VI

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Je ne veux pas crever ici. Ce serait la pire mort.

Je sais que c'est totalement lâche, mais je n'ai pas le choix. Après tout, ce n'est pas moi qui me suis enfermé ici tout seul. Je ne le méritais pas.

Je vais libérer une place pour un autre, qui en a plus besoin que moi.

La petite fille est réapparue il y a quatre jours dans l'après-midi, alors que je tentais de me reposer. J'ai crier à m'en exploser les cordes vocales. J'ai pleurer. Et j'ai frapper.

Dans le vide et dans le fantôme.

Je crois qu'en réalité j'ai faillis détruire le mur maintenant taché de sang sec.

Les infirmiers n'ont pas tardé à venir m'attacher. Puis ils m'ont administré une dose de sédatif. L'avantage, c'est que j'ai dormis deux jours d'affilée.

Maintenant que je suis libre de mes mouvements, je veux faire ce que tout le monde m'empêche de faire.

Refaire le passé. Ce coup de couteau raté. Ce SMS que je n'aurais jamais dû envoyer et qui m'a sauvé la vie. Ou plutôt me l'a gâché.

Il est tard, je ne dors toujours pas. Une infirmière passe et me donne un petit comprimé. Je fais semblant de l'avaler et le jette au sol dès qu'elle est sortie.

J'y ai réfléchis. De comment je vais m'y prendre.

La porte n'est pas fermée ce soir, comme si Satan m'attendait. Il veut que je le fasse.

Je prends mon fauteuil. Je sors discrètement dans le couloir faiblement éclairé et fonce dans le bureau des infirmiers. Je sais que là se trouve ma délivrance.

Personne en vue. S'en est presque trop étrange.

J'ouvre un tiroir d'une commode et fouille. Je suis à la recherche d'une chose que j'ai aperçu par hasard il y a quelques semaines. Des bruits de pas derrière moi. Je me retourne pour voir la petite fille me regarder. Elle a changé. Elle paraît presque plus grande.

Mais surtout, elle a changé de vêtements. Comme si l'occasion en valait la peine et qu'elle devant se faire belle.

Je suis là, avachi sur le meuble de bois, à regarder un fantôme du passé, une paire de ciseaux dans la main. Elle sera satisfaite du travail. Je compte bien ne pas me louper, cette fois.

J'enlève mon t-shirt et m'observe. J'ai maigri. Beaucoup. Le si peu de muscles que j'avais a fondu et je suis tout frêle.

Je vise le foie, pour ne pas subir de deuxième coup.

Je ne veux pas fermer les yeux. Pour que la petite fille me voit et qu'elle comprenne que je fais ça en partie pour elle. Que je fais ça pour la venger.

Ce n'est pas pour que les gens s'apitoient sur mon sort. Ça je sais très bien le faire moi-même.

Mais je n'ai plus aucune raison de vivre. Je suis fou, et Camille a compris qu'il ne servait à rien de venir voir son pauvre père à moitié mort, attaché sur son lit à l'HP.

La solitude et la dépression, c'est pas une vie.

Je lève la main quand la lumière aveuglante me stoppe. Une femme crie.

- Monsieur Bogeria, mais que faites-vous !?

- La sentence, pour la petite.

- Arrêtez ça ! En l'honneur de votre fille...

- Quel honneur ? De quoi parlez-vous ?

L'infirmière s'écroule au sol. En pleurs. Je ne comprends plus rien. La petite fille a disparue et je décide de poser les ciseaux pour aller aider la femme au sol. Je la prend dans mes bras.

La petite fille du PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant