Le parc Xujiahui

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Ayant alertée toute la maison de la nouvelle, tout le monde se réjouissait pour Ying, elle allait enfin pouvoir accomplir ce qu'elle voulait le plus : devenir danseuse professionnelle et faire ses études dans une grande école à Paris.

Pour une chinoise comme elle, Paris, c'est un peu comme le rêve américain pour un français. La mode, les patisseries françaises, la tour eiffel, les hommes charmants. Elle s'imaginait déjà déambuler dans les champs elysées, à son bras un charmant français qui lui conterait des mots mielleux à l'oreille.

Pendant qu'à la maison, on se réjouissait de la nouvelle, la sonnerie de la porte se fit entendre. Ying posa le couteau qui servait à couper la tarte, et se dirigea vers la porte. Elle tendit la main et la posa sur la poignée dorée, cette sensation, le métal froid de la poignée lui glassait le sang. Cette impression qu'elle a, peut être que derrière cette porte, se trouve une mauvaise nouvelle, une nouvelle qui, comme dans les films Hollywoodiens que Ying regardait de temps à autre, peut annoncer la fin du commencement.
Elle ouvrit la porte, son bras se figea, le grincement de la porte lui semblait être celui d'un vieux manoir hanté, cette fut interminable pour Ying une goutte de sueur s'échappa, tomba par terre, la porte était presque ouverte "courage, tu peux le faire, c'est juste une porte après tout pourquoi as tu peur ainsi?" se disait-elle
Son bras fit un mouvement sec et soudain... elle vit ses amies, Liang et Ke Wei, toutes ces émotions pour au final tomber sur eux...

-Eh salut Ying, félicitation! Crièrent-ils à l'unisson
-Ah oui, merci.. riait-elle naïvement pour cacher sa nervosité

Ying les fit entrer dans le salon. Il était banal, composé d'un canapé simple, gris avec quelques motifs imprimés dessus, une table en forme de fleur posé au milieu de la pièce pour donner un effet habillé.
Il y avait également beaucoup de peintures et de photos accrochés aux murs, certaines représentaient des paysages de Chine, ou encore des guerriers de l'époque des empereurs et il y a aussi des photos de famille posées ici et là. Tout au fond se trouvait une grande cheminé orné d'une cloture d'or, c'était un imposant pilier qui se tenait à côté de la fenêtre lumineuse. Parfois, Ying repense à ce feu qu'ils allumaient tous les soirs en lisant et en regardant les infos, ce feu qui attisait une curiosité chez elle que même elle ne peut expliquer.

-Je reviens, restez sur le canapé, je vais couper la tarte. Dit-elle

Elle se précipita vers la cuisine pour finir le découpage de sa tarte, elle le coupe, en deux, puis en quatre, mais d'un geste brusque, elle se trancha le majeur de la main gauche.
"Aïe" gémissa Ying.

Elle s'absenta quelques secondes pour monter dans la salle de bain et aller chercher la trousse de secours, elle ouvrit un, deux, trois placards. "Ah, le voilà" elle prit les ciseaux qui se trouvaient dans sa chambre et coupa un petit morceau de bandage qu'elle fixa autour de son doigt, "ça y'est, ça ne saigne plus" dit-elle dans sa tête.
En se retournant pour quitter la salle de bain Ying remarqua un petit bout de papier plié par terre qu'elle prit et ouvrit, il disait ;

"Ce soir 21h, retrouve moi au Xujiahui Park, je ne te ferai pas de mal, viens seul."

Ying s'arrêta nette, elle était persuadée que le morceau de papier n'était pas là il y'a cinq minutes, qui a bien pue le mettre ici et que lui veut l'auteur de ce message?
Elle rengea le papier dans sa poche et se rendit au salon, faisant mine de rien.

L'après midi s'était bien déroulé, Ying discutait avec Liang et Ke Wei avant son départ à Paris dans une semaine.
Elle était dans sa chambre, écoutant de la musique avec ses nouveaux écouteurs, elle était à nouveau plongée dans ses pensées, elle pensait à un homme grand aux cheveux bruns, qui viendrait la prendre danser avec elle au bord de la Seine, Paris? Elle en était toute excitée à un telle point qu'elle fit un carnet avec toutes les choses à voir et à visiter.
Pendant qu'elle écrivait, la musique de son téléphone s'arrêta, elle prit alors ses écouteurs et les mit dans sa poche droite. Pendant que sa main se glissait dans le trou, elle se frotta à une surface un peu rugueuse, "le message sur le papier !" Pensa t'elle
Elle le prit et resta à nouveau immobile, elle pensait, elle réfléchissait plutôt. Doit-elle y aller au risque qui lui arrive quelque chose? Pas le choix, le mal était fait. Elle avait pour projet d'y aller, mais le problème, c'était ses parents...

Les parents de Ying sont des parents assez banals, ils aiment leur fille unique plus que tout, mais ils en deviennent aussi très protecteurs, ils ne la laissent pas sortir, ni avoir de petits copains.

Sa mère, Xiang, cuisinait pour son mari, Lao Fung qui rentrait tard du travaille, ils s'occupaient des ventes d'une grande entrprise chinoise, basé sur l'immobilier. Lao Fung alla féliciter sa fille d'être acceptée à Paris.
Les parents de Ying étaient très tolérants, et contrairement à l'opinion "chinoise" comme quoi danseuse pour eux, n'est pas un vrai métier, pour les parents de Ying ça l'était, surtout si leur fille allait y exercer.

À 20h36, Ying cherchait un moyen pour sortir de la maison discrètement, par sa fenêtre ? Non, trop dangereux. Par la porte de la maison peut-être ?
Non, trop bruyant. Elle se creusait la tête pour trouver une issue.. Bingo ! La salle de bain !
Dans la salle de bain se trouvait une espèce de petite fenêtre dans laquelle Ying pensait passer sans problème, mais là même problème que dans sa chambre, trop dangeureux.
Mais elle se rappella qu'à côté de la fenêtre se trouvait un tuyau servant à récupérer l'eau de pluie. Ying n'hésita pas, elle grimpa l'étagère, se faufila à travers la fenêtre, elle agrippa ces mains sur le tuyau et se laissa descendre.

Enfin elle était dehors, sous la brise d'hiver, elle avait enfilée des gants et un manteau pour se tenir chaud, elle avait bien pris soin de fermer la porte de sa chambre à clef pour faire croire à ses parents qu'elle dormait. "Pas de temps à perdre" disait-elle et elle se précipita vers le parc pour retrouver cette inconnu.

Arrivée aux alentours du parc, elle contempla les beaux arbres de Shanghai qui était recouvert d'une fine neige, tellement fine, qu'on aurait cru que c'était du sucre glace.
Le vent soufflait dans ses cheveux, les lampadaires illuminaient les allées, elle se sentiait libre, d'habitude, les premières fois sont toujours les plus effrayantes mais cette fois c'était plus quelque chose de palpitant.
Elle prit son téléphone et regarda l'heure : 20h57, elle n'était pas en retard, quand elle arriva devant le parc, les lumières des lampadaires étaient toutes éteintes, toutes sauf une, la lumière du lampadaire allumé montrait un banc où un homme avec un manteau noir était assis. Ying s'arrêta, elle observa sans rien dire, la palpitation se transforma en peur, le temps s'était arrêté, elle en était persuadée, c'était lui...

Le miroir de ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant