15. Nocturne

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Quelque chose en toi perce même la nuit la plus sombre.

C'est l'argent dans tes cheveux, peut-être ; un filon clair dans l'obscurité, qui ondule, souple et vivace, sous la lumière noire, et répand son cours sur un oreiller terne. Il est d'une clarté presque scintillante, dans laquelle j'aime souvent à entremêler mes doigts, et tu protestes et fais la moue parce que tu détestes cette couleur sagesse. Ce soir, marchand de sable, je m'en vais murmurer à ton oreille qu'aucun trait ne te sied si bien.

Ou alors c'est ton souffle ; vie et poussière de fée se confondent et s'exhalent dans l'air humide, s'échappent tendrement de tes lèvres entrouvertes sur lesquelles hier encore je posais un baiser. Parfois entrecoupé, saccadé, court bref riant ou encore geignant, dans ces moments seuls il est tranquille et soulève ta poitrine, avec cette quiétude que je ne te connais pas. Dans ces moments seuls se dépeint ton âme sur ton visage ; dois-je t'en faire le portrait ?

Pommettes hautes et fières, faible nuance rose – nul besoin d'en dire plus. Lignes rieuses autour des yeux, des sillons creusés par des faux joyeuses et violemment euphoriques, teinte étirée, parfois fatiguée, toujours admirable. Une pointe de mauve sous tes yeux, tu la veux partie, mais elle complète si bien la peinture que je ne résiste pas à l'envie de la tracer du doigt, pour t'en prendre un peu de pigment. La gorge pâle, doucement pâle, invite à la tendresse ; enfin les paupières et leur trésor pastel, lien caché vers un firmament qui me reste toujours secret.

Et la plus sombre des nuits est percée par ce ciel.

Et d'un même cri nous tissons l'infiniOù les histoires vivent. Découvrez maintenant