Greta a fêté ses dix-sept ans au Portugal. Son père lui a offert tout ce qu'elle aurait voulu pour ses quinze ans. Il lui a aussi promis qu'il déménagerait aux plus près de la Belgique. Il a songé aux Pays-Bas...mais Margareta a déjà entendu cette histoire et jamais son père n'a pris la peine d'aller au bout de ses idées. De toutes façons, Greta envisage d'habiter définitivement au Portugal. Même si elle est attaché à son pays, elle ne s'est attaché qu'aux murs et magasins des villes. Le reste lui tourne beaucoup trop souvent le dos, elle ne trouve plus son chemin dans les rues de la sociabilité. Elle ne supporte pas de regarder derrière elle et de ne pas reconnaître la trace de ses pas dans la neige.
Aujourd'hui, à peine rentrée au Plat Pays, elle a rejoint une amie du nom de Olivia. Une étudiante des Beaux-arts qu'elle a rencontré alors que Oli demandait à sa patronne, du job d'étudiant de Greta, s'il était possible de la prendre en photo devant la devanture de son magasin de chaussures.
Margareta avait acheté un appareil argentique il y avait de ça deux semaines et recherchait éperdument quelqu'un qui aurait pu développer ses photos. Olivia lui a proposé de venir chez elle un mercredi après-midi pour cette raison. Depuis, Greta lui rend souvent visite. Principalement pour développer ses photographies.
C'est d'ailleurs pour quoi elle toquait chez Olivia ce soir, elle voulait récupérer tous les clichés qu'elle avait pu prendre au Portugal.
Dans la chambre noir, Margareta, en même temps d'examiner les gestes expert de Olivia sur ses photos, lui racontait ses quelques anecdotes pas trop ennuyantes sur cet été.
- J'aimerai bien avoir un parent qui habite l'étranger, dit Olivia en accrochant une photo à un fil.
Ainsi, Margareta a arrêté de lui parler des vacances chez son père et lui a posé des questions habituelles entre amies qui se revoient après deux mois de congé.
En attendant que Margareta puisse reprendre ses clichés, elles se sont rendues en ville et ont bu à un bar.
Ça n'avait pas du tout manqué à Greta ces activités répétitives, elle en avait vite fait le tour et s'en amusait de moins en moins.
Comme par le plus grand des hasards, Olivia et elle ont rencontré des connaissances et ont fini en groupe autour d'une table. C'est comme un instinct, à partir d'une certaine heures les jeunes sortent de leur chambres qui sentent le renfermé et sans dire au revoir à leurs parents sortent dans les rues sombres de la ville en jouant leur rôle de personne sans problèmes, juste un verre dans le nez.
Pour Margareta le pire de ces gens c'est les plus jeunes. À dix-sept ans elle se demande de temps en temps si elle a dépassé désormais l'adolescence, si ça fait déjà quelques années qu'elle n'y est plus ou, pire encore, elle y est encore. Lorsqu'elle regarde ses cadets sortir jusque pas d'heure, imiter les plus grands, se confondant aux étudiants,...elle a peur pour eux. Ce n'est pas dans ses habitudes, sauf qu'en ce moment, Greta s'oublie. Elle regarde autour d'elle comme si personne ne pouvait la voir, pas même elle. Margareta ne sait pas si elle régresse ou rentre dans la vie que l'école lui a appris à apprivoiser par des sciences.

L'Entrain IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant