Blood on the hands

VIII

Hailey

Une violente douleur me ramène brusquement à la réalité. Mon corps se cambre alors qu'un cri provenant du fond de ma gorge, s'échappe. Malgré l'énergie que mes muscles exercent, c'est à peine si j'arrive à bouger. Je sens que des mains me maintiennent le plus fort possible contre le métal froid sur lequel je suis allongée. Mes yeux tentent de discerner quelque chose, mais la lumière au-dessus de moi, brouille la quasi-totalité de ma vue. Moi qui voulais juste me reposer deux minutes,  j'ai l'impression d'être torturée. Des bruits autour de moi, venant de par et d'autre, augmentent mon affolement, tout comme mon mal de crâne et la sensation de tournis qui me donne envie de vomir. Alors qu'on augmente la charge qui bloque mes jambes et mes bras, je sens, pour la seconde fois, une lame rentrer et me déchirer l'épaule. Un cri s'échappe à nouveau de ma bouche avant d'être vite annihilé par une main, étouffant ma voix. Comme si la souffrance qui molestait mon épaule n'était pas suffisante, mon mal de tête commence à très vite me submerger. La sensation est semblable à des martèlements de marteau qu'on s'amuse à cogner dans tout mon crâne. Peu à peu mes forces s'épuisent sous le poids qui retient mon agitation impulsive. Je n'arrive toujours pas à voir plus loin qu'une lumière aveuglante au-dessus de moi. Des larmes glissent sur mon visage face à l'interminable supplice et viennent troubler ma vue plus qu'elle ne l'est déjà.

À bout de nerfs et de force, l'épuisement reprend le dessus. Même si la douleur est toujours fortement présente et intenable, mon corps semble peu à peu cesser de lutter, ne s'agitant que par quelques spasmes. J'ai l'impression que me débattre ne fait qu'accentuer mon calvaire. Et que ceux qui me retiennent ont l'air de s'amuser à me tourmenter. Je n'ai à vrai dire plus la force de tenir le coup, entre mon corps qui ne cesse de convulser et l'épuisement qui s'acharne sur moi.

Mes dernières réserves d'énergie finissent par me lâcher, ce qui m'oblige à agoniser en silence. Avant que la fatigue ne l'emporte, je sens la main qui recouvre ma bouche, glisser sur ma joue droite pour la caresser doucement, comme si on cherchait à m'apaiser.

...

J'ouvre à nouveau les yeux et cette fois, rien ne m'aveugle. Au contraire, la pièce dans laquelle je suis est presque plongée dans l'obscurité. J'avale difficilement ma salive à cause de ma gorge desséchée. Le calme serein qui plane autour de moi, me laisse à penser que je suis seule. On s'amuse à me torturer et maintenant, on m'abandonne pour que je me débrouille seule dans le noir ?

En fouillant dans mes souvenirs, seuls des flashs incompréhensibles me reviennent. Je me redresse et sens un tissu satiné caresser mes doigts tandis qu'une couverture glisse le long de mon corps. Au moins ils ont eu la lucidité de me laisser dans un lit. Mes pensées se stoppent net à cette réflexion et surtout lorsque je reconnais les motifs sur la couverture. Putain, mais c'est mon lit !

Je relève la tête et jette mes cheveux qui altèrent ma vue, en arrière. Mes yeux s'étant habituée à l'obscurité, je me rends compte que je suis bel et bien dans ma chambre comme si rien ne s'était passé. Bordel, j'ai quand même pas rêvé qu'on me torturait si ?

J'aperçois les rayons du soleil qui éclaire le sol en bois, provenir de la salle du dressing, à quelques pas sur la droite du lit. En m'avançant lentement vers celle-ci, mon cœur ne cesse de tambouriner avant de subitement se figer. Entre l'ouverture des rideaux qui laisse passer la lumière, une silhouette masculine, assise sur un siège, est tournée vers moi. Ses jambes sont croisées, ses bras posés sur les accoudoirs comme s'il attendait quelque chose. Ou plutôt quelqu'un. Ma respiration se coupe instantanément lorsque je me rends compte que cette silhouette ne ressemble ni à celle de Caleb, ni à celle de Josh. Mon attention est focalisée sur cette ombre immobile, si bien que j'ai l'impression de ne même plus cligner des yeux. Qui est ce foutu psychopathe ?