Chapitre deux

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Le petit village d'Ellesmere, situé dans le Nord du Shropshire, dénombrait à peine 3000 habitants, et était parfaitement calme à l'heure actuelle. La vaste campagne qui l'entourait également. Un peu à l'écart, à environ une demi-mile du village, un petit hameau était dissimulé par les collines et les bois environnant, si bien qu'il semblait coupé du monde.

Le Soleil était levé depuis quelques heures et atteindrait bientôt l'apogée de sa course à travers le ciel. Un vent tiède soufflait paresseusement sur les champs et sur les grandes étendues d'herbes et d'arbres alentours, les oiseaux chantaient joyeusement, les chevreuils arrachaient des touffes d'herbe grasse qu'ils mâchaient tranquillement, les rongeurs grignotaient quelque racine ou quelque germe, ne craignant pas leurs prédateurs félins qui, par un temps pareil, préféraient flemmarder au Soleil plutôt que de leur courir après.

Le troupeau de daims qui vivait dans la forêt environnante paissait tranquillement dans une prairie dégagée, éloigné des plaines par le mur naturel que formaient les arbres. Aussi ne réagit-il pas lorsque la quiétude des pâquis vola en éclat.

En à peine une seconde, les oiseaux s'envolèrent, les mulots décampèrent, les lapins détalèrent vers leurs terriers, les campagnols disparurent entre les plus hautes herbes, et les chevreuils bondirent dans les sous-bois.

Au milieu de toute cette agitation invisible pour qui ne sait pas regarder, deux hommes venaient d'apparaître sur l'unique sentier qui reliait le hameau au village. Le premier, petit, embonpoint, le crâne parsemé de quelques touffes de cheveux poivres, tenait fermement le bras d'un second, grand, squelettique, au moins moitié plus jeune que le premier, et qui arborait pourtant de longs cheveux gris de poussières et une barbe de même couleur.

Le Soleil, sa lumière, sa chaleur.

Le vent, ses arômes, sa fraîcheur.

La campagne, ses bruits, sa grandeur.

Ces sensations frappèrent Drago de plein fouet alors qu'il apparaissait sur un chemin de graviers. Il redécouvrait tout cela après sept ans d'enfermement. Ce choc fut pour lui si brutal qu'il en eut des vertiges, et manqua de s'écrouler. Tremblant d'émotions, il jeta un regard circulaire autour de lui, dévorant du regard chaque centimètre carré du monde qui s'offrait à ses yeux. Il s'étonna de n'apercevoir aucune habitation à proximité. Une onde de folie le traversa, et il se demanda un instant si les foyers qui accueillaient les prisonniers pouvaient êtres des foyers animales.

Uitiosus l'empoigna par le bras pour le tirer à sa suite dans la direction opposée.

Le Serpentard retint un hoquet de surprise. Devant lui, dissimulée par d'imposants arbres aux branches tombantes, se dressait une maison de taille considérable, faite de pierres claires et rehaussée d'un toit sombre, aux gouttières soulignées de vigne vierge et entourée de hauts murs de pierres blanches. Cernée par les bois au Sud et à l'Ouest, et par des collines herbeuses au Nord et à l'Est, la demeure semblait isolée de tout autre habitation humaine, si ce n'était le sentier sur lequel se trouvaient les deux hommes, et qui permettait de la relier au village situé plus bas.

Uitiosus le lâcha lorsqu'ils arrivèrent à hauteur d'une grille de fer noire. Un petit boîtier était accroché contre un des piliers, surmonté d'un petit bouton sur lequel il appuya avec hésitation.

Rien ne se produisit. Le directeur pressa à nouveau l'interrupteur. Au même moment, une elfe de maison apparut derrière la grille et les dévisagea silencieusement. L'observation était réciproque, puisque c'est avec stupéfaction que les deux hommes remarquèrent que l'elfe était habillée.

Mais pas d'une vieille tais d'oreiller miteuse.

Simple et léger, fait de coton, un T-shirt pour enfant lui servait de haut, tandis qu'un petit short, pour enfant également, lui recouvrait l'aine et les jambes jusqu'aux genoux.

Projet de liberté sous tutelle de SerpendorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant