𝑳𝒆 𝑫𝒂𝒏𝒔𝒆𝒖𝒓 𝒅𝒆 𝒍'𝑬𝒎𝒑𝒆𝒓𝒆𝒖𝒓

I. S O R T I L E G E

          La nuit dans la ville était comme le désert qui l'entourait : dénouée de vie. Chaque homme craignait les esprits qui s'y promenaient et dont le Soleil ne les protégeait plus. Il n'y avait que quelques gardes qui rodaient pour assurer la sécurité de tous. C'est aux premiers rayons de la grande étoile que la ville se réveillait. Comme chaque matin, Ahmès était le premier réveillé. Aujourd'hui commençait les préparatifs de la fête du vin qui allait durer trois couchés de Soleil. Il ne fallait rien négliger, et pour le grand chef, tout devait être prêt et parfait. Osiris s'était réveillé il y a deux jours. Il était encore faible et sortait que très peu de sa chambre. La communication verbale ne pouvait se faire car même sa langue venait d'ailleurs. Ils parlaient à travers des images faites sur du papier, ou encore par des gestes quand cela était possible. Il avait été déjà décidé qu'un scribe s'occupe de lui apprendre l'écrit et la langue de Harmais une fois qu'il serait sur pied.

Les servantes préparaient le bain du chef de la garde impériale, et cela laissait le temps à ce dernier de rendre visite à l'étranger. Il dormait encore, le visage reposé comme s'il avait toujours été d'ici. Il ne semblait point apeuré de sa situation. Après il fallait avouer que Nebamon avait été très généreux et accueillant, chose que Ahmès avait du mal à s'y faire. Un linge blanc en soie couvrait à peine le bas de son corps. Ahmès s'approcha du corps immobile, observant chaque parcelle de son visage. Chaque détail comptait, et peut-être y trouverait-il quelque chose qui trahissait l'individu, lui donnant une raison de l'expulser loin d'ici. Ce ne fut pas étonnant qu'il n'y vu rien, car lorsqu'on cherche la noirceur d'un homme, c'est à l'intérieur qu'on la trouvera, et on ne peut voir qu'avec le cœur. Amhès approcha sa main à son tour, celle qui avait tué plus d'un à l'aide de son épée, celle qui n'avait servie qu'à faire la guerre depuis son plus jeune âge, celle tâchée de sang lavé par du simple savon, mais dont les actes étaient restés tatoués jusqu'à la plus fine couche de peau ; cette même main était venue toucher le visage chaud et vivant d'Osiris. Sa peau innocente, qui n'avait guère connue la violence, une peau aussi douce que le drap qui l'enveloppait. Le contact sorti le beau de ses rêves, et les deux êtres se regardèrent avec méfiance. Osiris se demandait sûrement à quoi était due sa visite. Ahmès de son côté cherchait pourquoi tant de personnes succombaient à son charme, et se promettait qu'il ne ferait point la même erreur. Ils n'eurent point le temps d'échanger avec les mots, puisque la servante été entrée dans la pièce. Elle fut surprise d'y voir le chef, et eu un mouvement de recul avant de courber légèrement son dos.

- Pardon de vous importuner, je ne savais point que vous étiez ici. Laissez-moi profiter de cet instant pour vous dire j'ai cru comprendre que l'Empereur vous appelle en ses lieux.

- Bien, j'y vais de ce pas. Préparez le bain d'Osiris, il vient avec moi pour la préparation de la fête. Donnez-lui de simples habits, nous irons en ville.

- Entendu.

Un dernier regard vers Osiris, et Ahmès quitta la chambre.

*

- Il semblerait que vous m'avez appelé votre majesté.

- Amhès ! Te voilà enfin. Avec la fête qui arrive je voulais te voir avant que tu disparaisses pour les préparatifs. Même si ce soir on organise une petite fête pour Osiris et que ta présence est plus que souhaitée. Nebamon fit un geste de sa main vers les hommes qui se trouvaient devant sa porte. Gardes, vous pouvez disposer.

Sa majesté était accompagnée de sa dame, savourant leur petit-déjeuner dans les bras de l'autre. Ils se réjouissaient de voir la fête approcher, et son peuple profiter de la bénédiction des dieux.

- Je m'apprête à partir en ville à la recherche de beaux vêtements et faire les commandes pour votre fête. Je me permets également de prendre Osiris avec moi, afin de lui donner l'occasion de sortir et qu'il nous vienne en aide pour les festivités.