IV

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Ce cauchemar. Je ne l'avais encore jamais fait. Je revis cette soirée où ma vie a basculé.

Cette fille. Je n'en avais jamais vu de si belle. Je vivais un rêve éveillé.

Cet homme. Je ne l'avait pas vu arriver. Il m'a fait vivre un cauchemar.

Cet acte. Je n'avais jamais cru que c'était possible. Je pensais encore moins le vivre.

Cette douleur. Elle n'avait jamais été aussi présente. Je ne l'avais jamais vécu avec une telle intensité.

Je me réveille en sursaut, alors même que l'homme commençait à m'entraîner dans cette église.

Je suis trempé. De la tête au pied. La sueur glisse sur ma peau et a même incrusté le canapé. Camille m'observe sur le fauteuil.

- Du calme. T'avais l'air de faire un sacré rêve.

Je me contente de la regarder. Elle parait si fatiguée elle aussi. Je regarde par la fenêtre le soleil de midi. Je ne me rends qu'alors compte de l'heure qu'il est.

- Le boulot !

- Je les aie prévenu.

- Mer... merci.

Je me mets sur mon fauteuil roulant et vais chercher un verre d'eau. Camille me suit du regard et ne bouge pas. Elle a quelque chose a me demander.

- Tu n'es pas à l'école ?

- Non, je sèche.

- Ah.

Je devrais lui faire la morale, lui dire que ce n'est pas bien. Mais je m'en moque. Elle fait ce qu'elle veut après tout.

- Papa...

- Quoi ?

- Il s'est passé quoi ?

- Rien.

- Je t'ai retrouvé par terre devant la porte avec ton fauteuil en bas et tu pleurais comme jamais. Alors ne me dis pas qu'il ne s'est rien passé, merde !

- En vérité... je ne sais pas.

- C'est qui cette petite ?

- Je ne vois pas de quoi tu parles.

- J'ai quinze ans ! Tu me dois la vérité !

- Justement tu es trop petite.

- Ta crise d'hier ressemblait à celle que tu faisais il y a deux ans.

- Un jour je t'expliquerai tout.

- Je veux maintenant.

Je sens mon poing se crisper autour du verre. Elle m'agace à se prendre pour je sais pas qui.

- Je t'ai dis plus tard !

Je sens mon poing se forcer d'un coup et le verre vole en éclats. Camille me regarde. Un regard apeuré et attristé. Elle s'enfuit en courant.

J'y suis peut-être allé un peu fort. Un jour elle saura. Si j'ai le courage. Ce n'est pas gagné.

Je retourne dans mon lit mais je tourne en rond. Je ne trouve pas le sommeil. Je dois parler. Je dois expliquer. Dans un élan de folie, je fonce dans la chambre de Camille. Elle est allongée. Elle fait semblant de dormir, je l'entends à son souffle saccadé. Je reste près de son lit et commence :

- Lorsque ta mère est morte, j'étais au fond du gouffre. Drogues, alcool et prostitués, rien n'allait. J'ai perdu mon boulot et tous mes amis. C'est là que j'ai fait la pire erreur de ma vie. Je ne crois pas que je regrette plus quelque chose que ça.

La petite fille du PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant