première fois et j'ai fais le résumé, mais quand je lui ai rendu, elle m'a dit que je n'avais rien compris et que je devais le relire et faire un autre résumé. Et puis cette année on l'avait en cours, du coup je l'ai relu pour me rappeler.

- N'empêche tu es suspect.

Il jeta un regard dans la classe, et baissa d'un ton.

- tu as conscience de ce qui ce passe non ? à l'heure qu'il est tout le lycée est au courant que tu t'es fais largué.

- Wouais je sais.

- Je t'avais prévenu que ça allait mal finir. Et c'est mal fini, très mal même.

- Oh, mais qui t'a dit que c'est fini ? lui demandais-je en souriant. C'est mal me connaitre. Ça ne fait que commencer. Je crois que ça ne sert plus à rien. Ma mère avait raison. Maintenant tout le monde va savoir qui je suis.

- Humhum. Quelque chose me dit que ce sera intéressant. Je parie que les caisses vont sortir.

- Wai.

- Mais en attendant mon pote, tu es la risée du lycée. Les vidéos circulent déjà.

J'inspirais un grand coup, puis expirais. La journée allait être vachement longue.

Le plus difficile dans tout ça, ce fut la cantine. Tout le monde me regardait. David n'avait pas menti. Les vidéos circulaient aussi vite que le TGV. J'en avais vu trois, toutes filmées sous des angles différents. Même ceux qui ne me connaissaient pas, à présent me connaissait. Le plus difficile c'était les moqueries. Ils ne s'en cachaient même pas. Je me fis une promesse. Chelsea allait subir la même chose, et pire encore.

J'étais juste pressé que cette journée s'achève. Je commençais à en avoir assez. J'allais péter les plombs. J'étais dans un tel état de frénésie que lorsque la sonnerie de la fin du dernier cours retentit, je fus le premier à sortir de la salle. Je me dirigeais direct vers mon casier pour récupérer mes livres et tous mes cahiers. Tout ce dont j'aurais eu besoins pendant les congés. Je vidais entièrement mon casier.

Au moment où je refermais la porte de mon casier, quelqu'un était derrière.

Je fronçais les sourcils. C'était une fille de ma classe.

- Oui ?

- Heu... désolé... je... j'ai vu que tu étais... pardon...

Elle secoua la tête avant de se reprendre.

- Je m'appelle...

- Samantha Jenkins, dis-je en souriant. On est dans la même classe. Alors je sais comment tu t'appelle.

- Euh. OK. Je tenais juste à te dire que c'est vraiment moche ce que Chelsea a fait. Elle n'aurait pas du faire ça, tu le mérite pas.

Samantha était rousse, avec les yeux bleus, et de très longs cheveux qui lui arrivaient à la taille. On aurait dit une berbère du Maroc. Elle n'était pas une cheerleader, mais elle en avait le corps. Je me demande comment. Et elle traînait avec deux autres filles. On avait discuté que rarement, mais c'était une élève brillante. Et à ce moment là, elle était complètement sincère avec moi.

- Merci, c'est gentil de ta part. mais faut pas trop t'inquiéter pour moi, ça ira.

Oui ça allait aller.

- Hé mec t'es toujours là ? t'es sorti tellement vite que j'ai cru que tu étais déjà parti.

C'était David.

- Non pas encore, je discutais avec Samantha.

- Oh merci Samantha de l'avoir retenu pour moi, dit-il en lui serrant la main.

- Tout le plaisir était pour moi, dit-elle avec un sourire.

Et je ne l'avais pas remarqué, mais elle avait un sourire sincère et magnifique qui illuminait tout son visage.

- Allez mon pote, dis David. Je suis ton chauffeur commit d'office. Je serais bon pour l'enfer si je te laissais faire ton trajet en skate après une journée pareil, et pas la peine, ça me fait plaisir. Allez vient, ajouta-t-il en me tirant sans me laisser le temps de répondre.

- Passez de bonnes vacances, dit Samantha avec un sourire timide.

- Merci dit David.

- Merci, toi aussi passe de bonnes vacances, dis-je en souriant à mon tour.

On ne me prêtait plus autant d'attention qu'au début. La joie de partir en vacance avait supplanté tout le reste. Et ce n'était toujours pas mieux. Moi j'avais l'impression que tous les projecteurs étaient braqués sur moi.


VENDETTAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant