Jayden

Mon portable affiche 10h 30 lorsque les roues du jet frôlent le sol californien. J'ai passé une majeure partie du vol à alterner entre dormir et regarder des films aléatoires sur l'écran de télé en face du canapé. Néanmoins, rien n'a changé : je me sens toujours autant fatigué et sur les nerfs. J'ai essayé de me convaincre que venir ici était la seule solution, voir même que c'était un avantage, mais rien n'y fait. Je sais pertinemment que c'est faux. Sans me lancer un regard, je vois le pilote sortir de sa cabine, et pousser la porte pour ouvrir le jet. Les volets des hublots sont tous restés fermés. Autant dire que quand la porte s'ouvre et que les rayons du soleil s'invitent à l'intérieur, je sens mon crâne et mes yeux me faire souffrir. Franchement, je ne peux pas rester ici jusqu'à ce que James m'appelle à l'aide ? Parce que je sais que ça va être le cas dans peu de temps.

Je me relève nonchalamment et attrape mon sac qui n'a pas bougé depuis New York.

Pour la 5ᵉ fois de la journée, j'essaie de me motiver, histoire au moins de faire bonne figure devant mon nouveau supérieur qui doit sûrement m'attendre. C'est peine perdue. Quand j'ai les nerfs, il n'y a plus qu'à prier pour que ça se calme rapidement. Or, c'est loin d'être le cas ici.

J'enfile des lunettes de soleil, sortie de mon sac, et m'avance jusqu'à la porte. James, j'espère que tu m'a pas refilé un casse-couille comme patron temporaire sinon je vais vraiment finir par craquer. En descendant les quelques marches de l'avion, je jette un coup d'œil à l'aéroport, enfin, si on peut appeler ça un aéroport. Autour du jet, il y'a une piste encerclée par trois voir quatre hangars tous fermés et eux-mêmes entouré d'une forêt qui s'étend à perte de vue. L'endroit est fermé par un grillage assez haut, mais qui au vu de la rouille a largement fait son temps. Moi qui pensais atterrir au moins à Los Angeles et être un minimum entouré de modernité, c'est visiblement l'inverse. Bordel, ce désert sans bâtiment m'angoisse déjà. J'ai vraiment l'impression qu'on me fait une farce.

Un peu plus loin, face au jet est garée une Audi R8 noir, sur laquelle un gars portant des lunettes noires y est adossé. Le pilote de l'avion vient lui serrer la main et tous deux ne peuvent pas s'empêcher de sourire comme des imbéciles en se parlant. Visiblement, je suis le seul emmerdeur qui n'a pas envie de respirer la joie de vivre dans ce trou à rat. Le regard de l'inconnu se fixe sur moi dès que j'ai fini de descendre les marches. J'imagine que ce gars est un chauffeur, étant donné qu'il est loin d'avoir la carrure des membres de la Confrérie. Très loin même. Ce qui veut dire que le boss d'ici a tellement d'égo qu'il veut même pas accueillir sa nouvelle recrue. Remarque à sa place, j'aurais probablement fait la même chose.

Hé bah dit donc, si on m'avait dit que le petit nouveau allait profiter du jet privé du patron pour venir, je t'aurais rejoint à New York, ricane celui-ci lorsque j'arrive face à eux.

Le pilote m'adresse un rapide coup d'œil avant de repartir vers l'avion sans ajouter quoi que ce soit. Nouveau ? Il est sérieux celui-là. Je fronce les sourcils tandis qu'il me tends la main en se redressant. Sa main et son expression un peu trop joviale, m'insupporte déjà. On croirait qu'il m'emmène cueillir des fleurs. J'affihce un regard noir en lui serrant rapidement la main à contrecœur. Sérieusement qui c'est ce clown ?

Je suis pas un débutant dans le métier.

Soit, on me fait vraiment une blague, soit James ne l'a pas informé et dans ce cas-là, je vais reprendre l'avion pour le tuer. Lui qui veut toujours que tout soit en ordre et parfait, il a oublié de dire qui j'étais ? Non, c'est certainement, cet abruti de chauffeur qui a oublié à qu'il s'adresse.

Blood on the handsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant