TOUT TOURNE. Je crois que j'ignore où je suis. Mais si seulement j'avais pris de l'eau. Une odeur sucrée m'enveloppe en même temps qu'un doux sentiment évolue au fond de ma cage thoracique. Pourquoi tout me semble inconnu ? Est-ce que je deviens folle ? J'entends des pas s'approcher, oui, aucune folie ni même amnésie m'a pris. Je ne suis tout simplement pas chez moi. Pas dans mon immeuble. Pas avec mon chat. Pas dans une journée banale où tout me semble normal. Non, je suis chez un inconnu, dans sa journée banale.
Lorsque le porte s'ouvre je ne prends pas la peine de me relever, ni même de voir qui est la personne à l'entrée de la chambre. Je crains de voir la personne. Et si c'était un pervers, un enfant, mon professeur d'histoire de l'art, ou pire, un homme de mon âge.
Je crains le pire.
Je m'arrête net dans mes pensées lorsque je sens qu'on s'assoit près de moi sur le lit. Une odeur d'homme mélangé à l'odeur d'un gel douche au citron se bouscule dans mes narines. Bon dieu, cette odeur est magnifique. Alors que je rêve de plongé mon être entier dans cette odeur, un raclement de gorge me surprend, paralysée. L'idée de voir un visage devant moi m'effraie. Tout de ma soirée est embrumée, rien ne me vient et je rêve de pourvoir crier et me taper la tête dans tout les sens pour pourvoir me souvenir. Mais rien ne me vient.
Un deuxième raclement de gorge résonne dans la chambre. Je frisonne. J'agrippe avec plus de force le drap qui me recouvre. Allongée sur le flan, je ne vois rien mais je sens ses yeux. Je sens son regard. Je sens cette tension, ni électrique, ni sexuel, non juste tendue. Désagréable. Décidée je m'assoie droite encore sonnée par ce réveil inhabituel et son regard fixé sur ma peau. Tête baissée, je me pose contre la tête de lit. Le drap glisse tout doucement pour finalement s'étendre sur mes jambes, je respire plus facilement en remarquant que je porte tout de même un tee-shirt alors qu'une culotte me fait office de bas. Et bien contre moi je remarque que le tee-shirt n'est pas à moi. Bon dieu qu'est-ce que j'ai fait.
Un plateau où est disposé un croissant glisse à moi. Je ne peux alors que relever les yeux. Surprise. J'arrête de réfléchir, de penser, de respirer, de comprendre. Tout est suspendu à ça. A l'instant où mon regard est remonté à ses yeux bleus. Bleu nuit, si nuit que les étoiles ne pourraient éclairer ce ciel. Un rictus espiègle se dessine sur sa bouche. Une chaleur écrasante brûle toute ma peau. Sans le vouloir je baisse de nouveau mes yeux.
- T'es enfin réveillée.
Le temps se suspend directement. La froideur de ses mots a clairement glacé la chambre. Son ton mauvais à vite remplacé son physique. Personnalité merdique. Connu, typique. Ce n'est pas surprenant, il fallait que je pense avoir de la chance.
- Qu'est qui c'est passé ? Je réponds après m'être racler la gorge tout en relevant le regard vers le sien.
Je n'ai plus envie de parler, ni de converser. Je préfère avancer au moment qui m'intéresse, ainsi hier soir.
- Je sais plus trop, mais je t'ai pas baisé ça s'est sûr. Sa voix résonne dans la chambre sous le poids de ses mots.
Un dégoût profond se confond à mon frisson. Ses paroles sont si crues et si blessantes, et je ne sais même pas pourquoi une telle méchanceté.
- Cette information était inutile.
Énervée, je me lève en reversant le plateau du lit. J'aurais dû avant de m'énerver manger le croissant qui brillait au coin de mes yeux. Je récupère mon jean accroché à une chaise collée à la vitre de la chambre. Il pleut, super. Je tourne sur moi-même pour retrouver le reste de mes affaires. Fin prête, je prends le délicieux croissant et plante mes yeux dans les siens impassibles.
- Bye, connard.
Sur ce final, même si il y a eu peu de réaction, je claque la porte derrière mon dos. Et quand je commence enfin à marcher sous la pluie en mordant dans le croissant, je ne comprends toujours pas pourquoi toute cette chaleur est restée stockée dans mon corps.
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Many Jerks
RomanceEst-ce que je suis un « sûrement pas » ou plutôt un « possible » ? Ma vie est-elle ennuyante et désastreuse ou elle est légèrement calme avec des rebondissements ? Est-ce que ça vaut le coup de ce prendre des « ça c'est sûr » ou de tout simplement a...