ACTE 1 - CHAPITRE 8 - Faire équipe

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Les portes de métal s'ouvrirent sur le second étage du poste de GrandCentral. Une longue allée s'étendait devant les Aristocrates, séparant l'étage en deux : à droite, il semblait y avoir plusieurs bureaux et salles fermés avec des rideaux pouvant devenir opaques. Il y avait même dans le coin le plus proche une petite salle de pause, la porte entrouverte permettant d'apercevoir l'imposante machine à café du poste, loin d'être dernier cri d'ailleurs.
Dans la partie gauche de l'étage se trouvait un sorte d'open-space, avec trois "blocs" de bureaux en carré, semblant former quatre postes de travail chacun. Les officiers semblaient entassés sur ces maigres bureaux dégueulant de dossiers et de papiers en tout genre, avec leur téléphone à roue dans un coin, ces derniers laissant à peine assez de place pour pouvoir écrire à plat.
Dans le fond, Axel devinait le bureau du capitaine du poste, ainsi que les probables salles d'interrogatoires qui devaient le jouxter.

Le standardiste leur indiqua la troisième salle de droite, prévenant que l'inspecteur était actuellement occupé avec le reste de son équipe mais qu'il n'allait pas tarder. Emilia passa devant - les dames d'abord, suivie de près par Axel, ce dernier scrutant chaque visages se tournant dans leur direction. Il pouvait parfois lire du mépris, et d'autre fois de la fascination. Oui, dur d'être célèbre.

Pénétrant dans la salle d'attente, la mauve alla s'installer dans l'un des canapés longeant le mur du fond, à côté de la machine distribuant de l'eau fraîche, posant son ombres se contre l'accoudoir. Elle tira un gobelet, se servant, avant d'en proposer à son ami qui déclina gentiment, restant debout à faire les cent pas dans la salle. La patience n'avait jamais été son fort.
Portant le plastique à ses lèvres, elle observa les allés et venus dans le couloir à travers la vitre, guettant l'inspecteur barbu. Elle espérait que l'attente ne soit pas trop longue car Axel risquerait d'exploser entre temps. Cette pensée la fit sourire, se sentant bien plus légère depuis qu'elle avait quitté l'appartement de Sarah.
Un crissement mécanique attira son attention à sa gauche, en direction de la salle de pause et de la machine à café. Une étrange odeur semblait se répandre dans l'air... Un problème de filtre, pensa-t-elle presque immédiatement. Elle se leva, passant une tête pour voir la dite machine, observant le pauvre officier en train de triturer les différents boutons alors qu'une épaisse fumée brunâtre s'en échappait. Entendant l'appel au secours de la pauvre chose faites de boulons et d'acier, elle s'avança d'un pas décidé, sous le regard médusé de son amie d'enfance.


« Laissez moi faire, je suis ingénieuse,» dit-elle sur un ton autoritaire, rabattant ses lunettes sur son visage.


La demoiselle passa une main dans sa besace, en sortant sa métrique - une sorte de petit appareil circulaire métallique, ce dernier permettant d'analyser des vibrations dans les tuyaux et donc la pression dans les appareils. Elle positionna le rond de la taille d'une main sur la tuyelle principale servant de distributeur de pression, puis le déplaça de tuyaux en tuyaux avec une précision presque chirurgicale.
L'officier, d'abord surpris par sa vive intervention, sembla se renfrogner. Il s'apprêtait à réprimander la jeune fille pour son arrivée non-désirée que déjà le brun avait une main sur son épaule, le dépassant d'une demi-tête, chuchotant à voix basse.


« Si vous tenez à votre café, laissez la faire, elle s'y connaît. »


De son côté, Emilia avait identifié une obstruction dans l'un des cathéters de la machine. Tournant l'alimentation pression au minimum et coupant l'arrivée d'eau, elle prit de sa main libre sa clé à molette, tournant machinalement le boulon soutenant le secteur jusqu'à pouvoir tirer le tuyaux bouché, y insérant une fine tige en cuivre pour tirer les substances résiduelles et déboucher la canalisation. Enfin, elle souda le tout une nouvelle fois, comme si de rien n'était, essuyant ses mains couvertes de liquide caféiné malodorant dans un torchon couvert de tâche.

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