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C'est une vieille église. Les voûtes autour de moi penchent étrangement sur leurs grands piliers.

J'ouvre les yeux, mais mon corps ne me répond toujours pas. J'observe le bâtiment autour de moi. De pauvres murs peinent à supporter leur propre poids. Je me trouve à la place de l'autel. Mais l'édifice religieux ne contient plus qu'une chaise en bois, au sol. De puissants courants d'air m'ébouriffent les cheveux.

Je suis allongé là, à la recherche du muscle qui daignerait fonctionner dans mon corps flasque. Que m'est-il arrivé ?

Enfin je sens un doigt bouger, comme s'il était animé de sa propre volonté. Le sol rugueux me fait comprendre que je suis à même la pierre. Je force tous mes muscles à s'activer et après plusieurs minutes je parviens à me mettre assis.

Les vitraux étaient semble-t-il explosés et l'entrebâillement lumineux laisse présagé l'inexistence d'une porte. Le calme plat me fait peur.

Terriblement peur.

Je me souviens de ces longs dimanches que mes parents me faisaient subir. Eux adoraient la messe. Pourtant moi je ne faisais que m'ennuyer.

Je me lève péniblement. l'église est petite. Je ne la connais pas.

Comment suis-je rentré là ?

Je me retourne avant de sursauter. Une petite fille me regarde, assise dans un fauteuil rouge sang. Son regard vide me fait peur.

C'est elle.

Je recule d'un pas.

- Pourquoi es-tu revenue ?

Ce c'était qu'une erreur. Une terrible erreur !

J'ai froid.

Terriblement froid.

Je suis nu. Alors un éclair a lieur dans mon esprit. C'est donc vrai ? Non !

Cette soirée. Tant de monde. Cette ambiance si festive, si dangereuse. Et cette fille.

Terriblement belle.

Mais si violente. J'ai voulu l'approcher. Elle a alors siffler un autre homme. Il m'avait entraîné sur son épaule.

Je hurle à la petite fille qui n'a pas bougé d'un millimètre :

- Laisse-moi, tu fais partis du passé !

Ma voix cassée me fait mal à la gorge. Je pars en courant, fuyant cette petite. Je trébuche sur les pierres au sol et m'écorche les pieds. Je ne me retourne pas et le plus vite possible.

Je refuse le passé. Trop terriblement pour être accepté. Je préfère encore oublier pour ne plus penser. Ou plutôt ne pas penser pour oublier. Réfuter cette idée pour ne plus ressentir la douleur et la honte. Je cours dans l'herbe. Elle m'apparaît comme de petites lames de rasoir. Je sens l'odeur du sang. Je trébuche encore une fois et tombe. Toutes les petites lames pénètrent ma peau.

Je ne veux que mourir ici. Ma tête semble sur le point d'exploser, et je n'arrive plus à penser. Je ferme si fort mes paupières que cela me fait mal à la tête. Se cela peut m'éviter de penser, pourquoi pas ?

Je force mes jambes à s'activer et me remets à tanguer sur l'herbe tranchante. Je ne regarde pas où je vais. Mais je sais que je fuie quelque chose. Mon passé. Mes erreurs.

J'entends le rire de la petite fille qui me suit. Des intonations cristallines insupportables.

Je hurle. La bave aux lèvres et le cerveau tentant de s'enfuir par mes oreilles.

La petite fille du PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant