ICY HEAT TO THE BODY

26 1 0
                                    


JE ME LAISSE glisser le long des personnes. Recevant des coudes ou bien des regards, je fixe que mon but au fond du couloir. Je ne fais que marcher vers la piste où tout un troupeau est agglutiné sous des lumières tamisées. La chaleur posée dans la pièce me fait déglutir d'envie. Là, présentement, je ne veux que danser et boire. Ou bien boire et danser. Une musique résonne autour de moi, un vieux morceau rock. A ce signal je ne réfléchis plus. Trouvant finalement une place, au milieu des inconnus, l'extase m'emporte.

Je veux crier au combien ce monde est un monde de merde, d'injustice, je veux faire résonner mon envie de vivre. Au combien survivre me fatigue. Je veux montrer que je ne suis pas Alice, peureuse du monde extérieur, non juste une fille parmi tant d'autres dans cette pièce de transpiration et d'alcool. Profitant de ce moment, de cette paix. Je ne réponds à plus rien à part au son projeté, qui tape contre mes tympans. Puis je ne perçois pas les mains glacées qui se posent sur mes hanches ni même au souffle hérétique déposé dans ma nuque. Non, rien de cette soirée est réfléchie.

Je danse et ne fais que ça. Je danse si fort que mes pieds tapent, rapent le sol crasseux. Tout est en suspend, et là, je comprends que je ne suis pas seule non il y a juste lui. Lui qui s'approche, qui se colle à moi. Pourtant je continue, comme une inconnue à mes yeux, à danser. Je veux vivre. Je veux montrer que je suis heureuse. Que j'aime ce moment.

  Et que moi Alice vit.

Tout tourne autour de moi comme dans un vieux film d'années 50. Et je me laisse emporter par le flot d'alcool dans mon sang. Je laisse les grandes mains glacées me serrer, me tenir fortement. Je ne perçois même plus la réalité. Est-ce que demain je me réveillerais dans ses bras ou bien dans mon lit ?  Rien ne semble fonctionner et j'arrête, oui. J'arrête. Je laisse ma tête reposer sur son épaule. Laisse le souffle se transformer en baisers. Et les baisers en mots. Ma danse devient lente, sensuelle sans le vouloir.

Et je finis par comprendre que je me perds. Les mains m'entourent plus fortement comme un élément de possessivité. Et je me sens bien. Mes hanches cognent de droite à gauche. Balancent au rythme de mes envies et je comprends enfin la sortie de cette soirée. Que ces mains glacées vont me couvrir pour le reste de mes pensées. 

Elles remontent, me câlinent, me retournent et me transpercent. Je le vois du moins j'essaie. Je maudis la lumière d'être si basse, si noire. Je maudis toutes ces personnes qui me poussent, qui nous dérangent. Je me maudis de ne pas pouvoir me jeter dans ses bras et de l'embrasser. Je me maudis de savoir que demain je ne me rappellerais de rien.

Il sourit et me fait tourner une nouvelle fois. Je me laisse donc emporter, peut être que c'est mieux comme ça. Peut être que je suis trop moi pour l'instant pour espérer plus. Je verrais de toute façon demain.

Many JerksOù les histoires vivent. Découvrez maintenant