Note 1 : Apprenti chasseur

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C'était un jeune garçon vivant à la campagne, il venait d'avoir 12 ans. Pour l'occasion, son père Frédérick décida d'initier son fils à la chasse, comme il lui avait si souvent réclamé. Frédérick se leva à l'aube et alla réveiller son fils qui dormait encore profondément.

— Allez debout marmotte ! ordonna le père tout en secouant légèrement la couverture du lit.

— En... encore... cinq minutes papa, protesta le fils en grommelant.

— Allons ! Tu sais bien que les bon chasseurs se lève de bonne heure pour attraper les meilleurs gibier, affirma t-il.

— Et si le gibier faisait comme moi papa ? questionna t-il.

— Comment ça ? rétorqua le père.

— Et si le gibier était toujours en train de dormir alors que nous le chassons ? Quémanda t-il à nouveau.

— Ces bêtes sont déjà éveillées depuis des heures si tu veux mon avis, elles n'ont pas le confort moderne que nous avons à la maison, donc elles se lèvent tôt pour chasser elles aussi, répliqua le papa tout en ricanant de la remarque absurde de son fils.

— Donc nous partons chasser des chasseurs ? demanda le petit garçon perdu dans les propos de son paternel.

— En quelque sorte... soutena t-il avant d'ajouter, il temps de se lever maintenant !

Tous deux se préparèrent alors à leur activité journalière. Ils s'habillèrent chaudement, regroupèrent quelques munitions, vérifièrent leur deux carabines et préparèrent des sandwichs pour se sustenter le reste de la journée, avant de se rendre en voiture aux bois qui se situaient à quelques kilomètres de là.

En arrivant, ils furent surpris pas un épais brouillard qui enveloppait la fôret. Le père, habitué des lieux, n'eut cependant aucun mal à trouver son chemin au travers de la brume. Ils descendirent de la voiture, arme à la main, avant que le père ne commence à énoncer quelques règles de sécurités.

— Règle numéro une, tu ne vises rien ni personne, garde le canon de ton arme toujours vers le sol. Règle numéro deux, tu ne tire pas sans ma permission. Règle numéro trois... Règles numéro sept... numéro douze... dernière.

Pris par l'excitation de sa première chasse, le jeune homme n'avait écouté que quelques une des explications de Frédérick.

— C'est bien compris bonhomme ? interrogea t-il.

— Oui papa !, répliqua son fils remplis d'enthousiasme.

— Très bien, nous partirons au nord puis nous rebrousseront chemin afin de retourner à la voiture pour manger tranquillement nos sandwichs, avant de s'enfoncer à nouveau à l'est des bois.

— Oui oui, acquiesça sa nouvelle recrue.

Père et fils avancèrent toujours plus profondément dans la sylve, toujours plus profondément dans le brouillard, toujours plus profondément dans la boue. Leurs chaussures en étaient presque imprégnées. Parmis les différents craquement de branches et cris d'oiseaux que le jeune chasseur ne manquait pas de signaler à son père, un son retena son attention. C'était un brame.

— Regarde par ici fiston ! s'exclama t-il.

En effet, on pouvait clairement distinguer la silhouette d'une biche à quelques mètres de là. C'est avec fierté que le père du jeune homme déposa son arme puis s'agenouilla au côté de son fils pour l'aider à effectuer son premier tir.

— Tu vois, il faut commencer par retirer le cran de sûreté... tenir bien droit son canon... aide toi du viseur...

Le garçon trop excité, peine à exprimer ses mots et se fait à nouveau surprendre par la fougue de son paternel.

— Tir ! ordonna t-il

Un énorme bruit retentit de l'arme et résonna à travers les bois. Le jeune homme ressentit alors un liquide couler sur ses joue et ses mains. Celui-ci pleurait de joie face à son premier tir qu'il avait tant convoité. Mais ce bonheur fut de courte durée. Le garçon était surpris par le manque de réaction de son tuteur. C'est en tournant légèrement la tête qu'il s'aperçut que le liquide sur ses mains s'avérait être le sang encore chaud de son géniteur. Pris de panique, il lâcha la carabine et resta figé sur place. Il ne pouvait qu'observer la silhouette de la bête s'affaisser au loin avec ses yeux livide. Il resta immobile un moment, essayant de se rappeler les consignes que son père lui avait donné plus tôt dans la matinée. Il repensait à leur conversation matinale absurde, il repensait à leur sorti en famille, il repensait à sa mère... Alors que l'orphelin demeurait plongé dans ses pensés, la brume se dissipa, dévoilant un autre enfant enlaçant un vieil homme dans ses bras...

Il venait d'être puni, puni pour avoir voulu porter atteinte à la nature qui ne lui a pourtant rien fait.

Il n'était plus chasseur, ni même recrue, mais un petit garçon de 12 ans, perdu dans le brouillard avec l'impression d'avoir tué son propre père.

Plume d'octobreWhere stories live. Discover now