Chapitre 6 : Confrontation

509 44 12
                                    

Anneau de l'Arche - Autre couloir

John attendait. Encore.

Il commençait sérieusement à vouloir s'en aller. Raven n'avait jamais été aussi en retard. Il posa doucement sa tête contre le hublot qui lui faisait face. Le contact frais de la vitre le fit soupirer de contentement. Il reluqua l'espace infini qui s'étendait devant lui. La Terre lui manquait, mais il éprouvait une certaine satisfaction à être sur l'Arche. Il n'aimait pas être enfermé, c'était clair. Bouffer les algues de Monty, il commençait à en avoir ras-le-bol, pour ne pas être plus vulgaire. Et être sur ce vaisseau lui rappelait ses années d'emprisonnement, sa famille et son enfance. Pas vraiment de bons souvenirs donc. Mais il ressentait tout de même un certain contentement à l'idée d'être libre de ses mouvements, et de ne plus avoir personne pour lui dicter sa conduite -excepté Bellamy qui semblait vouloir devenir le Chancelier pour sept personnes, mais il n'en prenait pas compte.

Le Chancelier de l'Anneau. Il pouffa en se remémorant la célèbre oeuvre terrienne qu'il avait lue étant plus jeune, tout en imaginant l'aîné Blake transformé en Hobbit.

Dans son esprit, il avait nargué maintes fois tous les anciens dirigeants de l'Arche qui se retrouvaient à leur tour coincés dans un environnement inconnu pendant que lui, bien au chaud dans le ciel, n'avait rien à craindre. Bon, théoriquement, il pouvait se passer n'importe quoi -manque d'oxygène, problèmes avec les algues et bien d'autres, mais les probabilités qu'il se passe quelque chose chez eux étaient relativement faibles. On ne pouvait certainement pas en dire autant dans le bunker. Mais ça, il ne pouvait pas le savoir.


Avec la merde qu'ils ont eu à s'organiser tous ensemble, ils se boufferont entre eux au moindre problème.


Murphy avait toujours été un solitaire. Sa défense : le sarcasme. Il n'aimait pas se lier à des gens. On exploitait toujours les amitiés pour faire chanter les autres. Love is a weakness. Il aurait trouvé cette réplique de Lexa très badass si elle ne s'était pas entichée de Clarke. Après réflexion, il savait qu'il n'était pas le mieux placé pour parler. Il était humain, et les humains ont besoin de s'accrocher à leurs amis, à des présences alliées. Lui, il n'en avait pas besoin de plusieurs. Une lui suffisait amplement.


Le brun serra les lèvres et jura. Nous y voilà. On y revenait toujours.


Il bouillait intérieurement. Il n'avait pas besoin de ça. Les amourettes, c'était bon pour Bellamy Blake. Une demi-douzaine de petites amies au compteur, des regards enamourés avec Clarke, des regards enflammés avec Echo. Lui, il n'était pas comme ça. Qu'est-ce que c'était l'amour de toutes façons ? Même avec Emori il ne savait pas s'il l'avait vraiment vécu. L'attraction, ça oui il savait. Le désir, l'envie, le sexe, le plaisir. Il connaissait tout ça. Mais l'amour ? Comment l'idée même pouvait se frayer dans les esprits ? Comment pouvait-on penser que lui même, John Murphy, le connard, le lâche, soit amou....


"Murphy?"


Il se retourna brusquement vers l'origine de la voix. A quelques mètres de lui, Raven, les sourcils haussés, le fixait. Il suspendit son geste. Attends. Quel geste ?


"Le seul et l'unique. Oui ?"


Il la détailla. Elle semblait essoufflée. Oui, elle avait dû courir quand elle avait remarqué son léger retard. Ses joues étaient rougies par l'effort et un fin voile de sueur recouvrait son front. Elle se tenait droite, et sa jambe ne semblait pas la faire souffrir, ce qui réchauffa quelque peu le cœur du solitaire jeune homme. Il espérait tellement qu'elle aille mieux. Elle le méritait après tout. Elle faisait tellement pour eux. Raven devait aller mieux.

F R A C T U R E  [Murven fanfiction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant