Pizza

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« Putain, mec, sourit Jordan, quelque peu pantelant alors qu'il me fixait du regard. Où as-tu appris à jouer au football ?

- Je jouais tout le temps avec mon père quand j'étais petit, répondis-je en haussant les épaules tout en dribblant d'un pied à l'autre.

- Plus maintenant ? » demanda Jordan en inclinant la tête, curieux.

Je haussais à nouveau les épaules, lui rendant la balle, tout en gardant les mains enfoncées dans mes poches. Je ne voulais pas vraiment parler de mon père. Ni d'aucun membre de ma famille d'ailleurs.

« Eh bien, quand ces connards n'essaient pas de te faire tomber tout le temps, tu es plutôt bon.

- Merci », répondis-je en haussant encore une fois les épaules alors que Jordan me passait la balle.

Nous traînions au parc de la commune, juste en bas de la rue. Celui-ci possédait différentes parties, incluant un terrain de football et un de basketball. Cependant, le reste du parc se constituait d'herbes et de pistes cyclables. Nous avions récupéré la balle de foot dans le coffre de la voiture de Jordan et, après un intense match en un contre un, nous nous faisions des passes chacun notre tour.

Je lançais le ballon à Jordan sans trop y penser et il l'arrêta de son pied. Se baissant pour la récupérer, il la plaça en dessous de son bras et posa sa main sur son ventre.

« Je commence à avoir faim, pas toi ? me demanda-t-il en sortant son portable de sa poche arrière pour regarder l'heure.

- Je commence aussi à l'être un peu », répondis-je avec un nouveau haussement d'épaules.

Je n'avais pas déjeuner ce matin et il devait probablement être aux alentours d'une heure de l'après-midi maintenant. Ce qui signifiait sans doute que la faim allait se réveiller d'ici une vingtaine de minutes.

« Est-ce qu'il y a un bon restaurant, pas loin ? demanda-t-il en levant un sourcil.

- Ça dépend, répondis-je en me pinçant les lèvres, pensif. Tu aimes les pizzas ?

- Qui n'aime pas les pizzas ? » s'exclama Jordan en riant doucement.

Je ne pus m'empêcher d'acquiescer devant sa remarque. Ceux qui n'aimaient pas les pizzas étaient encore plus timbrés qu'Holly.

« OK. Je connais un endroit. »

Il était situé à seulement quelques minutes à pied d'ici, en bas de la rue, pas très loin de chez moi, et les pizzas étaient à tomber par terre. Je passais tellement de temps là-bas que je considérais le gérant, Antonio, comme un ami.

« Dépêche-toi », m'écriais-je en me sentant excité de revoir à nouveau Antonio. Cela faisait quelque temps depuis ma dernière visite et j'avais le sentiment qu'il allait me réprimander pour avoir été si long à revenir.

« Où allons-nous ? me demanda Jordan, curieux, tandis que l'on se glissait dans sa voiture.

- Juste en bas de la rue. Prends à gauche en sortant, et ça devrait être le deuxième ou troisième bâtiment sur la droite. Ça s'appelle Uncle Tony's Pizzeria.

- Oh. Je suis déjà passé devant plusieurs fois, il me semble. Ils font de bonnes pizzas ? s'enquit-il en démarrant la voiture.

-Les meilleurs, m'exclamais-je, et je réalisais que j'avais passé trop de temps à écouter Antonio se vanter de sa charmante petite pizzeria.

- Vraiment ?

- Peut-être que ça n'en a pas l'air, mais ils font de sacrées bonnes pizzas », dis-je alors que Jordan entrait dans le parking de la pizzeria.

On sortit de la voiture en même temps et je guidais joyeusement Jordan jusqu'au petit restaurant italien. L'odeur qui nous accueillit quand nous ouvrâmes la porte était absolument divine et je ne pus m'empêcher de fermer les yeux avant de prendre une grande inspiration. J'entendis Jordan s'esclaffer devant l'air idiot que j'affichais mais il se stoppa en entendant une voix à l'accent italien se réverbérer dans toute la pizzeria.

« Elliote ! »

A cause de son accent, il ajoutait toujours une syllabe à mon prénom.

« Tu t'es enfin décidé à revenir ?

- Antonio ! » m'exclamais-je en souriant tout en m'avançant pour serrer sa carrure d'italien dans mes bras.

Il était incontestablement plus grand que moi, probablement avoisinant les un mètre quatre-vingt-dix, et sa largeur ne faisait que le rendre encore plus imposant.

« Je vois que tu as ramené un ami, me sourit Antonio en observant Jordan. Il a un bon appétit j'espère ?

- On va devoir le découvrir ensemble, répondis-je en haussant les épaules, un sourire toujours aux lèvres tandis qu'Antonio nous tendait les menus. Viens, Jordan. »

Je le guidais jusqu'à ma banquette préférée et me glissais sur le siège que j'avais officieusement revendiqué mien au fil des années. Jordan s'assit en face de moi.

Je jetais un coup d'œil au menu même si je savais déjà ce que j'allais prendre. Je savais toujours ce que je voulais.

Jordan, cependant, ne savait pas ce qu'ils proposaient alors je lui laissais le temps de choisir.

Après quelques minutes de plus à contempler le menu, Jordan trouva son bonheur et nous le fîmes savoir tous les deux à Antonio.

Une fois qu'il disparut dans la cuisine, sa fille, Siena, apparut derrière le comptoir. Elle me fit signe de la main quand elle me vit et je souris, la saluant à mon tour.

« Qui est-ce ? me demanda Jordan dans un autre élan de curiosité.

- C'est la fille d'Antonio, Siena. Elle a vingt ans et elle travaille ici depuis aussi longtemps que je m'en souvienne.

- Elle est jolie, remarqua-t-il d'un air nonchalant tout en faisant tourner sa paille dans son verre.

- Je suppose », répondis-je en haussant les épaules.

Je n'y avais jamais vraiment réfléchi. Elle avait des cheveux noirs et une beau teint, mais je l'avais toujours considéré comme une sœur et rien d'autre.

Je me moquais de moi-même intérieurement. Elle se rapprochait plus d'une sœur pour moi que ma propre sœur elle-même.

« Donc, marmonna Jordan en tournoyant toujours sa paille. Tu as une petite amie ou quelque chose comme ça ? »

Je lâchais un rire moqueur et Jordan releva la tête de son verre en haussant un sourcil.

« J'ai l'air de quelqu'un ayant une petite amie ?

- Eh bien, ce n'est pas comme si tu n'étais pas attirant ou quoi, répondit-il en haussant les épaules, me faisant froncer les sourcils et regarder par la fenêtre.

- Je suis le cas social du lycée. Sortir avec moi reviens à un suicide social. Pourquoi quelqu'un voudrait s'infliger ça ? Bordel, je ne sais même pas pourquoi tu veux être mon ami. Tu pourrais littéralement être ami avec qui tu veux.

- Tu sembles être quelqu'un de bien, me dit Jordan en haussant les épaules et en baissant son regard vers sa boisson.

- Merci, dis-je, mais le ton de ma voix parut plutôt amer.

- Je le pense », me répondit-il en me relevant ses yeux bleus-gris vers moi.

L'émotion qui me submergea me gêna et je ressentis soudain le besoin de m'enfuir loin d'ici et de me cacher. De préférence sous un rocher, ou dans un trou.

« Merci. »

Lab Partners [BXB] [FRENCH VERSION] [COMPLETED]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant