Halloween selon Émilie [FINIE]

4 : L'allié, ou le seul type de la ville qui peut aider

Émilie bondit et plaque l'inconnu au sol. Aussitôt qu'elle reconnaît son visage, elle souffle et crache :

— Qu'est-ce que tu fais ici ?

— Je viens vous aider à réparer vos erreurs. Sans moi, vous échouerez et le monde sera détruit. Ce serait dommage de me priver d'humains à perpétuité.

Alexandr le Rusé sourit d'un air sombre. Malgré sa petite taille, Émilie sent la force couler dans les veines du vampire.

— Qui c'est ? couine Edward.

— Je suis pas un bouclier ! peste Émilie en le poussant devant elle, le forçant à quitter la cachette qu'il avait trouvée derrière le corps de la jeune fille.

— Ah. Un sorcier. D'habitude, ils ne sont pas aussi lâches, remarque calmement Alexandr. Je suppose que tu es l'invocateur stupide du Damné ?

— Je... J'étais pas au courant... bredouille-t-il, intimidé et effrayé par les pupilles fixes du vampire.

— Donc c'est ta faute, conclut Alexandr en regardant Émilie.

— Oui. Donc, tu sais comment détruire le Damné ? Ah, et, avant que ça ne me sorte de la tête, évite de lire mes pensées. Ça m'énerve.

Le vampire hausse les épaules et soupire :

— Comme tu voudras. Et oui, j'ai connaissance de la manière de renvoyer le Damné dans sa dimension, mais je ne peux pas le faire personnellement.

— Pourquoi ? glisse Edward.

— Parce que ce doit être accompli par un sorcier, grommelle-t-il. Et Émilie, pourrais-tu me laisser me lever ? C'est pas que tu ne sois pas agréable à regarder mais bon, je n'ai pas la carrure pour supporter d'être aplati au sol plusieurs minutes.

Rouge comme une tomate et affreusement vexée, Émilie se redresse et recule. Alexandr se dresse de toute sa taille - fort peu, ricane silencieusement Émilie - et explique :

— Bon. Le Damné est à la recherche d'Edward en ce moment. Le soucis, c'est qu'on doit aller au cimetière pour accomplir le sort. Donc...

—... On doit l'éloigner du cimetière, termine Émilie. Comment ?

— Je pensais l'entraîner sur une fausse piste. Le Damné n'a normalement pas été invoqué depuis l'apparition d'Halloween et pense donc se trouver au milieu d'êtres nocturnes. Il suffit de se déguiser, pour permettre à Edward d'atteindre le cimetière. Nous deux pouvons le distancer assez longtemps, normalement. Quelle est ta pointe de vitesse, Émilie ? En tant que louve tu devrais être plus rapide que lui.

— Je cours jusqu'à soixante kilomètres par heure pendant quelques minutes maximum, répond la-dite louve. Et toi, Alexandr ? Avec tes jambes d'enfant, tu ne dois pas être très bon en course...

— Sauf que moi, mademoiselle, je sais voler, rit-il. Vous devriez le savoir.

Émilie n'ajoute rien et dit :

— Donc, Edward se rend au cimetière. Sachant qu'il ne sait pas courir assez vite, on fait comment pour qu'il arrive entier à coup sûr ?

— Oh, mais tu sais appeler les loups, non ? fait Alexandr avec malice.

Edward blêmit soudain. Émilie sourit d'un air sadique.

***

— Tu t'accroches aux poils de la crinière.

— Euh...

Edward, juché sur un loup adulte d'un mètre de haut, tente tant bien que mal de trouver une position correcte. Émilie rit sans discontinuer devant son allure de poisson qu'on aurait envoyé dans le ciel. Alexandr est plus discret mais n'en pense pas moins.

— Et il va bien aller au cimetière, hein ? demande Edward pour la millième fois.

Émilie lève les yeux au ciel sans répondre et crie :

— Esco cimet venar !

Aussitôt, le loup bondit sur la route et Edward n'a plus d'autre choix que de se mordre la lèvre jusqu'au sang pour ne pas hurler tandis que ses doigts serrent les poils de l'animal. Ses jambes se pressent contre les flancs du canidé pour le maintenir sur son dos.

Émilie regarde l'étrange couple que forment le sorcier et le loup s'éloigner en riant légèrement. Alexandr reprend quant à lui bien vite son sérieux et lâche :

— On doit faire vite. Tiens, enfile cette robe.

Émilie obtempère à contre-cœur et se vêt de la tenue mauve brodée de fausses perles noires par-dessus ses vêtements. Des volutes sensées être magiques brillent à outrance sur le buste et une fausse araignée pend sur sa hanche.

« Horrible. Juste horrible. »

— Allons-y.

Alexandr fait plus vrai quant à lui, puisque son corps d'enfant se prête plus au déguisement. Il ressemble à n'importe quel humain déguisé pour Halloween. Et son teint blafard, comme barbouillé de craie, ajoute à la vraisemblance.

— Tu vas au nord, je vais au sud. Essaie de donner l'illusion que tu utilises de la magie de temps à autre, recommande le vampire.

— Mais comment ? Les loups ne font pas de magie, souffle Émilie avec exaspération.

— Tu peux faire briller tes yeux, non ? Appeler des loups en usant d'une langue oubliée ? Ça fera magique aux yeux de l'esprit. Il ne connaît pas vraiment les espèces autres que les sorciers, claque le vampire. Maintenant, on y va.

Émilie ne réplique rien.

— Rendez-vous au cimetière lorsque je t'appellerai. Je rejoindrai Edward rapidement en dirigeant le Damné vers vous. Occupez-le assez longtemps pour que nous fassions le rituel qui permettra de créer l'arme avec laquelle l'esprit pourra être renvoyé. À vous de l'utiliser, ensuite, termine Alexandr avant de s'éclipser dans la nuit noire.

« Super. Où te caches-tu, Damné ? »