SHIVERING HEART

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⭕️ Mettre music

J'Y SUIS VENUE. Comment ? Les demandes incessantes de mes amies depuis une semaine. Alors oui j'y suis devant ce même endroit. Devant cette même enseigne dessinée par des néons verts. Devant ce même homme qui me fixe, qui observe, si l'âge écrit est le vrai, si j'ai l'air vraiment mature. Malgré ma tête de gamine, il me laisse tout de même passer. Hélas. J'aurais pu y échapper. Mais non j'y entre entourée de mes amies mannequins.

Je ne reviens toujours pas que j'ai accepté, peut être à cause de la remarque intelligente de Justine, du fait qu'elles ne pourraient pas rentrer bourrées, entourées d'homme près à tout pour les avoir dans leur lit. Ça à sûrement aider. Ma gentillesse me perdra.

Alors oui j'avance entourée des deux, dans ce même couloir. Je finis par lever les yeux et par regarder les gens, est-ce que je vais le voir ? Je n'espère pas. Vraiment. Ne le voyant toujours pas, je relâche un souffle chaud coincé depuis bien longtemps. Ce ne sera pas se soir que j'aurais honte.

Moi qui m'avais promis de ne plus venir. M'y revoilà, sur cette même piste où j'ai cru être moi-même un quart de seconde. Maintenant que je la revois, je me demande comment j'ai fait pour le croire. Je finis par détourné les yeux.

- je crois qu'il est temps pour moi d'aller chercher du mâle et de la femelle ! Cri Justine à mon oreille gauche alors qu'une music lancinante démarre. Je serais sûrement sourde ou aphone demain.

- bois pas trop, moi je vais voir un pote là-bas je reviens vite Al. Me dit Elie tout en souriant. Il ne doit sûrement pas être qu'un « ami ».

-...ok.. bah..moi, je vais au bar..
A peine finis ma phrase je me retrouve seule.

Super soirée en vue.

Me frayant un passage avec difficulté, j'arrive enfin à m'assoir sur le dernier tabouret. Fière de ma trouvaille je me permet de sourire sadiquement aux autres encore debout. Je commande un coca et pose mes coudes sur le bar, dire qu'en ce moment même j'aurais pu être dans mon lit, Netflix allumé, mais non je me retrouve seule avec comme seul ami un coca chaud. J'ai rêvé mieux.

Ennuyée je finis pas sortir mon téléphone de la poche de mon jean. Et clique sur ma petite application Twitter, et finis par y plonger. Je défile les tweets sans vraiment les lire, juste pour passer le temps. Et quand mon fil d'actualité terminé je repose mon téléphone et à la place je prends mon coca. Lançant mes jambes à quelques centimètres du sol je me perds dans le fond de mon verre.

⭕️

Un nouvelle music survient, plus douce, plus sensuelle. Je regarde les couples avancer vers la piste suivi par d'autres personnes qui viennent sûrement pour se coller à une fille pleinement elle même, sûrement.

Dégoûtée, je détourne le regard, c'est bon je l'ai compris que j'ai été plus qu'écervelée à danser seule, à laisser ses mains me tenir, et bien sûr à oublier cette fin de soirée. J'ai été irréfléchie, imprudente, inconsciente et bien d'autres si vous en trouvez. Et même si je la regrette, oh comme je la regrette, je pense que si je devais la revivre, je la revivrai et la regretterai encore et encore.

Mais bon chaque regret et chaque remord restent a jamais.

Me reperdant dans des pensées lointaines, je ne sens n'y la présence proche de moi, ni le regard insistant mais seulement la petite tape sur mon épaule gauche. Croyant que ce soit Émilie ou bien même une Justine éméchée, que nenni ce n'est aucune d'elles. Juste lui. Oh, si on m'avait dit que je le reverrai avec ses yeux je n'aurai peut être pas rit mais j'aurai plus que contester. Et bien, non c'est bien ce regard qu'il me lance.

Comme si ce regard était admiratif, soucieux et luxuriant. Rien que ça ?

-Qu'est que tu fais ici ? Pour l'hostilité on repassera plus tard.

-Je m'amuse.

-En étant assise sur un tabouret.

-Chacun s'amuse comme il veut, certain en rabaissant les autres. Je m'arrête quelques secondes à la suite de ces mots en le fixant. D'autres en restant assis sur un tabouret.

Il me regarde comme si j'étais d'un autre monde. Ne se souvient-il pas de cette soirée ? Ou de ce matin ? Moi, oui et le voir là, ne me donne aucune envie de discutions.

- t'as de beaux yeux. Me dit-il en me fixant, d'une voix douce, en suspens. Il me regarde, il ne fais que ça et ça me fais déjà de l'effet.

Être une fille comme moi qui n'a aucun contact avec des hommes, un rien peut vous dérouter. Du moins je crois. Je le regarde, je fixe ses pupilles. J'essaie de ne pas mettre d'importance à ses mots. Plus que doux pour une bouche comme la sienne. Je plonge dans ses yeux comme il se permet de le faire avec les miens. Est-ce qu'il joue ? Suis-je un jeu à tester ?

Un gars comme lui doit bien s'amuser avec des filles comme moi.

- un bleu bizarre mais beau. Finit-il par dire sur un ton non-assuré. En laissant sa phrase, avec une impression de « pas fini » désagréable.

Comme si il avec peur que je le prenne mal ou même que je comprennes le mauvais sens de ses mots. Même une écervelée comme moi comprendrait son jeu.

- tu veux quoi ? Le numéro de mes potes ? Justine ou bien la gentille Émilie ?

- hein ?

- désolé, mais je suis pas cupidon, soit un grand garçon et demande leur. Je termine en tournant mon regard vers mon coca.

- je.. nan je.. ouais t'as raison. Il finit en tournant son visage vers la piste. Son corps encore appuyé sur le bar se relève d'un effort semblant lourd. Tapant ses derniers doigts longs, et secs sur le bois rêche du plateau, il part sans se retourner vers la sortie.

Comme les autres qui vendent leurs compliments avec des intentions pas tellement bien secrètes. Alice c'est fait encore avoir. Bravo au paris, l'argent mis en jeu a sûrement été un régal pour vos yeux affamés.

- Alice faudrait y aller, Justine est trop bourrée. Me crie Émilie, je sursaute au son ne l'ayant pas entendu venir.

- ouais j'arrive. dis-je d'un ton bas, dépitée de cette soirée.

Je me lève et prend le second bras de Justine pour le poser sur mes épaules, l'autre ayant été pris par Émilie. Et on se dirige enfin vers la sortie.

On marche dans le couloir éclairé d'une lumière verte, de l'autre sens de notre entrée. Un frisson me traverse quand un vent frais se prolonge le long des murs. S'approchant de la sortie je le revois, cigarette à main. Il me regarde aussi, ses yeux fond un rapide détour sur mes amies avant de revenir à moi. Un nouveau frisson me traverse mais cette fois ci, un frisson chaud, épais. Il m'extasie, mes muscles se tendent. Des souvenirs me viennent et une chaleur inconnue me remonte le long de ma colonne vertébrale. Il me fixe jusqu'à la porte. Il se permet de libérer sa fumée qui s'estompe. Une geste simple mais qui se transforme en un fantasme dans ma tête. Un rictus se libère sur ses lèvres libertines. Une rougeur aussi se libère sur mes pommettes. Pendue à ses yeux juges, je sens mon cœur marcher à ses yeux et mes pas ralentir à son regard. Une peur inconnue me traverse de tous membres, du plus insignifiant au plus important, n'épargnant ni mon cerveau, ni même mes doigts, qui se serrent sur le pauvre bras de mon amie -presque endormie sur moi. Et je finis par tourner -contre mon gré sans me l'avouer- le regard en traversant la porte.

Incompréhensible.

Many JerksOù les histoires vivent. Découvrez maintenant