(754 mots)
Il était tôt dans la matinée. Le froid d'un matin d'hiver plutôt normal pour une station de ski normale. La neige était épaisse et dans le silence de la saison de mort, on ne pouvait entendre que celle-ci craquer sous les pas, s'affaissant en ce son bien singulier qu'elle-seule possédait. Il n'y avait pas de lumière venant de l'hôtel, il était si tôt, tout le monde dormait. Il y en avait bien une pourtant, celle du grand sapin décorant la cour devant l'hôtel, rempli de couleurs, de lumières, de guirlandes. Il s'arrêta en-dessous. « Je ne vais pas t'accompagner à votre voiture, la voir démarrer va me briser le cœur, j'ai envie de me souvenir de nous ici, et de te voir t'évaporer dans le noir, comme ça... tu ne seras jamais parti d'ici, tu seras encore un peu là pour moi et tu me manqueras moins. » Souffla tristement le garçon derrière lui. Il se tourna lentement vers lui et resserra ses doigts sur les siens. Il observa sa bande de potes s'éloigner en riant, les ignorant et leur permettant de rester seuls. « Enfin, tu me manqueras quand même, mais comme ça je pourrais tromper mon cœur encore un petit moment. » Le garçon fit un sourire et il força le sien.
« Je suis désolé de partir si vite... » S'excusa-t-il en serrant fort sa main. Le silence entre eux était peu agréable, bercé par un malaise certain. Comment disait-on adieu pour toujours à quelqu'un qu'on aimait si fort ? Quelqu'un qui avait tellement compter en si peu de temps ? Quelqu'un qu'on ne voulait pas quitter, alors qu'on le devait. « Mais... c'était bien... cette dizaine de jours avec toi... » Ce n'était pas possible, si peu de chance. Comment avait-il pu rencontrer quelqu'un comme lui, comme ça, si unique, tellement incroyable, qui avait saisi son cœur si aisément, qui semblait tant... lui convenir, lui être assorti, pas comme deux pièces d'un puzzle, ou comme une paire parfaite, mais comme la personne qui allait avec lui, qui tirait parti de ses qualités, et dont il complétait les manques et inversement. Et pourquoi s'était-il tant donné dans cette relation de vacances, tout en sachant qu'à la fin du séjour ce serait fini ? Qu'il n'y aurait pas de promesses, d'amour à distance, juste... la fin. « Tu vas me manquer aussi. » Dit-il simplement, serrant ses lèvres et prenant une profonde inspiration.
« J'essayerai de t- »
« On... » Il le coupa rapidement. « On avait dit qu'on ne se promettrait pas de s'écrire ou s'appeler. » Il fit une petite grimace en attrapant les deux mains de son amant et se postant devant lui.
« Je sais... mais je n'ai tellement pas envie que ce soit déjà la fin. » Il poussa un soupir en le regardant, le voyant baisser les yeux sur la fin de ses mots pour observer la neige qui tenait leurs pieds prisonniers de son froid glacial.
« On avait dit qu'on ne pleurerait pas. » Prévint-il quand il vit le jeune homme soudain si mal, dégageant une peine si intense qu'elle le prit à la gorge aussi vite. Mais il ne voulait pas qu'il pleure, c'était la dernière chose qu'il voulait. En fait... non, ce n'était même pas la dernière.
« Oui... tu as raison. » Répondit-il, soupirant et forçant un sourire en passant ses doigts sous ses yeux pour effacer les larmes qui oseraient vouloir sortir. « Au revoir Louis. Te rencontrer fut vraiment la plus belle chose qui me soit arrivé. » Souffla-t-il, le nuage de son souffle blanc voletant dans le vide pour disparaître contre ses joues et les réchauffer.
« Au revoir Harry, je ne t'oublierai jamais. Nos chemins se séparent aujourd'hui, mais tu resteras pour toujours une personne spéciale à mes yeux. » Lui répondit-il. Il s'avança vers lui pour presser leur front l'un contre l'autre. Il n'ajouta rien d'autre. Il n'y eut pas non plus de baiser d'adieu ce matin-là, le ciel devenant lentement plus clair alors que le temps se déroulait autour de leurs adieux douloureux. Louis se tourna. Il n'y eut pas de regard en arrière, pour ne pas avoir mal. Comme Harry l'avait dit, s'il s'éloignait comme ça alors il aurait l'illusion qu'il reviendrait, que ce ne seraient pas de véritables adieux. Même alors que c'était fini, et que rien ne changerait rien à cela.
Peut-être bien, cependant, que deux vœux furent souhaités ce matin de Noël, dans le froid.
« S'il vous plaît. Faîtes que je le retrouve un jour. »
VOUS LISEZ
Un Avion En Papier Pour Noël [Larry]
أدب الهواةLouis et Harry se sont connus avant, dans ce qui ressemble à une autre vie tant ça semble loin d'eux. Le jour de leurs adieux, en un Noël froid et montagnard, ils font un vœu : celui de se retrouver un jour.