Croyant que c'était un décepticon, je pointais mon arme sur sa tête, prête à tirer. Il avait peur ; levait ses mains en l'air, et m'a hurlé : "Je suis un autobot ! S'il te plaît, ne tire pas !"
Je l'ai regardé, un sourcil froncé, il a alors ajouté "...
Nous arrivions à mon abris, Rung ne pouvait pas beaucoup marcher, au lieu d'avoir prit deux heures, nous avions prit quatre. Il s'excusa toutes les minutes quand je lâchais un soupire épuisé, il essayait même de devenir plus léger dans ses pas, mais on aurait dit qu'il souffrait encore plus. C'était un des miens, je ne pouvais me donner le droit de l'abandonner ou voire pire, le laisser se débrouiller tout seul. Un rein gauche souffrant, et de l'énergon lui coulant de la bouche. Je n'arrêtais pas de l'essuyer chaque toussotements qu'il produisait.
Y a pas à cacher, j'étais inquiète pour son état, bien superficielle était-il. Alors que j'apercevais mon abris souterrain, je sentais Rung gémir et se laisser tomber.
Non, lâche pas !
__ Rung, fais un petit effort, allez.
__ J... J'... J'essaye... Chuchotait-il trop affaibli par la douleur.
Je le ramenais plus vers moi, afin que Rung s'appuie plus. J'étais fatiguée moi aussi, et il ne me restait plus que quelques pas. Fichue pluie... En générale je l'aime, mais ces rafales de vent me brouillaient plus la vue qu'autre chose, et le froid devenait insupportable.
Enfin dans mon refuge, j'allumais le générateur qui fit un bruit sourd et très fort, accédant ainsi à la lumière dans toute la pièce. Qu'est-ce que ça faisait du bien d'être rentré, cependant les gémissements de Rung me firent ramener à la réalité.
Je le posais là, sur un canapé que j'avais moi-même amélioré pour qu'il soit de taille à supporter mon poids et ma taille, et la corpulence de Rung allait très bien avec mon canapé. Puisque je faisais 5m10, pour Rung mon bien était assez grand pour lui. Je le laissais se reposer le temps de prendre ma trousse de secours. Je me dépêchais de soigner les blessures les plus profondes, en prenant soin de laver son visage.
Après ça, il était complètement fatigué. Je ne voulais pas l'empêcher de dormir, alors je partis dans la pièce d'à côté pour qu'il s'endorme. Mon chez moi était grand, peu éclairé, mais équipé. Il y avait plusieurs pièces, assez éloignées des unes et des autres, un humain serait entré dans cette bâtisse, il aurait dit "oh, mais c'est un bunker !", malgré les tunnels en guise de couloir, et les caisses traînant par-ci par-là, ce n'était pas un bunker. Mais un souterrain modifié par mes soins. Mon arrivée ici datait de dix ans. Ou peut-être douze.
Si Rung était un psy, alors ça voudrait dire qu'il était dans la division de médecine, enfin du moins je crois... Depuis que j'ai quitté Cybertron, je ne me souvenais plus trop de ma natalité.
Je lui poserai la question peut-être plus tard.
Je pénétrai dans ma chambre, j'avais beau ajouté ma touche personnelle, ce bon vieux endroit ressemblait à un taudis : au plafond vous verriez des énormes tuyaux, et les dortoirs, de simple lit en métal, et sans matelas ou matériel confortable pour passer une bonne nuit. Et ce soir-là, je savais impérativement que Rung n'allait pas dormir sur ces lattes métalliques et rouillées, pas avec le mauvais voyage qu'il a passé.
Cela faisait si longtemps que personne n'était venu dans mon refuge... Sans doute que ça m'aurait fait plaisir qu'on s'inquiète pour moi, en m'envoyant un peu de renfort, cependant, tout le monde me croyait si débrouillarde et solitaire qu'ils ont cru que je pouvais résoudre moi-même le problème de "il faut sauver la Terre".
C'est à ce moment-là que je me rendais à quel point je me sentais aussi seule, que pendant toutes ces années j'avais renié le fait de voir un autobot un jour dans cette zone.
__ Tu te sens mal, pas vrai ? Je peux dormir ici, si tu le souhaites.
__ Qu-Quoi ?! Sursautais-je en me tournant vers mon interlocuteur. Qu'est-ce que tu fais debout ?
Rung me souriait, ignorant ma question :
__ Je le savais bien que tu avais un trop lourd fardeau, et cette mission te pèse, en plus de savoir que personne n'est venu t'aider, continua-t-il.
Il lisait en moi comme un spark ouvert, pourquoi diable s'inquiétait-il autant pour moi ? Comment savait-il mes tourments, ceux que je n'avais jamais dévoilé à quiconque ?
__ Je ne le sais pas, je l'ai remarqué, c'est tout, adoucit-t-il, je suis psychiatre, on ne dirait pas comme ça mais j'ai aidé beaucoup des Cybertroniens après la Grande Guerre. Même Ratchet, en personne !
Ratchet ? Le Ratchet ? Le plus grand bras droit et loyal ami d'Optimus Prime ? Ce mech était une légende pour ceux qui intégraient les forces guerrières et médicinales. Son savoir et sa sagesse ne faisait qu'un, et il nous donnait des conseils et leçons qu'on gobait en un rien de temps.
__ Gnn, s'étira Rung satisfait de son repos et de ses soins, je serais heureux de pouvoir t'aider, ne serait-ce qu'un peu. Douze ans maintenant que tu es partis, ne serait-ce pas le temps de parler un peu ?
__ Qu'est-ce...
__ Vas-y, insistait Rung en posant sa main sur mon épaule.
Je soupirais, gênée. Parler n'était que factice à présent, quand je l'ai rencontré, je m'étais même surprise de savoir encore prononcer des mots ! Mais communiquer, c'était tout autre chose, je me trompe ? J'allais en placer une, mais c'est alors que je vis Rung enlever quelque chose de sur ses yeux, comme des lunettes. Il dégageait un air attendri alors qu'il nettoyait simplement ses verres, et il ne me regardait pas, trop concentré.
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Ses yeux étaient finalement plus fins et tracés que je ne l'aurais pensé, d'un bleu ciel, tandis que Rung se tournait vers moi, je souriais, sans savoir la raison. Non, j'étais contente de rencontrer un autobot sur mon chemin, en un espace de douze ans.
__ Alors ? Souriait-il. Je sais, j'ai l'air plus beau mech comme ça, haha ! Riait-il nerveusement en finissant de nettoyer ses lunettes. Mais quand je suis en mission ou hors d'un endroit sécurisé, je les mets pour mieux travailler dans mes maquettes, je vois mieux quand je les porte. Et puis... Ça me gêne quand on me regarde avec des yeux exorbités quand je les enlève...
Il prenait place sur ce que j'appelais "mon lit", qui n'était que pourtant lattes, ne l'oublions pas. Rung attendait les genoux croisés un par-dessus l'autre, ravi que je commence à parler. Il était accompagné par une sorte de tablette orange Cybertronienne.
__ Quand... J'étais encore sur Cybertron... Je... Ben... J'étais que mech éclaireur en fait, bégayais-je ne voulant pas croiser son regard. Mais dans une mission, trop dangereuse pour mes anciens... Collègues ? Ben... J'ai été reconnu comme guerrière.
__ Et tes premiers jours sur Terre, tu as ressentis quoi ? Me demanda Rung qui m'écoutait attentivement.
__ De... La curiosité, enfin, je pense, ensuite, les premiers jours étaient difficiles : pas d'abris, ni de nourriture, et encore moins de signe de vie... Si-Si on enlève les décepticons bien-sûr. D'ailleurs, ajoutais-je en posant mon regard dans le sien, tu dois avoir faim, non ?
Rung riait aux éclats, embarrassé.
__ Hé hé ! Je te le fais pas dire !
Il se releva, joyeux. Mais aussi satisfait que son travail lui servait aussi pour moi. Je souriais, et lui montrait le chemin à prendre. Nous parlâmes de tout et de rien, enfin, surtout lui, moi je me contentais juste de hocher la tête et d'affirmer ses dires.
