C'est la phrase préférée de mon infirmière souvent suivie de '' Encore vivant le petit Jeon ? ''.
Encore et toujours ces phrases.
- Encore là vieille bique ?
Toujours la même réponse, toujours le même rituel. L'infirmière âgée d'une bonne cinquantaine d'années, se montrait particulièrement exécrable avec moi.
Je lui répondais avec le même ton, elle me faisait passer des examens, et repartait. Je la regardais faire avec dégoût. Marre d'être ici, dans ce putain d'hôpital, ou chaque jour on me dit que c'est bientôt la fin. Je le sens déjà, je le vois, mon visage qui se creuse, mes cernes qui apparaissent, mes insomnies qui se multiplient. Et puis, mes moments de sommeil, grâce au violon. Ceux qui me redonne un peu de sourire.
Le visage de cet homme me revient régulièrement en tête, intrigué, qu'une personne aussi hautaine puisse jouer du violon avec autant de douceur. Que derrière cette coupe de cheveux, ses piercings, et ses tatouages, se cache un homme capable de jouer du violon. Un instrument classique, peut-être même, il est sentimental. Il est attirant, ça je n'en doute pas. Mais son regard de dégoût quand il me détaille, me rappelle que je ne pourrais jamais entreprendre quelque chose, même une amitié. Qui voudrait être ami avec une loque, un bout de chiffon incapable de se servir de ses jambes ?
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