Je déteste les brutes

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Aucun de Jordan ou de moi ne prononcèrent un mot tandis que l'on se dirigeait vers l'infirmerie, enfin cela était dû principalement au faite que le crâne m'élançait énormément. Je remarquais cependant les regards inquiets qu'il me lança tout le long du trajet.

Je m'apprêtais à lui dire d'arrêter de me fixer comme si j'allais m'écrouler à tout moment, mais je me retins à la pensée d'empirer mon mal de crâne.

« Depuis combien de temps ? me demanda-t-il en brisant enfin le silence.

- De quoi ? répondis-je, confus, en tournant ma tête dans sa direction, et je remarquais qu'il me fixait déjà.

- Depuis combien de temps ils s'en prennent à toi ? »

Mon cœur rata un battement et je détournais les yeux de lui. C'était un sujet sensible, et je n'avais aucune envie de l'aborder avec un inconnu.

Jordan attendit patiemment ma réponse mais, au lieu de lui en procurer une, je pris une inspiration pour me donner du courage et lui murmurais :

« Qu'est-ce que ça peut te faire ? »

Cette fois-ci, ce fut lui qui détourna les yeux de mon regard. À l'inverse, je ne pus détourner les miens de son visage qui semblait en conflit intérieur, alors qu'il fixait le carrelage beige à nos pieds.

Alors que je pensais qu'il n'allait pas me répondre, il souffla :

« Je déteste les brutes. »

Je fronçais quelque peu les sourcils devant sa réponse mais ne répliquais rien. Finalement, peut-être qu'il ne finirait pas comme les autres populaires. Peut-être qu'il serait sympa.

Quand le silence s'éternisa une nouvelle fois, Jordan détourna la conversation sur un autre sujet :

« Alors, c'est toi Elliot Goldman, n'est-ce pas ? »

Je hochais simplement la tête avant de me reprendre et de lui répondre de vive voix :

« Ouais.

- Ça veut dire que nous sommes partenaires en chimie, alors », s'exclama-t-il avec un air beaucoup trop enjoué à mon goût.

Je ne pus m'empêcher de remarquer que ses dents étaient alignées parfaitement. Et blanches, en plus de ça. C'était de la sorcellerie, il n'y avait pas d'autre explication. J'avais personnellement porté un appareil dentaire pendant trois longues années et, pourtant, je possédais toujours une dent légèrement de travers derrière ma canine droite. Ça avait tendance à me rendre fou.

« Oui », répétais-je en repérant l'infirmerie au loin.

Je me stoppais devant et me tournais pour lui faire face :

« Bon, je pense que je peux continuer tout seul. Tu ferais mieux de retourner aux vestiaires si tu veux avoir le temps de te changer.

- Ouais, je suppose, me répondit-il en frottant sa nuque de sa main et en observant le couloir d'où l'on venait. On se voit en chimie, alors.

- Je suppose, répondis-je en ouvrant la porte de l'infirmerie. À plus tard. »

Aussitôt que celle-ci se referma derrière moi, j'entendis l'infirmière s'exclamer :

« Encore toi ?

- Désolé, Mme Cadbury », répondis-je en soupirant doucement.

Après avoir relater les événements passés, Mme Cadbury me fit signe de m'asseoir et me fit passer des tests afin de savoir si oui ou non je présentais une commotion cérébrale. Finalement, ne trouvant rien de trop alarmant, elle me donna quelques antidouleurs et m'assura que j'irais bien mieux le lendemain.

« Merci », murmurais-je encore une fois avant de reprendre le chemin des vestiaires.

Heureusement, la sonnerie avait déjà retenti donc je n'eus pas à m'inquiéter que quelqu'un vienne à nouveau m'embêter.

J'entrais dans les vestiaires et je sentis mon cœur se serrer en voyant mes affaires de cours dispersées aux quatre coins de la salle. Je m'agenouillais et commençais à les ramasser les unes après les autres. Au moment où j'atteignis mon casier où se trouvait le reste de mes affaires, mon moral descendit encore plus bas devant le spectacle que mes yeux offraient. Là, sur le sol, baignant dans une mare de flotte que j'espérais être de l'eau, je vis mes vêtements.

Devinez qui allait passer le reste de la journée puant la transpiration comme un porc ? Ouais, bonne réponse. C'est moi.

Sans oublier que l'automne s'était installé, ce qui signifiait que j'allais devoir rentrer rapidement chez moi après les cours si je ne voulais pas finir trempé par la pluie.

Dépité, je me nettoyais du mieux que je pus avant de me diriger vers mon prochain cours.


xxx


L'heure de français s'était écoulée rapidement, en partie car j'avais passé le plus clair de ce cours à l'infirmerie. Et, avant que je ne le sache, j'étais en train de ranger mes affaires et de me diriger vers le cours de chimie.

Quand je rentrais dans la salle, je sus immédiatement que quelque chose n'allait pas. Tous les élèves s'étaient alignés sur le mur du fond et, en m'avançant pour les rejoindre, je ne pus m'empêcher de lorgner sur ma place de cours habituelle -qui ne le serait bientôt plus.

« OK tout le monde, s'exclama la prof. Aujourd'hui, nous changeons vos places afin que vous puissiez faire plus ample connaissance avec vos partenaire de chimie. Attendez que j'appelle votre nom, s'il vous plaît. »

Je me déconnectais mentalement quand la prof commença à installer les élèves à leur place. Ce n'est que quand j'entendis mon nom être appelé que je revins à la réalité et marchais en direction de mon nouveau lieu de travail.

Jordan se laissa tomber à mes côtés quelques instants après et sortit son manuel de chimie.

Je le vis examiner ma tenue avant de me jeter un regard empli de compassion. Cependant, il ne fit aucun commentaire, et pour ça, je lui en fus reconnaissant.

Mme Dailey se posta, quelques instants plus tard, devant la classe et commença son cours portant sur l'écart-type et l'écart-type relatif. Je me plongeais dans mes notes, faisant de mon mieux pour ignorer les regards inquiets de mon voisin de classe.

« Ta tête va mieux ? me chuchota-t-il doucement.

- Oui », lui répondis-je dans un souffle tandis que je prenais en note l'addition au tableau.

Puis, voyant qu'il attendait une réponse plus explicite de ma part, je levais les yeux de ma feuille et ajoutais dans un souffle :

« L'infirmière a dit que je devrais être totalement remis d'ici un ou deux jours. »

Apparemment satisfait de cette réponse, Jordan acquiesça légèrement avant de retourner à ses propres notes.

Apercevant la pièce se noircir quelque peu, je jetais un coup d'œil à travers la fenêtre pour voir s'amonceler un tas de nuages noirs dans le ciel. Je soufflais une énième fois, me résignant à l'idée de marcher jusque chez moi sous la pluie.

Génial.

Lab Partners [BXB] [FRENCH VERSION] [COMPLETED]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant