Un inconnu familié

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Il se trouvait là bas, il était bien là en chair et en os, vautré sur le banc à l'attendre, elle avança jusqu'à lui espèrant que ce n'était pas celui qu'elle pensait. Chaque pas qu'elle faisait était de plus en plus lourd, tout ce passé qui lui revient. Ce passé qu'elle avait définitivement oublié, du moins, qu'elle croyait avoir oublié..
Elle avanca vers lui au début, il ne l'a remarqua pas, c'est seulement quand elle ne se trouvait plus qu'à quelques mètres de lui, qu'elle lui fit remarquer en raclant sa gorge. Il ne bougea pas d'un centimètre, seul son regard se tourna vers Ying, ce regard blanc, à peine perceptible sous cette nuit noir.

-Ying, tu es venue finalement.

Cette voix, elle connaissait cette voix, c'était.. oui cette fois elle en était sure c'était Xin Zaho, son ancien petit ami. Ils se sont rencontrés quand Ying avait 16 ans et lui 19, de fil en aiguille, leurs sentiments éclatèrent et ils vécurent leur amour, au début, tout ce passait bien. Mais, Xin Zaho, lui, voulait précipiter les choses et directement passer à l'acte. Cependant, Ying elle n'était pas prête et ne voulait pas désobéir à ses parents. Sortir avec un garçon était déjà un grand secret à cacher, alors si elle devait rajouter celà, elle ne le supporterai surement pas.
Et puis, de toute évidance, son corps n'était pas prêt, elle même ne le connaissait pas bien, elle ne voulait en aucun cas se laisser faire.. mais ce Xin Zaho avait une idée derrière la tête et il comptait bien y parvenir.

Xin comme l'appelait Ying, c'était le petit ami que toutes les filles voulaient, il était attentionné, drôle et très mature.
C'était un gars qui savait profiter de la vie. Il avait perdu sa mère très tôt, à l'âge de 4 ans, elle est morte d'un cancer du poumon et cette perte ne resta pas sans conséquances sur Xin Zaho. Parfois, il pouvait être gentil comme un lapin, mais d'autre fois, il frappait Ying pour aucune raison, était violent, il s'enfermait dans une pièce et grattait, grattait quoi? On ne sait pas, tout ce que l'on sait c'est que ses ongles grattaient une surface à intervalles réguliers...

"Crac, crac" de plus en plus fort, "crac, crac" de plus en plus intensément, "crac, crac" de plus en plus vite, jusqu'à ce que celà cesse, il sort de la pièce se dirige vers Ying, la prend dans ses bras et la sert près de son coeur, son coeur qui battait à une vitesse folle, mais qui battait encore se rassurait Ying.

Alors une nuit de mars Ying prétexta dormir chez une copine pour la nuit, ces parents qui étaient d'habitude très protecteurs et vigilants, laissèrent leur fille passer une nuit chez son "amie".
En réalité, elle avait pour projet d'aller dormir chez Xin..
Arrivée devant, elle sonna rapidement à son appartement pour que personne ne la voit, à Shanghai, même si c'est l'une des plus grandes villes du monde, les infos tournent vite entre voisins.
Devant le palier de la porte de Xin, Ying eu ce même sentiment, ce sentiment qu'elle avait en ouvrant la porte de chez elle, ce sentiment d'inconfort en allant à la rencontre de l'inconnu, pourtant, l'inconnu, ne va elle pas y être confontrée tous les jours à Paris ?
Entrée dans l'appartement, Xin l'acceuillit froidement, un regard, c'est ce qu'il a fallut à Ying pour comprendre ce qu'il allait lui arriver.
Dans cette nuit sombre, Ying se fit violer. Elle n'en parla à personne, ni même à ses parents, trop honte du regard des gens, de cette société qui méprise les victimes et qui lui aurait dis, "tu n'avais qu'à rester cébalitaire".

-Toi.. Qu'est ce que tu veux ?
-Viens à côté de moi s'il te plaît.
- Pour me refaire la même scène ? Non merci, j'ai déjà bien assez de mauvais souvenirs comme ça.
-Je ne te ferais pas de mal promis.

Ying hésita, puis après quelques secondes de reflexion elle s'approcha.

-Je n'ai pas toute la nuit, dis moi rapidement ce que tu as à me dire.
-Je voulais d'abord m'excuser pour cette nuit là.. je ne souhaite pas en parler plus que ça, je pense que tu as déjà des mauvais souvenirs...
Je t'ai fais venir pour te dire que ton père n'est pas celui que tu crois, en réalité il ne travaille pas pour l'entreprise immobilière. J'ai fais mes recherches, et je suis tombé sur plusieurs informations. Ton père travaille en réalité dans un trafic de drogue bien organisé dans Shanghai, il emmène la drogue dans un centre commercial proche du cinéma Hengshan, il dépose la marchandise je ne sais où et ses coéqupiers viennent la récupérer plus tard pour la déposer dans des cargots en direction du brésil. À ce niveau là je n'en sais pas plus.
- Tu crois vraiment que je vais avaler tes mensonges?
- Je te le promets Ying, crois moi, je ne peux rien te dire pour l'instant mais il faut que tu me crois, je t'en prie, je sais que je n'ai pas toujours été juste avec toi mais cette fois je dis la vérité, tu en sauras plus dans quelques semaines, promis.

Ying ne voulant pas l'accepter, elle ferma les poings et se retourna, elle ajouta :

- Ah et j'oubliais, comment as-tu glissé le message chez moi.
- Un magicien ne dévoile jamais ses secrets, moi non plus.

Elle ne dit rien et s'en alla. Elle marchait, seul, en réalité elle déambulait dans Nanjing Road.
Des centaines de questions bombardaient son esprit.
Quoi ? Comment ? Pourquoi?
Tant de questions pour lesquelles elle n'avait aucune réponse.

Après une heure de marche dans Shanghai, elle arriva devant chez elle, les fenêtres étaient fermées et la lumière éteinte, c'était un bon signe.
Elle s'agrippa au tuyau qu'elle avait empruntée et l'escalada.
Après cinq minutes, elle réussit enfin à arriver au niveau de la fenêtre de la salle de bain, il lui fallut une petite impulsion sur la vitre pour que celle-ci s'ouvre, grâce à ces talents d'acrobate qu'elle aquérit pendant la nuit, elle réussit à passer à travers et à regagner la porte de sa chambre, elle prit les clefs de sa poche gauche cette fois et ouvrit sa porte avec le plus grand des silences. Elle se déshabilla et dormit aussitôt.

Le lendemain matin, lors de son réveil Ying n'osait pas parler ni même échanger un regard à son père, au fond d'elle elle voulait nier, mais il fallait avouer que son père avait adopté certaines habitudes qu'il n'avait pas avant. De plus la paranoïa de Ying prit le dessus, comme toujours.

Lao Fung, trop occupé à lire son journal ne remarqua même pas que sa fille était debout, il se précipita et s'en alla sans même dire aurevoir à sa femme et à Ying, ce qui ne l'étonna point. Elle se sentait vide comme toujours, mais cette fois avec un sentiment de trahison, son père, celui qui l'a élevée, lui, allait mentir à sa famille pour une histoire de drogue ?
Nan, c'est impossible. Cette idée, lui trotta dans la tête toute la journée jusqu'au soir, fatiguée de tous ces rebondissements, elle alla se coucher de bonne heure et espèrait rêver de Paris et de ses belles avenues.

Le miroir de ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant