L'adolescent battit des paupières, un mal de crâne étouffait ses sens et vrillait dans toute sa tête.
Il grogna, maudit son réveil de l'avoir tiré de la douce torpeur dans laquelle il était plongé.—Ta gueule, marmonna-t-il.
Il referma les yeux. Alors qu'il sentait Morphée lui tendre les bras, alors qu'il se préparait à plonger à nouveau dans un sommeil réparateur, des mains le secouèrent.
—Eh ! Ulysse! Ulysse, réveille-toi !
—Fous moi la paix, murmura l'adolescent dans un souffle.
—Si tu ne te lèves pas tout seul, dans vingt secondes, je te lance un seau d'eau à la figure !Ulysse fronça les sourcils, sans ouvrir les yeux pour autant.
—Même pas cap, trancha-t-il.
Il ramena la couverture sur ses épaules et s'enroula dedans, dans un cocon tout chaud et moelleux. Quelques secondes après à peine, un léger ronflement s'échappa de ses lèvres.
Et soudain...
FROID ! Froid, c'était froid ! L'eau dégoulina le long de sa colonne vertébrale, trempa son matelas et le fit hurler.
Ses paupières s'ouvrirent brutalement. La tête de son frère apparut dans son champ de vision, son air désolé le mit en rogne.
—T'as pas osé ! Je te déteste, je te jure que je vais me venger !
—Ah ouais ? Si tu voulais pas te réveiller, pourquoi t'as mis un réveil ? Hein ? Tu te souviens de rien ?Ulysse fronça les sourcils, tentant de son mieux de faire disparaître la douleur atroce qui grandissait dans sa tête.
—Je... Non, me souviens plus, avoua-t-il.
—La soirée ? L'alcool, la statuette cassée, les verres partout,...?À cette annonce, le jeune homme se liquéfia. Tout faisait surface par flashs, plus ou moins clairs. Tout s'enchaîna, les images défilaient dans sa tête, disparaissaient, d'autres les remplaçaient. Tout allait trop vite, il se sentit si nauséeux...
Il se leva d'un bond, son estomac se retourna, ses jambes peinèrent à le soutenir, il se précipita de son mieux jusqu'aux toilettes et y déversa tout ce qu'il avait bu et englouti la veille.
Ce fut penché au dessus de la cuvette que son frère le retrouva. Il le fixait d'un air grave et déçu à la fois.
—Tu ne sais jamais te contrôler de toute façon ! Et dire que je t'avais encore fait confiance cette fois-ci ! Je t'avais promis de te couvrir en échange de ton silence pour ma sortie chez Marc... Mais ça, ça ne faisait pas partie du deal !
Il balaya d'un geste de la main la salle de bain où se trouvaient les toilettes, couvrant en même temps le reste de la maison et son état déplorable.
—Je ne pourrai pas te couvrir quand les parents verront ça, sombre idiot!
Ulysse baissa les yeux, piteusement. Son frère avait raison, comme toujours. Bien qu'il fusse son cadet de quatre ans, il restait le plus mature, le plus sage et réfléchi. Il soupira, tira la chasse d'eau, se redressa et quitta la pièce.
Arrivé dans le couloir, il fixa le sol pour ne pas constater le désastre qui l'entourait. Il descendit les escaliers avec peine, se retenant à la rampe et déboucha sur le salon spacieux. Les deux canapés en cuir s'entassaient dans un coin, repoussés pour faire de la place. Et leur état épouvantable ahurit l'adolescent. Les deux fauteuils sur lesquels il avait passé son enfance à courir n'allaient être bons que pour une seule chose : la poubelle.
Il cligna des paupières, comme si ce simple geste allait chasser la catastrophe. Il rouvrit, comme à contrecœur, les yeux, et soupira, affolé. Non ! Cela ne pouvait pas être vrai, il avait juste invité cinq amis très proches, pas plus il n'aurait pas osé ! Il n'avait que douloureusement conscience des conséquences terrifiantes qu'organiser une fête chez-lui pouvait avoir. Et puis... Il n'y avait pas eu tant d'alcool que ça et...
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BOUM
Short StoryL'écoulement du temps est irrévocable : lorsque les secondes choisissent de disparaître, rien ni personne ne peut les arrêter dans leur course. Ulysse a tenté de les contrôler. Il a cherché à les ralentir, en vain. Le Temps décide, Ulysse subit. Le...