6 : Le combat final, ou le sauvetage du monde par la bande de bras cassés

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— Espèce de...

Le Damné n'a pas le temps d'exercer son inventivité dans le domaine des injures, car Émilie le percute violemment.

Ils roulent au sol et les deux garçons en profitent pour sortir un bout de métal. Émilie en aperçoit l'éclat dans un rayon de lune avant de se manger une droite dans la joue, qui la fait voler et s'écraser sur une pierre tombale avec un grand bruit.

La louve se relève agilement et grimace.

— Ok, un point pour toi !

Elle repart alors à l'attaque, ramasse une pierre grise à l'aspect solide et l'écrase dans le visage brumeux du Damné.

Tandis qu'Émilie lutte contre le spectre, Edward saisit une feuille de papier. Alexandr le presse :

— Allez, avec la feuille, t'as pas intérêt à oublier le texte !

— Facile à dire ! C'est imprononçable ! proteste l'apprenti sorcier d'un soir.

Il commence alors à réciter la litanie avec hésitation. Émilie l'entend et redouble d'ardeur, mais le Damné aussi et enrage de plus belle.

— Que faites-vous ? Tu n'es pas seule ! Invocatrice ! hurle-t-il.

Des éclairs apparaissent au bout de ses doigts squelettiques et frappent les tombes au fur et à mesure qu'Émilie les évite. Mais elle s'essouffle doucement et ralentit peu à peu.

— Les gars, c'est le moment d'apparaître et d'annoncer que vous avez l'arme ! marmonne-t-elle.

De l'autre côté de la rangée de tombes, Edward continue à psalmodier. Alexandr garde un œil attentif sur la lutte entre la louve et le spectre, les articulations dérouillées par quelques échauffements discrets. Peut-être qu'Émilie allait avoir besoin d'un coup de main.

— J'ai fini ! crie Edward, la mine réjouie.

Le couteau épais luit sur le sol devant le garçon. Alexandr lui jette un coup d'œil affolé.

« Mais quel abruti ! Autant donner l'arme au Damné ! »

— Tais-toi ! jette-t-il seulement avant de lui fondre dessus, de le pousser derrière une énorme pierre et de s'y tapir avec lui.

À l'instant suivant, un éclair brise la tombe derrière laquelle ils se cachaient plus tôt.

— Où sont tes alliés, invocatrice ? s'exclame le Damné.

Sa cape est fouettée par le vent, comme si lui-même était furieux, à l'unisson du spectre. Émilie lui saute alors dessus et ils basculent en arrière avec divers cris.

Edward saisit l'arme brillante et la tend à Alexandr.

— Il faut la donner à Émilie avant qu'elle ne se fasse tuer !

Le vampire attrape la lame et bondit par-dessus la tombe. À sa vue, le Damné, se relevant après un coup magistral de la louve à l'arrière du crâne, éclate de rire.

— Ton allié est un mini-vampire ! Je rêve !

Alexandr n'a pas de réaction.

« Un de plus, un de moins... Ils sont aveugles »

Il lance alors l'objet magique vers Émilie, qui saute dans les airs. Le Damné hurle en apercevant le coutelas et s'envole rapidement, main tendue, vers le seul objet capable de le renvoyer d'où il vient.

Les doigts tendus d'Émilie effleurent le manche...

« Allez, allez... »

... Et s'y referment avec force.

Pivotant dans les airs, elle se rétablit sur ses pieds, une main au sol. Raffermissant sa prise sur l'arme, Émilie crie en s'élançant vers le Damné. La lame tendue devant elle, elle ferme les yeux en priant pour que ça réussisse.

Le bruit écœurant du métal s'enfonçant dans la chair la fait frémir. Elle rouvre les yeux et recule en grimaçant. Le sang humain, oui, le sang spectral, démoniaque, non.

Le corps du Damné se dissout dans un ultime cri sous ses yeux écarquillés. La lame heurte le sol avec un tintement aigu.

— Je... Je... On a réussi ?! s'écrie Edward en surgissant de derrière une tombe.

— Oui ! confirme Alexandr d'une voix ferme.

— Oui... souffle Émilie, les yeux dans le vague.

— Tu vois, Émilie, commence le vampire, tu as accompli plus que la mission que tu t'étais fixée. Tu as sauvé le monde. Bon, après l'avoir mis en danger, mais tu l'as fait.

Il s'approche d'elle et chuchote à son oreille, même s'il doit s'envoler pour le faire :

— Tes parents n'ont pas à essayer de te changer, Émilie. Tu es qui tu es. Différente d'eux, mais tu restes unique et c'est ça qui est beau.

— Qu'est-ce que tu en sais ? murmure-t-elle.

— Je parle d'expérience, fait-il amèrement en se reculant.

Puis, sans rien ajouter, il se détourne et lance à Edward :

— Bon, toi, on va t'emmener chez les sorciers, histoire que tu ne fasses pas la même bourde l'an prochain.

Émilie sourit vaguement. Elle, elle a autre chose à faire.

— Je vous laisse.

Alexandr ne dit rien, comprenant sans doute le motif de son départ. Mais Edward n'a pas le même tact.

— Mais... Pourquoi ?

— Je dois aller dormir, balbutie la louve.

Ce n'est clairement pas crédible, mais elle s'en moque et sort du cimetière en marchant lentement. Edward veut ajouter quelque chose mais Alexandr l'en empêche en l'enlevant dans les airs.

***

— Émilie.

La jeune fille se tourne vers l'enfant qui se tient face à elle. Il brandit une bague rouge sang avec un sourire victorieux.

— Ah. Le grand vampire centenaire a retrouvé sa bague ? raille-t-elle.

— Elle ne faisait pas le poids, cette petite. Mais ce n'est pas la raison de ta venue, continue Alexandr.

La jeune fille soupire et s'assied sur le banc de bois pittoresque, face à un lac lisse et artificiel.

— J'ai parlé avec mes parents, ou plutôt on s'est hurlé dessus mutuellement. Bref, je me suis cassée. Je vis chez ma tante pas loin d'ici. Du coup, je me demandais si... Enfin...

— Tu veux qu'on passe un moment ensemble ? complète le vampire.

Émilie sourit un peu. Elle se lève et ils partent en marchant doucement, balayés par la brise du lac, sous le soleil de midi.

Au moins, il y avait une bonne chose résultée de cette aventure de la nuit d'Halloween.




Et à vous d'imaginer laquelle !

Alors, vos avis ? Cette nouvelle a été écrite en un temps record, je m'épate ! Mais est-elle pour autant réussie ? Ça, ça reste à voir.

À l'origine, ce devait être court. Mouais.

J'ai raté ce point.

Mais vous, vous avez aimé ? J'ai tenté des personnages beaucoup plus nuancés et marqués en même temps, des personnages que je n'ai pas l'habitude d'utiliser. Lequel est votre préféré ? Vous avez le droit d'aimer les méchants, même si ici, il est plutôt bof. Mais Émilie est-elle une gentille ?...

Bref.

Joyeux Halloween ! 🦇🎃

Halloween selon Émilie [FINIE] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant