Des sirènes de police résonnent. Ils vont finir par me trouver. Je me cache dans une petite ruelle déserte. La voiture passe en trombes.
Je ferme mes paupières. Je suis un fugitif.
Alors que j'ouvre les yeux, je distingue une forme qui se cache dans une poubelle. Je m'approche et regarde. Je hurle alors. Ce n'est pas la petite fille. C'est ma petite fille. Camille.
Elle m'observe. Elle a les yeux tristes, et des larmes de sang coulent sur son visage d'ange.
Elle se lève et me toise. Je prends ma tête entre mes mains, perdu. Va-t-elle me suivre elle aussi ?
- Pourquoi reviens-tu toi aussi ?
Pourtant elle ne me répond pas.
Je veux la prendre dans mes bras, mettre ma main entre ses cheveux et lui dire que je l'aime. Mais il est trop tard. Trop tard pour refaire le passé, pour me montrer présent. Pour arranger le futur.
- Je le regrette, si tu savais à quel point...
Je pleure. Je ne sais pas trop pourquoi d'ailleurs.
Camille est la seule personne qui n'a pas peur de moi. Ça fait tant de bien.
Je m'enfuis. Je ne dois pas affronter de nouveau le passé. De toute façon cela ne fera pas revenir ma tendre petite.
Mon fauteuil patine au bout de la petite ruelle. Comme si une force m'empêchait de partir. Comme si Camille voulait me parler. Comme si Camille voulait que je comprenne quelque chose.
Mais je ne comprends pas. Je sens alors une main sur mon épaule. c'est une vieille dame qui est tout juste plus grande que moi sur mon fauteuil. Elle a des yeux qui expriment de la pitié.
- Que vous arrive-t-il ?
- Rien, laissez-moi !
Je pars le plus vite possible. Je ne me retourne pas vers cette vieille qui vient pourtant de me sauver. Mais me sauver de qui ?
Je suis mon propre ennemi.
Je me bats contre moi-même.
Je veux partir. Pourtant je crois que Camille voulait me dire de ne pas mourir. L'infirmière avait raison, je dois me battre, pour elle.
Je m'en veux d'avoir été aussi idiot.
Je grimpe dans un bus au hasard. Les gens ignorent mes larmes. Au moins je ne suis pas embêté.
J'ai le regard dans le vide. Je suis vide de l'intérieur. J'ai l'estomac vide également.
Je n'en peux plus. Je dois changer.
Mais avant il me reste à affronter quelqu'un. Ou plutôt quelque chose.
Un vieux démon.
Qui me hantera toujours si je ne l'élimine pas.
Je décide de m'arrêter près de cette fameuse boite de nuit où je suis allé tant de fois.C'est ici que j'ai vu cette fille. C'est aussi ici que j'ai été détruis. Emporté vers cette église où j'ai été déchiré. Réduis à néant.
Je suis un pourri. Un raté.
Il fait bientôt nuit, je ferais mieux de partir. Pourtant je veux voir sa tête.
Je me planque dans un coin sombre et attend que les gens arrivent. La soirée va être longue.
Le voilà.
Il rigole avec la fille que j'avais abordé. Je sens mes dents se crisper.
Mon violeur.
Je le fixe alors qu'il se dirige vers l'entrée. Tout-à-coup il regarde autour de lui, comme s'il se sentait observé. Le pauvre. Il ne peut pas me voir ici. Pourtant il semble caler ses yeux sur les miens. Il fait signe à la fille d'attendre et se dirige vers moi rapidement.
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La petite fille du Passé
General FictionJe roule, vers ma prochaine cible. Pourtant je n'en ai pas d'autre. Je crois que j'ai finis mon oeuvre. Un tableau sanglant. Peut-être est-ce moi la touche finale ?