C H A P I T R E II ( 1 / 2 )

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Vous l'aurez peut-être compris, ce chapitre est coupé en deux. Alors préparez vous, prenez une couverture, un canapé et un café, et profitez à fond des 3 000 mots de ce chapitre !

M E R Y N E

Depuis qu'elle avait quitté sa chambre, rien ne parvenait à lui faire oublier le mystérieux carnet de sa grand-mère. Elle était convaincue qu'un détail lui échappait. Depuis qu'elle s'était assise contre le Mur, il y a maintenant plus d'une heure, elle s'évertue à trouver ce détail, et quelque chose lui disait que ça avait un lien avec ses parents... C'est vrai ! Sa grand-mère ne lui en a jamais parlé, elle voulait peut-être qu'Abby sache qui ils étaient grâce au carnet. Mais si c'était le cas, pourquoi ne pas lui avoir écrit concrètement leurs noms et leurs métiers ? "Ca m'aurait suffit amplement !" Pensait la jeune fille légèrement en colère contre sa grand-mère.

Elle n'avait qu'un seul moyen d'avoir le cœur net sur l'identité de ses parents, c'était de demander directement au Gouverneur, lui le savait ! Mais elle n'avait pas envie d'avoir à lui poser cette question, elle serait alors en état d'infériorité, et sa grand-mère n'aurait certainement pas apprécié. Cependant avait-elle le choix ? Non, mais elle l'aurait eu si sa grand-mère lui avait laissé autre chose qu'un carnet vierge. Cette pensée finit de la convaincre d'envoyer une lettre au Gouverneur, lui demandant de lui donner l'identité de ses parents. Après tout, si elle voulait accepter la mort de sa grand-mère, autant mettre au clair le reste !

Abby se releva d'un bond, empreinte d'un nouvel accès d'adrénaline. Elle traversa au pas de course l'oliveraie cachant le Mur et s'engagea sur la route en terre battue qui menait à sa Barre. Ses chaussures blanches claquaient au rythme effréné de ses pas, enfin elle redevenait la Abby incapable de marcher à une vitesse "normale" et de bien se tenir. Elle monta dans l'ascenseur, faisant abstraction à l'air joué cette fois à la flûte par les hauts-parleurs. Son esprit en ébullition réfléchissait déjà au contenu de sa lettre. Elle ouvrit avec violence la porte de son petit appartement et récupéra dans le buffet du papier à lettre, une plume et un encrier. Les habitants de l'Atrium se doivent selon le Gouverneur d'écrire de la manière la plus noble qu'il soit, les stylos à billes sont donc interdits et tout le monde les a même oubliés... Mais la grand-mère d'Abby en gardait un dans la petite commode qui faisait face à son lit dans sa chambre. La jeune fille s'assit sur une chaise à la table de la cuisine et commença à écrire. Son encrier était presque vide, mais ça devrait faire l'affaire !

Monsieur le Gouverneur,

Suite à la mort de Madame Jones - ma grand-mère - je demande à connaître l'identité de mes parents. Cette information me revient de droit et étant majeur, personne ne peut s'opposer à ce qu'elle me soit fournie, je demande donc à savoir.

De plus...

Abby s'apprêtait à écrire la suite mais elle n'avait plus d'encre. Elle se releva avec un petit soupire et entra dans l'ancienne chambre de sa grand-mère pour récupérer de l'encre. Elle ouvrit la commode et en sorti deux petites fioles d'encre. L'une retint son attention, elle était transparente, légèrement jaune. Une étiquette était collé sur le col du contenant : "Encre sympathique (se révèle au feu)". Dans sa précipitation pour se relever, elle renversa l'encre classique sur le sol. Elle se dépêcha de ramasser la bouteille et rangea les deux fioles dans le placard. Les messages laissés par sa grand-mère tournaient en boucle dans sa tête :

"Rien ne vaut la lecture d'un livre à la chandelle"; "J'ai pris un verre de citronnade, ça m'aide énormément !"; "Qui aurait cru que le feu soit aussi révélateur ?"

Sa grand-mère avait écrit sur le carnet à l'encre sympathique ! Mais qu'avait-elle donc à cacher ? Et pourquoi avoir laissé à Abby des pistes si elle ne voulait pas que son carnet soit lu ? Elle prit une boîte d'allumettes dans le buffet et se rua dans sa chambre, allongée par terre, elle sortait de sous son lit la boîte métallique qui contenait l'héritage de sa grand-mère. Une fois que le carnet fut ouvert à la première page, Abby alluma une allumette qu'elle fit passer au dessus du carnet. Des lettres manuscrites apparaissent en marron sur le papier auparavant immaculé :

Atrium, i, n (lat.) : le tribunal.

Abby, vous êtes tous condamnés à mort...

L'intéressée se sentait soudainement frissonnante, elle souffla sur l'allumette avant que le feu ne vienne lui mordre les doigts et en alluma une seconde, mais elle eu beau la passer sur toute la feuille rien d'autre n'était écrit. A part une inscription en langue étrangère qu'Abby ne pu traduire : "Foras ire debes."

Rien n'était marqué sur le verso afin de ne pas altérer la visibilité, Abby passa directement à la troisième page sur laquelle il y était inscrit :

"C'est nous qui sommes dans les camps de concentration ! La Résistance est lancée à l'extérieur, rejoins-la je t'en prie ! On peut survivre dehors, je ne te l'ai pas dit pour ta sécurité, maintenant que tu le sais, fuis !"

Les mains tremblantes, Abby fit glisser une troisième allumette sur le bas de la page, une nouvelle inscription s'y trouvait : "Atrium malum est.". D'un souffle, Abby fit disparaître la flamme qui dansait au bout de l'allumette; elle referma aussitôt le carnet, tentant de contenir le tremblement excessif de ses mains. Elle sortit de son armoire une veste en cuir noire dans laquelle elle rangea le carnet puis attrapa la boite d'allumettes. Revêtant la veste en cuir, elle quittait son appartement au pas de course. Rien ici ne la retenait, elle se fichait éperdument de tout le monde ici, comme ils se fichaient d'elle d'ailleurs... Elle entra dans l'ascenseur et sorti une allumette de sa boite. Elle l'alluma et la jeta par terre, celle-ci fut vite rejoint par une dizaine d'autre. Le sol en bois de la cabine noircissait déjà, c'était parfait, qu'ils l'expulsent ! 

Elle se hâta de sortir et récupéra un bidon d'essence servant habituellement au nettoyage qu'elle vida sur le sol du hall. Elle vida sur le combustible une allumette, consciente de la mission suicide dans laquelle elle s'engageait. Mais aujourd'hui elle connaissait la vérité, et elle voulait partir de l'Atrium.

Elle sortit de l'Atrium alors que l'incendie se déclarait. Une alarme à lui faire saigner les oreilles retentissait à l'intérieur de l'immeuble. Les gens criaient, s'éloignaient en paniquant de l'immeuble. Des pompiers eux, avançaient vers les flammes à présent hautes d'un mètre.

– Qui a fait ça !? S'écria le Gouverneur en sortant d'un camion blanc et rouge qui venait d'arriver.

– Moi, Monsieur Fudcher, répondit Abby en s'approchant du Gouverneur.

– Appelez-moi Monsieur le Gouverneur ! S'écria-t-il.

La lueur démente qui brillait légèrement dans ses yeux ce matin était à présent nettement visible, ses pupilles semblaient s'enflammer. Abby mentirait si elle affirmait ne pas ressentir une pointe d'inquiétude face à ce regard...

– Attendez, vous ?! S'écria alors Monsieur Fudcher, semblant se rendre compte de ce qu'avait dit la jeune fille.

– Je plaide coupable, reprit Abby en avançant malicieusement vers l'homme de pouvoir, sûrement suis-je atteinte de pyromanie...

Le visage du Gouverneur déjà légèrement rouge devint alors violacé. Il se retourna vers ses deux gardes rapprochés et s'écria :

– Emmenez-la directement en salle d'audience !

Les deux gardes du corps la saisirent vivement par les bras et la tirèrent dans la voiture blanche et rouge du Gouverneur. Jetée a l'intérieur, elle se réceptionna difficilement sur ses avants-bras qui furent éraflés par le choc. Elle se releva et attrapa au vol la veste en cuir noir que lui lançaient les gardes du corps. Avant même de l'enfiler, elle vérifia qu'elle avait encore sa boîte d'allumettes et son précieux carnet. Rassurée, elle s'en revêtit et s'assit face a la porte coulissante par laquelle on l'avait jetée. 

La suite dès maintenant !

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