08. Sinistrogyre

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Je vais bientôt atteindre les 100 vues ! Je suis déjà content d'être à l'heure jusqu'à aujourd'hui, mais j'aime les paliers. Un chapitre un peu important, mais pas trop, je ne sais pas... On y retrouve Roman Holmes et Lou Doyle, la Poufsouffle du Poudlard Express.



Roman soupira et, dans le même temps, se pinça l'arrête du nez en fermant les yeux. Il était fatigué. Une heure qu'il était sur ce devoir d'Histoire de la Magie et il en pouvait plus. Quelle idée d'avoir pris cette matière pour les ASPIC ! C'était stupide et ça n'allait lui servir à rien. Il avait choisi cette matière parce qu'il avait des facilités à retenir toutes ses informations : les noms, les dates, les événements. Il savait par cœur les Gobelins qui étaient importants pour la Révolte et il savait que ça serait une note « facile ».

Mais, là, il devait avouer qu'il n'en pouvait plus.

Il ouvrit les yeux et contempla les cinquante centimètres de parchemin qu'il avait déjà gratté pour son devoir à rendre pour dans trois jours. Il lui en manquait quinze pour finir ce devoir, ce qui lui paraissait bien trop. Il avait déjà mal à la tête.

Il reconnaissait ses symptômes : cette douleur aiguë derrière le crâne puis entre les deux yeux, et les taches de couleurs dans son champ de vision. Des symptômes qui lui criaient « arrête ça maintenant, ou tu vas le regretter ». Roman n'était pas stupide et avec un dernier soupir, ferma l'ouvrage ancien ouvert devant lui et roula son parchemin. Il rangea le tout dans son sac besace noir et quitta la Bibliothèque, non sans avoir dit « au revoir » à la bibliothécaire.

Il se dirigea vers l'Infirmerie. Sa vue était floue et il commençait à ne plus savoir marcher droit. Il s'appliqua néanmoins à ce que ce soit pas visible pour les élèves qu'il croisait. Il avait quand même sous-estimé son temps de travail ; avoir passer la matinée à se renseigner sur les nouveaux membres du trafic de potion d'Iris Carter l'avait épuisé bien plus qu'il voulait ne l'avouer. Si sa mémoire était très bonne, ce n'était pas si simple de retenir ce qu'il entendait. Et voilà à quoi ça le menait de la faire trop travailler : l'épuisement psychique.

À l'Infirmerie, il eut la surprise de voir Lou Doyle, assise sur un des lits. Elle avait le teint pâle et du sang sur sa robe de sorcière. Elle regardait ses mains, couverts de pansements. Il écarquilla les yeux, étonné de voir la Poufsouffle dans un tel état. Oubliant instantanément sa propre douleur, il se dirigea vers elle.

— Il t'arrive quoi, Lou ?

Elle releva ses grands yeux verts vers le Serdaigle. Elle avait un regard un peu lunaire, un peu ailleurs. Il se demanda si traîner avec Luna Lovegood ne finissait pas par déteindre sur elle.

— Roman, quelle surprise ! Je me suis un peu blessée tout à l'heure. Madame Pomfresh s'occupe de moi.

Comme si elle avait entendu son nom, la vieille infirmière de Poudlard se dirigea vers eux, portant dans ses bras quelques fioles.

— Monsieur Holmes ! Que faites-vous là ?

— C'est vrai, ça. Que fais-tu là, Roman ?

Roman n'aimait pas vraiment parler de ses problèmes devant d'autres élèves de Poudlard. Il gardait pour lui ses maux de tête, ses migraines qui le clouaient au lit parfois deux jours. Même à Hannah, il cachait l'importance de ses crises. Alex avait fini par l'apprendre en le croisant à l'infirmerie et en lui posant la question. Mais c'était bien l'un des rares à savoir.

— Je viens pour la même raison que d'habitude, Madame Pomfresh.

Madame Pomfresh hocha la tête, tout en conservant une mine un peu circonspecte : elle voyait le Serdaigle depuis la première année, et ne comprenait pas pourquoi il tenait tant à cacher ses douleurs. Il y avait bien longtemps qu'elle abandonnait l'idée de comprendre les adolescents qu'elle soignait.

— Je m'occupe de Miss Doyle. Tu peux t'installer sur le lit voisin si tu veux.

Roman accepta avec un plaisir qu'il dissimula avec aisance. Ses jambes commençaient à le plus vouloir le porter. Il ferma les yeux tandis que Madame Pomfresh continuait les soin de Lou Doyle, séparée de lui par un rideau moche – dont il connaissait les motifs et autres couleurs fanées par cœur.

Madame Pomfresh lui donna une potion au goût acre, la même potion que d'habitude – une qui faisait taire sa tête et engourdissait son corps. Il n'était jamais bien aisé de parler durant la demie-heure après la prise de la potion. Aussi, quand Lou lui posa une question, il regretta d'avoir un cerveau qui marchait trop vite :

— Tu sais qu'on dit que Hannah sort avec toi et Alex en même temps ?

Roman grimaça : en voilà un sujet qu'il ne voulait pas aborder en pleine crise ; mais Lou était douce et Lou ne savait pas qu'il avait atrocement mal à la tête. Il se concentra pour répondre :

— Je sais, oui.

Il ne rajouta pas que ça faisait des années qu'« on » disait ça et que personne n'avait jamais eu vraiment la confirmation – pas la force.

— Moi, je crois que c'est vrai. Mais que vous pouvez pas le dire pour les moqueries et les insultes. Je trouve ça dommage. Vous êtes mignons, tous les trois.

Roman marmonna un « merci » et finit par s'allonger sur le lit. Il espérait seulement aller mieux d'ici le repas du soir, pour ne pas inquiéter ses camarades – et Hannah.

— Tout à l'heure, j'étudiais une boule de cristal pour le cours de divination. Je me posais des questions sur l'avenir et la fumée a tourné à gauche. Le mot exact c'est sinistrogyre, tu sais ? C'est drôle de constater que le Sinistros est aussi un présage de mort en divination. Non ?

Roman ne comprit pas tout de suite l'importance des mots de Lou. Trop fatigué, trop ailleurs.

— Oui, c'est drôle.

Et il continua, comme pour ne pas laisser s'installer le malaise :

— Au fait, Lou, tu pourrais éviter de dire aux autres que j'étais à l'Infirmerie s'il te plaît ?

Lou n'eut même pas le temps de répondre qu'une voix familière chuchota :

— Petit con.

Roman ouvrit les yeux pour voir que Hannah avait été bien trop rapide pour qu'il ait une chance de taire son passage à l'Infirmerie avant qu'elle ne sache. Elle l'embrassa sur les lèvres et répéta une nouvelle fois « Petit con ». Elle avait une mine inquiète et lui serra la main trop fort. Il ne lui dit pas qu'elle lui faisait mal, ainsi. Il sourit légèrement – impunément – et chuchota :

— Désolé.

— Petit con.


NB : Lou a le Troisième Œil.

Cela n'a rien à voir avec Sherlock HolmesWhere stories live. Discover now