F R A C T U R E [Murven fanfiction]

Chapitre 11 : And nothing else matters

Dans la petite chambre de l'Anneau, on aurait pu entendre une mouche voler. Même les respirations des deux visiteurs étaient faibles. Si basses d'ailleurs qu'on aurait pu douter de la présence de quelqu'un dans la pièce.

Il y avait beaucoup d'informations à digérer, un peu trop même. Tout le monde connaissait l'histoire de l'Arche. Après tout, elle était récitée chaque année pendant le Jour de l'Unité, donc rien d'étonnant à cela. Avec A.L.I.E, les survivants avaient compris qu'une partie de la vérité leur avait été cachée. Mais avec le journal d'Alice, tout prenait enfin son sens. Tout s'expliquait. Les bases du Nightblood. A.L.I.E. Ils savaient tout, à présent. La suite des évènements, même si Becca n'avait rien noté, ils la connaissaient. La scientifique s'était isolée sur Polaris, la treizième station. Pour empêcher la propagation de la nouvelle A.L.I.E, la station toute entière avait été éjectée par le Commandant de l'Arche, mais Becca avait pu s'en tirer à temps. Survivant aux radiations, elle était devenue la première Commandante des Natifs, Bekka Pramheda. Et les restes de Polaris avaient forgés les fondations de la cité native de Polis.

"Tu crois que Kane est au courant que sa tante adoptive est en partie à l'origine de l'intelligence artificielle qui a tué la Terre ?" Raven tentait de parler d'une manière assurée, mais en vérité, elle n'en menait pas large. Ces révélations ne lui plaisaient pas. Elle avait l'impression que malgré les deux apocalypses nucléaires qui avaient décimé leur planète, la Terre et ses habitants leur réservaient encore de multiples obstacles. Et quelque chose lui disait qu'ils n'en avaient pas fini avec tout ça.

"J'en sais foutrement rien. Ça changerait quoi ?" Si Murphy semblait impassible, il regrettait tout de même de s'être aventuré dans la pièce. Il avait l'impression qu'un poids supplémentaire venait de lui tomber sur les épaules. Encore une fois, il savait qu'il ne pouvait rien y faire et que tous ces événements remontaient déjà au siècle dernier, mais l'idée d'en savoir plus que tout le monde ne lui plaisait pas non-plus. Moins il en savait, mieux il se portait. Mais Raven ne semblait pas de cet avis. Elle se dégagea de l'étreinte qu'elle échangeait toujours avec le jeune homme et fronça les sourcils. Elle n'était pas d'accord avec lui.

"Ce que ça changerait ? Si Kane était au courant qu'une IA nous menaçait, il aurait pu nous avertir, tu ne crois pas ? Nous prévenir qu'un truc pas net pouvait nous attendre sur Terre ? Juste un "Au fait les gars, la meilleure pote de ma tante avait la folie des grandeurs, elle a crée une intelligence artificielle qui a foiré et a provoqué l'apocalypse nucléaire et s'est enfuie avec sur Terre, et sinon attention à la marche lorsque vous descendrez du vaisseau !

-Ah. Oui. Mais de toutes façons, qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ? A.L.I.E est détruite, donc ça n'a plus d'importance. Si tu veux régler tes comptes avec Kane, prends ton mal en patience. T'as deux ans pour réfléchir à ce que tu vas lui dire."

La jeune femme soupira de frustration. Elle n'avait pas l'habitude d'attendre lorsque quelque chose la contrariait. Mais Murphy la connaissait. Il savait qu'elle n'en ferait rien. Selon lui, il était évident que Kane ne savait rien du passé de sa famille. Son implication au sein de la Cité des Lumières le prouvait. Il avait eu l'air autant dépassé qu'eux, et il n'aurait jamais laissé son peuple se diviser et mourir sans rien faire. Il fallait juste que Raven en arrive à cette conclusion. Mais il n'allait certainement pas défendre un dirigeant de l'Arche. Question de principe.

La jeune femme s'installa plus confortablement sur le lit et s'adossa au mur. Le brun resta assis sur le bord de la couchette, balayant la petite pièce du regard. Il restèrent quelques minutes ainsi, à méditer sur tout ce qu'ils venaient de découvrir. Soudain, le bruit caractéristique d'un objet qu'on tape se fit entendre et résonna dans toute la chambre. Bien qu'il fut légèrement étouffé, le son tranchait avec l'atmosphère silencieuse, et les deux protagonistes sursautèrent.