Chapitre 2

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Le lendemain, c'était le jour où j'allais enfin me rendre dans une ville humaine. Mais avant, j'avais rendez-vous pour une de mes activités favorites : l'airsoft. Je devais bien avouer que le partage de connaissances entre les fourrures et les humains pouvaient présenter de bons côtés, puisque ce sport venait de chez eux. Malheureusement, il n'y avait qu'une seule organisation qui pouvait se charger de préparer les parties et cette dernière avait trouvé intéressant de forcer les équipes à toujours se composer de la même manière : les humains contre les fourrures. Il n'y avait donc aucune possibilité de mélanger les races. De plus, puisque chaque joueur devait apporter son propre équipement, on pouvait clairement distinguer un écart technologique qui persistait entre les deux équipes. Les humains nous avaient toujours devancé à ce niveau-là et ce n'était pas qu'un avantage mineur, mais bel et bien un moyen de pression en prévention d'une nouvelle guerre. Enfin bref, nos répliques d'armes étaient donc bien plus rustiques que les leurs. Heureusement, nous possédions des sens surdéveloppés tels que l'ouïe, l'odorat et la vision pour rééquilibrer la balance.

Alors que la partie allait commencer et que les deux équipes se préparaient, j'étais occupé à régler certains petits détails sur mon nouveau joujou : une réplique d'arme que les humains qualifieraient de sniper. J'avais un problème avec le ressort qui permettait de tirer la bille et si je ne parvenais pas à régler ce contretemps, je pouvais dire adieu à ce match. Mais, à ce moment-là, quelqu'un qui avait remarqué ma galère se rapprocha de moi pour me proposer son aide. Ca avait l'air d'être un berger allemand, qui attira directement mon regard puisque, comme moi, il avait un pelage de couleur étrange. Ce dernier était composé principalement de bleu, nuancé par du plus clair ou du plus foncé selon les endroits, et complété par de rares pointes de noir. Une fois à côté de moi, il se présenta en arborant un sourire taquin face à la situation :

- "Hey ! Tu voudrais pas que je te dépanne? Je suis un habitué, j'ai des pièces de rechange si tu veux."

- "Non, ça ira... J'y suis presque...", répondis-je d'un air concentré juste avant que le ressort en question ne soit éjecter hors de mon sniper.

- "Ouais, je vois ça. Bon, allez, laisse-moi faire deux secondes."

- "Très bien, si tu insistes..."

- "Ah bah enfin ! Au passage, je m'appelle Chmouss. Et toi, c'est quoi ton petit nom?"

- "Moi, c'est Rayzer. Mais dis-moi, tu te fouterais pas un peu de moi ou quelque chose comme ça?"

- "Ravi de te rencontrer, le renard ! Et oui, je me moque un peu, mais c'est juste pour t'embêter, rien de bien méchant.", me répondit-il, tout en remplaçant le ressort de mon arme, avant de continuer après quelques secondes de silence : "Et donc, à ce que je vois, je ne suis pas le seul fourrure avec un pelage et un nom exotiques. Intéressant... Je t'aime bien, toi."

- "Ravi aussi... Je suppose? Et j'allais dire la même chose pour notre apparence, c'est vrai que ça ne court pas les rues...", répondis-je en essayant de cacher la soudaine et étrange gêne que j'éprouvais.

- "Rho, allez ! Sois pas aussi coincé ! Je viens d'arranger ta réplique et tu viens de te faire un ami avec qui tu vas mettre une raclée à ces sales humains. C'est génial, non?", argumenta-t-il, toujours en souriant, avant de me rendre le sniper qui était désormais réparé.

La seule chose qui me vint à l'esprit de faire, fut de hocher la tête en souriant à mon tour pour montrer que j'étais d'accord avec lui. Sur ces derniers mots, nous partîmes rejoindre le reste de l'équipe pour enfiler nos tenues de protection et enfin pouvoir commencer cette partie d'airsoft.

En tant que tireur d'élite de l'équipe, le combat rapproché ne jouait pas en ma faveur et mon plus grand atout était censé être la patience... Chose que je n'avais pas. Je devais bien avouer que, à force d'attendre pendant de très longues minutes pour qu'un ennemi se montre, j'avais juste envie de sortir mon faux couteau pour me lancer dans la mêlée, comme mon père m'avait appris à le faire. C'était dans ce genre de moment, où je me mettais à rêver de combats épiques à l'épée, que j'aurai vraiment souhaité rejoindre la Cavalerie de Crocs. C'était une organisation militaire indépendante du gouvernement fourrure, qui se composait de soldat rapides et puissants qui ne se battaient qu'au corps-à-corps. On les appelait "Chevaliers" et leur véritable force provenait de leur capacité à maîtriser l'énergie qui entourait notre monde. Enfin bref, ce n'était qu'un rêve irréalisable de gamin puisque je ne faisais pas parti des rares élus maîtrisant cette énergie. Au final, je restai caché dans un buisson quand, tout à coup, je vis un équipier courir pour essayer d'échapper à un ennemi. A mon avis, il ne devait plus avoir de munition et j'allais devoir tout mettre dans un unique tir pour le sauver. Sens aiguisés, concentration à son maximum, respiration bloquée... Et j'appuyai sur la détente. La bille partit à grande vitesse et atteignit la tête de l'humain. Sur cette dernière élimination, l'arbitre siffla la fin de l'affrontement : les fourrures avaient gagnés ! Celui que je venais de sauver se dirigea vers moi et, quand il retira ses protections faciales, je reconnus directement que c'était, comme par hasard, Chmouss. Une fois devant moi, il reprit sa respiration pendant quelques secondes avant de me dire, à nouveau avec son sourire :

L'ombre dans le miroir [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant