1. Un Agent en Tenue Moulante

Chapitre 1 : Rencontre avec un génie

Pourquoi n'avait-il donc pas installé un sas de téléportation dans son laboratoire ? Bon sang ! J'étais forcée de prendre l'un de ces interminables ascenseurs de verre, dont la vue donnait directement sur Toulon-Sur-Air. Je n'étais pas sujette au vertige, mais je devais avouer que le panorama avait de quoi impressionner.

Les gratte-ciels montaient toujours plus haut, les rues serpentant entre eux, bordées de végétation. Les balcons et les terrasses des immeubles étaient verdoyants, afin de préserver une atmosphère saine au sein de ce bijou de civilisation. Dans les airs, nulle voiture, sur le sol nul véhicule, seulement les piétons les plus volontaires, ou les plus démunis. Comme moi en temps normal.

Mais étant envoyée par le Gouvernement, j'avais eu l'insigne honneur de passer par le sas de téléportation du hall d'entrée de la Mécha Entreprise. Pour ensuite perdre mon temps dans ce fichu ascenseur.

— Génial, ce rôle d'agent de liaison, marmonnai-je, en tirant mon téléphone de ma poche. Non seulement je suis rétrogradée, mais en plus, je dois convaincre un vieux de venir avec moi.

Un tintement résonna dans la capsule, annonçant mon arrivée au dernier étage de la tour de Mécha Entreprise. Elle était si haute que je pouvais presque voir le bord de Toulon-Sur-Air. Les portes s'ouvrirent, me faisant découvrir l'ensemble du laboratoire d'Aaron Cadwall, célèbre mécanicien, aussi riche qu'un petit état.

En entrant, je n'eus pas l'impression de rentrer dans l'antre d'un fou de la mécanique. Non, cela ressemblait plutôt à un immense bureau de PDG, avec des murs lambrissés de bois, un plan de travail en chêne massif sur lequel trônait un ordinateur nouvelle génération. Une lumière sombre tamisait l'espace, éclairé par des rigoles de lumière bleue électrique le long du sol. Une teinte crue, qui laissait des parts d'ombres autour de moi.

— Monsieur Aaron Cadwall !? appelai-je, ma voix résonnant dans le silence. Je m'appelle Flaméne Xax. J'ai pris rendez-vous avec vous pour...

— Me parler ? lança une voix dans mon dos.

Je sursautai en me retournant. Pour tomber sur tout sauf un vieux savant fou, aux cheveux blancs, maigrelet et ridé. Non. Il s'agissait d'un top model en blouse de scientifique, croisée sur le torse. Occupé à nettoyer ses mains avec un torchon taché d'huile, il m'étudiait de la tête aux pieds, son demi-sourire faisant ressortir une fossette sur sa joue.

— Aaron Cadwall ? fis-je, dubitative.

— Lui-même. Mais, vous...

Il se rapprocha de moi à grands pas, pour regarder dans les yeux avec une telle insistance que j'eus un mouvement de recul. Butant contre un pan de mur, je lâchai un gargouillement de surprise lorsqu'il prit mon visage entre ses mains.

— Des 3XCF violettes ! s'exclama-t-il en me fixant le blanc de l'œil. Magnifique ! La production a été arrêtée depuis des années, je n'en ai plus vu depuis lors.

Il fit bouger ma tête d'un sens à l'autre, avec un sourire de plus en plus grand, avant de s'arrêter, pour me voir, moi. Ma stupéfaction était telle que je le laissai faire.

— Des yeux vintages, c'est terriblement sexy, murmura-t-il en m'attirant contre lui, une main sur mes reins. Un verre, ça vous tente ?

Une, deux secondes.

— Non, mais ça va pas, la tête !? explosai-je en le repoussant. Mes yeux n'ont rien de sexy, j'ai été énucléée pour en arriver là !

Il haussa les sourcils.

— Sans rire ?

Mince, pourquoi avais-je dit cela ? Furieuse contre ma saute d'humeur, je l'écartai de mon chemin, afin de m'éloigner à grands pas. Bon sang. Il était dingue, ce type. Je ne voulais pas être son agent de liaison.